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294. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

Je n’en parle qu’avec peine, je voudrais ne pas même les connaître : « Piget malum illud, vel nosse. » On ne peut en rappeler le souvenir sans risque ; les autres péchés ne s’attachent qu’à une partie de l’homme : l’esprit est souillé par les pensées, les yeux par les regards, les oreilles par les mauvais discours ; tout se rend coupable à même temps au spectacle : « In theatre nisi reatu vacat. » L’œil, l’oreille, l’esprit, le cœur, tout est attaqué, saisi, corrompu à la fois ; gestes, attitude, parure, danse, chant, discours, sentiments, tout se réunit pour perdre les cœurs : la pudeur souffrirait d’en tracer le tableau : « Quis integro verecundiæ statu eloqui valeat ? 

295. (1731) Discours sur la comédie « SECOND DISCOURS » pp. 33-303

Quelquefois il leur met devant les yeux combien on s’expose à avoir de méchantes pensées à la Comédie. « Quoi, dit-il (dans l’admirable Homélie de Saül et de David, dont Baronius a inséré une partie à la fin du IV. siècle) un regard jeté avec trop de curiosité sur une femme qu’on rencontre par hasard est quelquefois capable de blesser l’âme ; et vous ne craindrez pas de passer plusieurs heures à contempler fixement des femmes qui se parent avec tout le soin possible, qui se sont toute leur vie exercées à remuer les passions, et qui n’oublient rien pour plaire aux spectateurs ? […] « Au lieu que chaque crime, ajoute-t-il n’attaque qu’un de nos sens à la fois, la Comédie corrompt en même temps l’âme par les mauvaises pensées, le cœur par des désirs impurs, les oreilles par les paroles déshonnêtes et équivoques, et les yeux par les regards immodestes et licencieux. […] Pavillon Evêque d’Alet dans le Rituel Romain à l’usage du Diocèse d’Alet imprimé à Paris en 1677. ordonne de différer l’Absolution « à ceux qui fréquentent les Bals et les Comédies, où ils commettent ordinairement plusieurs péchés d’impureté, comme mauvais désirs, pensées sales, regards lascifs. […] Saint Augustin a été de cet avis316, saint Charles au premier Concile Provincial317, sans citer ce saint Docteur, suivit sa pensée ; et saint Louis qui avait fait des Statuts si sévères contre les femmes de mauvaise vie, souffrit néanmoins qu’avant sa mort, il y eut à Paris, de ces lieux qu’on n’ose nommer, dont les Maîtres dans la suite se maintinrent en possession sur de prétendus Privilèges du Roi318. […] Le plaisir les y attire sans violence, les heures de leur repos s’y écoulent sans regret, et ils y perdent toutes les pensées de mal faire, et leur oisiveté même s’y trouve occupée. 

296. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Le Comte de Chavagnac & le Marquis de… » pp. 188-216

Il faut aujourd’hui dans les ouvrages de gaieté, s’occuper sans cesse à concilier la décence avec l’enjoument & la naïveté, qui ne donnent qu’un demi jour à une pensée, & en font des énigmes.

297. (1834) Discours sur les plaisirs populaires « Discours sur les plaisirs populaires, les bals et les spectacles » pp. 1-33

Jésus-Christ n’est point venu bouleverser la société, mais la régénérer : ce n’est point en aggravant le fardeau de la loi de Moïse qu’il a voulu faire venir les hommes à lui : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués, qui êtes chargés, je vous soulagerai. » Ce n’est point en changeant les habitudes des hommes, en rompant les liens qui les unissent mutuellement ; ce n’est point en les détournant des devoirs de citoyens ou même de sujets, qu’il a prétendu établir sa morale sainte, et faire de tous les hommes un peuple de frères : « Prenez, a-t-il dit, mon joug sur vous, et apprenez que je suis doux et modeste de cœur. » Ce n’est point par des craintes et des menaces, qui paralyseraient les hommes dans toutes leurs actions et qui tendraient à détourner toutes leurs pensées des choses de la terre pour les concentrer sur l’avenir qu’il promet à ceux qui suivront exactement ses préceptes, qu’il a voulu faire triompher sa doctrine divine, car il ajoute : « Et vous trouverez le repos de vos âmes. » Il n’a point exigé de ses disciples et de ceux qui seraient amenés à lui la renonciation aux plaisirs et aux jouissances que la bonté du créateur a attachées à l’humanité en compensation des maux naturels et physiques qui l’affligent, encore moins qu’ils se soumissent volontairement à des combats continuels contre leurs désirs, et même contre les passions qui sont l’âme de la société, et qu’ils cherchassent à amortir ces passions par des jeûnes, des privations, des tortures, car il dit en terminant : « Mon joug est doux, mon fardeau est léger. » Comment se fait-il, mes frères, que la loi nouvelle, douce, tolérante, consolante comme son divin auteur, soit devenue une religion n’imposant que de tristes devoirs, contrariant tous les sentiments de la nature, faisant, pour ainsi dire, haïr la vie et les moyens de la conserver ; religion toujours austère, toujours menaçante, toujours effrayante, et dont le joug serait cruel et le fardeau accablant, insupportable ?

298. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE IV. Apologie des Dames. » pp. 119-155

La force des caractères, la beauté, la nouveauté des situations, l’énergie et l’élégance du style, le naturel des pensées, tout s’y trouve avec l’exactitude peu commune aux Auteurs de sa Patrie, de s’être renfermée dans les règles des unités.

299. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE IV. Des Pièces pieuses. » pp. 68-95

Je sais qu’un Comédien, comme un caméléon, prend toutes les couleurs, entre dans tous les sentiments, exprime toutes les pensées.

300. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE I. Du sombre pathétique. » pp. 4-32

Mais la pensée, telle qu'elle est présentée, est fausse.

301. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

La politique met l’ordre qu’elle peut dans les dehors, elle s’accommode à l’homme tel qu’elle le trouve ; mais la Religion va droit à l’intérieur, et tend à rendre l’homme tel qu’il doit être ; l’une n’a pour but que la conservation d’une société extérieure ; l’autre établit entre Dieu et nous une communion parfaite de sentiments et de pensées ; l’une et l’autre sont subordonnées, mais chacune a son objet déterminé.

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