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37. (1675) Lettre CII « Lettre CII. Sur une critique de son écrit contre la Comédie » pp. 317-322

C’est ainsi que l’Écriture qui est le modèle de la plus parfaite éloquence, fait dire aux méchants dans le livre de la Sagesse : « Trompons le juste, parce qu’il nous nuit, qu’il est contraire à nos œuvres, et qu’il nous reproche nos péchés, nous avons même de la peine à le voir, parce que sa vie est différente de la nôtre »Sap. 2. 12. […] Car je suis si extraordinairement paresseux en ces sortes de choses, que bien loin de vouloir soutenir un endroit judicieusement repris comme celui-là, j’abandonnerai tout le livre à la plus injuste censure, plutôt que de prendre de la peine à le défendre.

38. (1684) Sixiéme discours. Des Comedies [Discours sur les sujets les plus ordinaires du monde. Premiere partie] « Sixiéme Discours. Des Comedies. » pp. 279-325

Ils deshonorent le nom d’une vertu en le faisant servir à des actions criminelles, & cette patience inspirée par le Demon sera chastiée des mesmes peines que celuy dont elle favorise les interests par sa mollesse, & par sa negligence. […] La suite de la Piece le porte à la vertu & au vice par des vers & par des gestes semblables aux precedens : ces mouvemens ne l’attachent ny à la vertu, ny au vice ; & il n’auroit pas moins de peine à se reconnoistre luy-mesme, s’il avoit le loisir de s’examiner, qu’à bien juger de la qualité de la Piece. […] Quelques-uns des Fideles ayant de la peine à se priver de ces divertissements demandoient aux Peres, en quel lieu de l’Escriture Dieu défend d’aller aux Comedies. […] S’ils estoient de vrais plaisirs, nous causeroient-ils tant de chagrins secrets ; nous causeroient-ils ces peines que nous avons à nous souffrir nous-mesmes, ces méchantes humeurs qui nous rendent insupportables aux autres, cette necessité indispensable d’estre purifiez par les rigueurs de la penitence, ou d’estre condamnez à des peines eternelles ? […] Ce siecle qui surpasse les precedens dans la Religion, & dans les armes, qui triomphe des ennemis de l’Eglise, & de l’Estat avec un succés si glorieux, égaleroit sans peine les precedens par un établissement si raisonnable, si chrestien, si avantageux, si necessaire, & si aisé.

39. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II [bis]. De la Comédie considerée dans elle-même, et dans sa nature. » pp. 29-54

L’excommunication et l’infamie sont des peines qui n’ont jamais été infligées que pour des péchés énormes. […] appelle-t-il vivre honnêtement employer son esprit et mettre tout son temps et sa peine aux jours mêmes qui sont consacrés au service divin, à apprendre son rôlet, à compasser ses pas, et à étudier ses gestes, ses postures et son ton de voix, pour s’imprimer dans le cœur les passions qu’ils veulent faire ressentir à leurs spectateurs ? […] Jésus-Christ a donné jusqu’à la dernière goutte de son sang, pour laver les âmes de ses Elus de toutes leurs souillures, et pour procurer leur salut ; et vous vous donnez toutes vos sueurs et vos peines pour les souiller de plus en plus, et pour procurer leur damnation. […] Il défend aussi aux Chrétiennes d’épouser des Comédiens, ou autres gens de Théâtre, sous peine d’être retranchés de la Communion de l’Eglise. […] Car les Conciles ayant expressément défendu de jouer des Comédies aux saints jours des Dimanches et des Fêtes, comme aussi d’y assister, sous peine d’excommunication, c’est une contravention formelle à ces saintes Ordonnances que de le faire : « Qui prætermisso Ecclesiæ Conventu ad spectacula vadit, excommunicetur. » Conc.

40. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VIII. De l’excommunication des Comédiens. » pp. 176-199

On n’y exige rien des fidèles, comme dans l’excommunication, où sous peine d’excommunication mineure, on leur défend de commercer avec l’excommunié. […] Une censure en général est une peine par laquelle un Pasteur prive sa brebis de quelque bien spirituel. L’excommunication est la plus grande de ces peines, qui prive de tous les biens spirituels communs au troupeau. […] Thomas, etc., en parlent assez négligemment, comme d’un objet qui ne valait pas la peine de porter des censures, et se contentent de dire qu’on peut laisser ces vains amusements au peuple, dont les travaux et la santé ont besoin de divertissement, pourvu qu’on n’y souffre rien d’irréligieux et d’obscène. […] Il ne doit donc y avoir de censures épiscopales contre eux que dans les grands diocèses ; mais ils trouvent partout la condamnation générale des conciles, des Papes, des saints Pères, et la défense de leur administrer les sacrements, s’ils ne renoncent à leur métier ; ce qui a toujours été observé dans l’Eglise, toujours cru par tous les fidèles, et par eux-mêmes, et par tous leurs défenseurs, qui en se récriant contre la rigueur de cette peine, ou tâchant de l’éluder, de la faire lever, en ont toujours reconnu la vérité.

41. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

Ses écrits sont défigurés par des négligences sans nombre ; sa mollesse voluptueuse ne prit jamais la peine de rien corriger. […] C’est bien de la peine perdue. […] Est-ce la peine d’écrire & de faire gémir la Presse. […] Ce voyageur monta avec des peines & des dangers infinis jusques sur le sommet de l’Ethna, cette fameuse montagne qui est d’une hauteur prodigieuse. […] Nous revînmes avec peine de notre extase, & nous crûmes pendant long-temps n’être plus sur la terre.

42. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des caractères & des Mœurs Tragiques. » pp. 131-152

A-t-on besoin de se donner la peine de l’appuyer du jugement ? […] Peine inutile ! […] Preuve que, quand une idée nous plaît, nous avons bien de la peine à la rejetter, quelque fausse qu’elle puisse être.

43. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. — Du mandemant de Monseigneur l’Archeveque de Rouen. » pp. 379-401

La Charte a voulu la religion, mais elle n’a voulu que ce que la religion avait d’apostolique, de divin, de charitable et de conciliant ; elle n’a point mis les prêtres au-dessus des autres citoyens, elle les a rangés au contraire dans la loi commune, elle ne peut en conséquence leur permettre d’appliquer des pénalités aux autres citoyens, parce que le Clergé se trouverait, par ce fait, supérieur à la Charte, supérieur aux autres juges du royaume, qui ne peuvent, qui ne doivent qu’appliquer des peines dictées par nos codes, et bien exprimées pour chaque délit. […] Le Clergé ne doit donc jamais agir en ce qui concerne les pénalités qui auraient un effet civil, sans l’attache, sans l’assentiment de l’autorité séculière ; car, il faut en convenir, la France, en 1825, n’est pas la France du quatorzième et du quinzième siècle, et le prince étant le chef suprême de l’Etat, nulle autre autorité que la sienne ne peut infliger à ses sujets quelque peine que ce soit, surtout lorsque ces peines deviennent infamantes, et attirent sur ces mêmes citoyens le mépris et la vindicte publique, effets réels de l’excommunication.

44. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

La peinture des peines qui accompagnent les passions ne suffisent pas toujours pour faire éviter celles-ci. […] Pourquoi l’image des peines qui naissent des passions effacerait-elle celle des transports de joie et de plaisir qu’on en voit naître, et que les auteurs ont soin d’embellir encore pour rendre leurs pièces agréables ? […] Je m’afflige donc et me désole de ce que vous sortez des spectacles après vous être porté un coup mortel, de ce que, pour un plaisir passager, vous souffrez de longues et cuisantes douleurs ; de ce qu’avant le supplice de l’enfer vous vous condamnez vous-mêmes ici-bas aux plus rigoureuses peines. Et quelles plus grandes peines, je vous le demande, peut-on imaginer, que de nourrir une pareille passion, de brûler sans cesse, de porter partout la fournaise d’un amour insensé et les reproches de sa conscience7 ? 

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