L’homme a trouvé les inventions, des tableaux, des sculptures, des livres, pour soulager sa mémoire, et pour se rendre autant qu’il se peut, les choses passées comme présentes. […] Que cet art est pernicieux qui ne laisse point mourir les crimes avec le temps, et qui fait l’extrait de ce que les siècles passés ont eu de plus abominable, qui fait renaître ces venins ; qui les donne sans le tempérament que les longueurs, ou que le mélange des affaires y apportent, afin d’agir avec plus de violence sur l’intégrité des cœurs. […] Si les comédies ont fait une leçon, les farces font un jeu des impuretés ; les rapts et les adultères y passent pour des galanteries, on les représente avec quelques rencontres lascives qui gagnent l’attention, et qui font passer l’effronterie pour une subtilité : l’esprit se fait insensiblement des habitudes du mal, par ces pernicieux exemples, et la grande compagnie qui les regarde avec plaisir, fortifie les âmes encore timides, contre les sentiments de la honte. […] Que le sage fuie donc ce divertissement, qui peut le rendre criminel, et qui hasarde, s’il ne ruine sa conscience ; s’il veut des spectacles, il a les histoires Saintes et profanes ; il a tous les jours l’exemple des Saints, il a ce qui se passe dans le grand monde, où il trouve de quoi rire par indifférence, et de quoi pleurer par compassion.
Il est aisé de conclure de là que ce n'est point une vie chrétienne, mais une vie brutale et païenne, de passer la plus grande partie de son temps dans le divertissement, puisque le divertissement n'est pas permis pour soi-même; mais seulement pour rendre l'âme plus capable de travail. Car si personne ne doute que ce ne fût une vie très criminelle que celle d'un homme qui ne ferait que manger, et qui serait à table depuis le matin jusqu'au soir ; ce que le Prophète condamne par ces paroles : « Vae qui consurgitis mane ad ebrietatem sectandam, et potandum usque ad vesperam » ; il est facile de voir que ce n'est pas moins abuser de la vie que Dieu nous a donnée pour le servir, que de la passer toute dans ce qu'on appelle divertissement ; puisque le mot même nous avertit qu'on ne le doit rechercher que pour nous divertir et nous distraire des pensées et des occupations laborieuses, qui causent dans l'âme une espèce de lassitude qui a besoin d'être réparée. […] Elles la passent toute dans des visites, dans le jeu, dans les bals, dans les promenades, dans les festins, dans les Comédies.
Il est aisé de conclure de là que ce n'est point une vie Chrétienne, mais une vie brutale et païenne, de passer la plus grande partie de son temps dans le divertissement; puisque le divertissement n'est pas permis pour soi-même, mais seulement pour rendre l'âme plus capable de travail. Car si personne ne doute que ce ne fût une vie très criminelle que celle d'un homme qui ne ferait que manger, et qui serait à table depuis le matin jusqu'au soir, ce que le Prophète condamne par ces paroles : « Vae qui consurgitis mane ad ebrietatem sectandam, et potandum usque ad vesperam » ; il est facile de voir que ce n'est pas moins abuser de la vie que Dieu nous a donnée pour le servir, que de la passer toute dans ce qu'on appelle divertissement ; puisque le mot même nous avertit qu'on ne le doit rechercher que pour nous divertir, et nous distraire des pensées et des occupations laborieuses, qui causent dans l'âme une espèce de lassitude qu'on a besoin de réparer. […] Elles la passent toute dans les visites, dans le jeu, dans le bal, dans les promenades, dans les festins, dans les Comédies.
L’observation éxacte de la Nature a donné naissance à toutes les règles, mais celle ci sur-tout est tirée de ce que nous enseigne la Nature, & de ce qui se passe chaque jour sous nos yeux : en voilà la preuve ; si l’on nous racontait une histoire remplie d’événemens incroyables, serions nous affectés, éprouverions nous cet attendrissement, cet intérêt qui font que les âmes bien nées plaignent les malheureux ? […] La vraisemblance théâtrale, est un rapport si parfait des choses les unes-aux-autres, qu’il paraît impossible qu’elles se soient passées différemment qu’on les représente. Il faut distinguer deux sortes de vraisemblances ; l’une qu’on admet au Théâtre, & l’autre qu’on reçoit dans le monde : la vraisemblance dont on se contente dans la société, nous représente un événement comme il a pû se passer ; la vraisemblance théâtrale nous offre un fait comme il a dû arriver. […] On s’écriera peut-être, que ce que je reprends, prouve que l’action est supposée se passer dans le tems qu’on ne connaissait que les Dieux du Paganisme : s’il était ainsi, j’avouerais que je n’y comprends rien, & qu’on se serait plû à contredire l’Histoire, la raison & le sens commun. Je demande d’abord dans quel endroit se passe l’action ?
Enfin les jeux et les spectacles ne se passent qu’à la vue du ciel, qui est aussi l’ouvrage de Dieu. […] De même quand parlant des spectacles, il les appelle du nom d’assemblée des impies : il passe du général au particulier. […] Ne passe-t-il pas encore aujourd’hui parmi les Romains pour une chose juste et permise ? […] Que ce Trochilus de Grèce, qui passe pour inventeur de chars, dédia son premier ouvrage à Junon. […] Personne ne peut mieux exposer ce qui se passe à l'amphithéâtre, que ceux qui y sont encore spectateurs.
Le bien y est appelé mal, le mal bien, les ténèbres lumières, on y fait passer le doux pour amer, et l’amer pour doux, on élève jusqu’aux Cieux des actions pour lesquelles Dieu précipite irrémissiblement dans les enfers ; plus elles sont colorées d’une image de grandeur et de générosité, plus leur représentation est dangereuse. […] Les volages amateurs du monde qui ne vivent que de la vie des sens, et n’ont des yeux qu’à la tête le verront alors tel qu’il est, mais pour leur confusion et leur désespoir éternel, présentement ils substituent ses créatures en sa place, ils y cherchent cet agrément, cette joie, cette paix, ce repos qui ne se trouvent qu’en lui seul ils prétendent fixer leur mobilité, en un mot, ils ne conçoivent point d’autre réalité que celle d’une figure qui passe, et ils y rapportent tout comme à leur dernière fin ; quel abus, quelle impiété ! […] , c’est à raison de cela qu’il est dit que le Royaume des Cieux souffre violence, il ne faut se promettre aucune trêve, avez-vous étouffé un mauvais désir, déraciné une habitude, vaincu une inclination vicieuse, foulez-la aux pieds passez à celle qui est vivante, « calca mortuum, transi ad vivum ». […] Où l’on respire un air contagieux, où tous ceux qui y assistent sont ravis de se donner eux-mêmes en spectacle, où tous les sens sont assiégés et ouverts à ce qui les flatte, où les vertus Chrétiennes telles que l’humilité, la modestie, le recueillement passeraient pour ridicules. […] Si l’Eglise n’exerce pas la sévérité de ses censures sur ceux qui vont à la comédie, parce que le nombre de ces coupables est trop grand, elle exclut les comédiens à la vie et à la mort de la participation des Sacrements s’ils ne promettent sincèrement de renoncer à ce métier infâme, on les passe à la table de la communion comme des pécheurs publics s’ils sont assez hardis que de s’y présenter.
Des Comédies de ce temps, si elles sont moins mauvaises et moins condamnables que celles du temps passé. […] Nous allons voir que Molière donne plus d’occasion de dire que les Comédies d’à présent sont encore plus condamnables que celles du temps passé. […] malheur à ceux qui entreprennent d’y faire passer le mal, pour le bien, et les ténèbres pour la lumiere. […] Dorine y parle aussi d’une manière qui passe les bornes de la bienséance et de la pudeur. […] Qu’elle coure par tout, aime l’oisiveté, Et soit des Damoiseaux flairée en liberté. » Sganarelle passe dans l’esprit de ces femmes mondaines pour un ridicule et un impertinant, en voulant les réduire sur le pied où étaient les femmes sages du temps passé.
On a depuis donné la sienne, qu’on a copiée des Mémoires de Beauvau, auxquels on a ajouté ce qui s’est passé depuis jusqu’à sa mort. […] Dans les deux noces, on passe de la Messe aux spectacles, du Te Deum à la scene ; pendant plusieurs jours ce ne sont que bals, ballets, opéras, comédies. […] La Princesse affligée de tant de désolations, ne fait que passer, on la saisit à son passage pour lui donner la comédie. […] Il part aussi-tôt, s’embarque seul dans une felouque, passe à travers la flotte Espagnole, descend au port de Naples, & est reçu aux cris de joie de toute la ville. […] Il revient à Paris, de là en Flandre, ne pense plus à son Espagnole, fait des promesses de mariage à quelque Flamande, en abuse, & passe à une troisieme.