Nous avons parlé de la seconde qui regarde les bouffonneries, et la troisième paraîtra quand nous traiterons des circonstances du temps par rapport aux fêtes et au Carême. […] Voilà donc comment Saint Thomas favorise la comédie : les deux passages de sa somme, dont les défenseurs de cet infâme métier se font un rempart sont renversés sur leur tête, puisqu’il paraît clairement, en premier lieu, qu’il n’est pas certain qu’il ait parlé de la comédie ; en second lieu, que plutôt il est certain qu’il n’en a pas voulu parler ; en troisième lieu sans difficulté et démonstrativement, que quand il aurait voulu donner quelque approbation à la comédie, en elle-même, spéculativement et en général, la nôtre en particulier et dans la pratique, est excluse ici selon ses principes, comme elle est ailleurs absolument détestée par ses paroles expresses.
[NDE] Ce texte, paru anonymement en 1607 (s.l.), a déclenché une petite polémique, provoquant la réponse d’un jésuite, André de Gaule (c’est probablement un pseudonyme), qui publie à Lyon la même année Conviction Véritable du récit fabuleux, divulgué touchant la Représentation exhibée en face de toute la ville de Lyon, au Collège de la Compagnie de Jésus, le 7. d’août, de la présente année 1607. […] [NDE] L’objet de la représentation étant le Jugement dernier, qui relève du style élevé, le terme de comédie, qui définit une composition de style bas, pourrait paraître peu adapté. […] [NDE] L’auteur fait référence aux Meditationes Historicae de Philipp Camerarius, dont le premier volume a paru en 1602, et qui a été traduit par Simon Goulart en 1603 : « Ces choses me sont venues en pensée oyant raconter à un personnage digne de foi les tyrannies du malin ès contrées plus avancées vers le Septentrion, où il tourmente les habitants par ses illusions et impostures, plus qu’il ne se fit onc.
Avant que d'entrer en matière, je suis obligé de remarquer deux choses pour faciliter l'intelligence de tout mon discours : l'une que le Théâtre ne signifie pas proprement comme nous l'entendons aujourd'hui, l'échafaud où paraissent les Acteurs des Comédies et Tragédies, mais un grand lieu composé de plusieurs bâtiments, galeries, promenoirs, et sièges pour les Spectateurs, au milieu duquel était un espace vide, où l'on donnait divers spectacles, comme de Gladiateurs, d'Athlètes et autres, selon le différent usage des Villes et des Provinces, où l'on dressait l'échafaud composé de plusieurs parties, que nous appellons maintenant comme d'un nom propre, le Théâtre ; et là se faisaient plusieurs Jeux, de musique, de danse, de Poésie, et plusieurs autres combats que l'on a souvent compris tous ensemble sous le nom de Jeux Scéniques ou de Théâtre. […] Dans les Comédies ils y paraissaient assez souvent ; ils y étaient invoqués, et on leur y faisait des sacrifices, comme on peut voir dans le Comique Grec, et dans les deux Latins qui nous restent. Et pour les Tragédies ils en faisaient d'ordinaire l'ouverture, ou bien en soutenaient la catastrophe par leur présence, soit pour dénouer les intrigues qui paraissaient indissolubles, soit pour apaiser la douleur, l'horreur et les autres passions violentes, ou pour donner des assurances des bons effets qui devaient suivre les choses qu'on avait vues dans le trouble.
Si, par le secours de la Prosopopée, la Comédie paraissait sur la Scène, et qu’elle nous parlait elle-même de sa naissance, de ses progrès et de sa décadence ; que de plaintes ne ferait-elle pas contre les Poètes dramatiques modernes ? […] Quelque sensible que je paraisse à la perte de la bonne Comédie, telle que la possédaient les Anciens, et surtout les Grecs qui passent pour l’avoir portée à la plus haute perfection ; et avec quelque vivacité que je me déclare contre la Comédie moderne, je ne pense pas pour cela qu’il faille abolir entièrement la Comédie. […] n’y a parmi vous, leur dit-il, ni Poète, ni aucune autre personne assez zélée, pour vous reprocher avec affection, et pour mettre au jour vos défauts et ceux de toute la Ville ; s’il vous arrive, par bonheur, qu’il en paraisse quelqu’un, vous devez l’embrasser avec la plus grande amitié, et le recevoir avec autant de joie et de solemnité, que si vous célébriez un jour de fête…. » Peu après il ajoute : « Si quelqu’un prend l’extérieur de Philosophe, dans la vue du gain, ou par vaine gloire et non pas pour votre utilité, il ne mérite pas que vous le receviez ; on peut le comparer à un Médecin qui, visitant un grand nombre de malades, ne pense à rien moins qu’à les guérir, mais à leur distribuer des couronnes et des parfums, à leur mener des femmes de mauvaise vie, et par conséquent à irriter leurs maladies et à les rendre incurables.
On répond que pour prévenir le péché, le théâtre purifie l’amour ; la scène toujours honnête dans l’état où elle paraît aujourd’hui, ôte à cette passion ce qu’elle a de grossier et d’illicite : et ce n’est après tout qu’une innocente inclination pour la beauté, qui se termine au nœud conjugal. […] Le grossier que vous en ôtez ferait horreur, si on le montrait : et l’adresse de le cacher, ne fait qu’y attirer les volontés d’une manière plus délicate, et qui n’en est que plus périlleuse lorsqu’elle paraît plus épurée.
Vaut-il donc la peine qu’on y emploie autant de temps et de dépense qu’il en faut necessairement, et pour y paroître, et pour se mettre en état de le pouvoir faire, apprenant des années entieres ce ridicule exercice ? […] C’est ce qui me paroît impossible.
Ce caractère jovial, cette fécondité d’historiettes inconnues en Suede y parurent un prodige & firent sa fortune, il plut à la Reine par ses folies même, elle étoit trop frivole elle-même pour ne pas en être enivrée ; son père lui avoit fait faire ses classes & prendre le petit colet, il l’envoya à Paris auprès d’un oncle, qui exerçoit la médecine, cet oncle qui n’avoit pas d’enfans, le prit en affection, le fit étudier & prendre le bonnet de Docteur en médecine. […] La France même qui avoit paru l’admirer, & qui à la prière de son successeur Charles XI l’avoit reçue magnifiquement, perdit toute l’estime qu’elle avoit eue pour elle, ses indécences l’y firent mépriser, elle voulut y faire un second voyage, on y consentit avec peine, on la fit rester à Fontainebleau, sans paroître à la Cour, elle s’y rendit odieuse par l’assassinat de Monadelschi, le Roi lui fit dire poliment qu’elle avoit été assez long-temps dans le Royaume ; elle s’en retourna à petit bruit mourir obscurément à Rome, où même le Pape qui l’avoit d’abord reçue en triomphe pour faire honneur à la religion Catholique de la conversion d’une grande Reine, s’en dégoûta, & n’avoit presque plus pour elle que des égards d’étiquettes. […] Les autres Académies des Sciences, des Inscriptions & Belles-Lettres, de Peinture n’étoient pas encore établies, elles n’eussent pas manqué d’y aller donner & recevoir de l’encens ; les Savans n’en sont point avares, ils sont les seuls qui ont paru l’admirer, personne ne l’estimoit, la Cour, le Clergé, le Militaire, la Magistrature, le Peuple étoient surpris du spectacle unique d’une Reine qui abdique sa couronne & son sexe, courant le monde habillée en homme, vit, parle, pense en homme, on va la voir par curiosité, & on en rit. […] Elle fut très-peu reconnoissante pour ses Apôtres, car elle a toujours paru mécontente des Jésuites, se moquant d’eux, de leurs pièces de théatre, les méprisant, en disant volontiers du mal ; il est vrai qu’elle en disoit de tout le monde, & méprisoit tout le monde, elle étoit fort caustique, elle se plaignoit de leur général qui avoit manqué à lui rendre quelque visite. […] C’étoit une parure de courtisanne ; Madame de Motteville la trouvoit si indécente qu’elle dit : Cette Reine me parut une Égyptienne dévergondée, qui par hasard ne seroit pas trop brune.
Dieu vous punira par bien des fléaux. » Ce passage prouve évidemment ce que pensoient de la comédie les chrétiens du premier siecle, où cet ouvrage a paru. […] Le musicien prit condamnation pour son chœur qui ne parut plus : mais, à force de sollicitation & de protection, il obtint grace pour le reste, en promettant de ne plus faire de pareille musique. […] Le bonhomme Thespis, barbouillé de lie, le premier arlequin qui ait paru dans le monde, promenoit la scène sur un tombereau de village en village. […] & Moliere adopta ce mot qui lui parut fort plaisant. […] Un comédien joue toutes sortes de rôles, & ne paroît jamais ce qu’il est.