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329. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre IV. De la Pastorale Dramatique. » pp. 59-77

Le génie d’une Nation se connaît rarement par les Ouvrages d’un ou de deux de ses Ecrivains ; il faut les comparer tous ensemble. […] Les Anciens avaient plusieurs genres de musique, chacun trouvait sa place dans les différentes espèces d’ouvrages, & dans diverses circonstances.

330. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [E] » pp. 399-406

On recherche toujours, & l’on aime à voir dans les Ouvrages d’imagination, ce que l’on n’a pas. […] loin de-là… si j’écrivais pour eux, & que je voulusse les flater, comme tant d’Auteurs adulent les Grands dont il attendent le succès de leurs Ouvrages, que de choses j’aurais à dire !

331. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre IX. Que les Acteurs des Poèmes Dramatiques n'étaient point infâmes parmi les Romains, mais seulement les Histrions ou Bateleurs. » pp. 188-216

Mais dans cette rigueur qu'ils exercèrent contre eux, ils ne comprirent jamais les Atellans, les Comédiens, ni les Tragédiens ; ceux-ci furent toujours bien estimés et bien reçus des Magistrats les plus puissants, des personnages les plus illustres, et de tous les gens d'honneur ; l'excellence de leurs Ouvrages, la beauté de leurs Représentations, et l'honnêteté de leur vie qui les distinguait des autres Acteurs, leur fit recevoir un traitement bien dissemblable ; et c'est en quoi presque tous les Ecrivains des derniers siècles se sont abusés. […] Et si les Acteurs des Fables Atellanes ont été si favorablement traités, nous peut-il rester quelque scrupule pour les Comédiens et les Tragédiens, que les Romains tenaient dans un plus haut rang, qu'ils honoraient d'une bien plus grade estime, et que le cours des années n'a pas empêché de passer jusqu'à nous avec les règles de l'art, et les exemples des ouvrages qui les ont rendus si célèbres, et qui leur ont mérité l'affection des Grands, et l'applaudissement des peuples.

332. (1692) De la tragédie « De la tragédie ancienne et moderne. » pp. 148-162

 » Il faut convenir que la Poétique d’Aristote est un excellent ouvrage : cependant il n’y a rien d’assez parfait pour régler toutes les nations et tous les siècles. […] Cet ouvrage, qui contient deux Volumes est intitulé : Le premier Volume des Catholiques œuvres et Actes des Apostres rédigez en escript par Sainct Luc, Evangeliste et Hystoriographe deputé par le Sainct Esperit, icelluy Sainct Luc escripvans à Theophile.

333. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V. Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. » pp. 51-75

On convient, et on le sentira chaque jour davantage que Molière est le plus parfait auteur comique dont les ouvrages nous soient connus : mais qui peut disconvenir aussi que le théâtre de ce même Molière ne soit une école de vices et de mauvaises mœurs, plus dangereuse que les livres mêmes où l’on fait profession de les enseigner ? […] Alceste, dans cette pièce, est un homme droit, sincère, estimable, un véritable homme de bien qui déteste les mœurs de son siècle et la méchanceté de ses contemporains, qui, précisément parce qu’il aime ses semblables, hait en eux les maux qu’ils se font réciproquement, et les vices dont les maux sont l’ouvrage. […] Nous instruisons un moment : mais nous avons longtemps séduit, et, quelque forte que soit la leçon de morale que puisse présenter la catastrophe qui termine la pièce, le remède est trop faible et vient trop tard. » On sait que les auteurs dramatiques attribuent à leur art la gloire d’avoir triomphé de la barbarie, et d’avoir adouci les mœurs publiques : Garnier, dans son ouvrage intitulé De l’Education civile, est bien éloigné d’en convenirae.

334. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

L’admiration de ses compatriotes s’est manifestée de toutes les manieres possibles, statues, fêtes, dédicaces, éditions multipliées & magnifiques, commentaires sur tout ses ouvrages, où on a cru trouver la pierre philosophale de l’art dramatique ; on a établi une chaire & des professeurs, & ouvert dans les Universités un cours de leçons publiques, pour expliquer les aphorismes de ce grand homme, comme ceux d’Hypocrate dans la Faculté de Médecine, & on y prend les dégrés de licencié & de docteur de théatre qui rendent habile à posséder des bénéfices. […] Elle a d’abord ramassé tous les vers & demi-vers qui ont un air de maxime, dans Shakespear, les a cousus ensemble comme un centon, les a distribués sous divers titres ; & de cet ouvrage de marqueterie, elle a dit, voilà un Evangile. […] Miladi ne voit pas que son ouvrage & son raisonnement même la condamne. […] On peut douter si le jardinage a beaucoup gagné à cette anglomanie, désavouée peut-être par les anglois mêmes, qui vient de bouleverser tous nos jardins, proscrire la ligne droite, l’ordre simétrique, les formes régulieres, avec les décorations & les points de vue qui en résultent ; offrir des rivieres sans eaux, des montagnes faites à la main, des palais déguisés en masures, des irrégularités étudiées, des accumulations grotesques d’objets disparates, parodier d’une maniere mesquine & bisarre le grand tableau de la nature, tourmenter cette nature, sous prétexte de s’en rapprocher, la contrefaire aulieu de l’imiter, la défigurer pour l’embellit  : voilà le théatre, les drames à deux, à quatre, à cinq actes, ces fragmens qui font un ouvrage de marqueterie à pieces rapportées, ces malheureux qui se tuent en chantant & en dansant, ces bergers qui fredonnent des ariettes, ces paysans ingénieux & courtisans, ces héros petits-maîtres, ces actrices prudes, ces conversations en sentences, cette philosophie que personne n’entend, cette licence modeste, cette malignité bienfaisante, &c. […] A l’exemple de l’Opera de Londres, l’Académie royale de Musique, établie à grand frais au Palais Cardinal, fait rire par la magie de ses machines, & endort par la foiblesse de ses vers, dans les ouvrages mêmes corrigés.

335. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

Les paroles de son prétendu sermon, qu’assurément cet Ecrivain n’a pas vu, ne sont point du tout de son style, plein de noblesse dans ses réponses, plein d’onction dans ses ouvrages de piété ; c’est le style de Poisson, principal Acteur de la Colonie. […] L’Auteur, charmé de son chef-d’œuvre de morale, de religion & de sagesse, en fit d’abord présent au public dans les journaux, & pour le transmettre à la postérité l’a depuis revu, corrigé & augmenté, & l’a fait imprimer dans ses Essais historiques, où on n’iroit pas les chercher, à moins qu’on ne prenne ses Essais pour un ouvrage comique avec lequel sa lettre peut très-bien figurer. […] On achette leurs ouvrages, on les lit dans toute l’Europe ; grâce à leurs chef-d’œuvres, notre langue est devenue la langue universelle, & notre nation le modelle des autres nations. Tout cela réduit à sa juste valeur signifie qu’on a acheté plusieurs exemplaires des ouvrages de ces Auteurs, qui ont été imprimés en Hollande & en Angleterre ; que quelques Auteurs dramatiques étrangers les ont traduits & pillés, & mis à leur goût ; que quelques Acteurs, danseurs, chanteurs Italiens se sont donnés au théatre de Paris ; que des étrangers qui viennent à Paris, vont au spectacle, car assurément pas un seul n’a fait un voyage exprès pour Corneille, Racine, Moliere. […] Que disons-nous de plus dans tout cet ouvrage ?

336. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — [Introduction] » pp. -1

Comme certains historiens qui ne font que copier les gazettes : nos petits ouvrages, nos réflexions historiques & politiques ne lui seroient pas inutiles ; mais, dira t on, nous rapportons bien de choses peu honorables au théatre.

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