Dieu qui, par la sainteté de sa Loi, nous ordonne de veiller en tout temps sur nos sens, sur notre esprit, et sur notre cœur, pour en écarter les représentations et les pensées dangereuses, qui fera rendre compte d’une parole inutile et des moindres dépenses superflues, peut-il approuver des spectacles qui remplissent l’esprit et l’imagination de tant d’objets vains, ridicules et séduisants ?
Réjouïssez vous ; mais que ce soit dans le Seigneur, comme l’ordonne l’Apôtre : soyez gais & joyeux ; mais que ce soit en la manière que le doivent être des Chrétiens & des Saints, tels qu’étoit le peuple de Béthulie dans les Fêtes qu’il célébra après avoir été délivré des mains d’Holopherne, par celles de Judith : Judith, 16. 24. […] Le troisiéme Concile de Toléde, tenu en 589 sous Pélage II, déclare impie la coûtume de danser aux solemnités des Saints, & ordonne aux Prêtres & aux Magistrats, de s’appliquer à abolir, dans toute l’Espagne, un si pernicieux usage.
Il ordonne d’abord aux Pénitens de s’abstenir des jeux & des Spectacles du siécle. […] Les Empereurs Arcade & Honorius avoient ordonné que l’on2 y fit des corrections : mais cette réforme n’avoit pas arraché la racine du mal, & le saint Prélat, qui ne pouvoit en détourner son peuple, engagea ces Princes pieux à les supprimer tout-à-fait.
L’autorité séculière se crut enfin obligée de mettre un terme à tant de désordres scandaleux, et, d’accord avec les lois canoniques, elle régla le sujet des pièces de théâtre, et ordonna que la scène théâtrale serait transportée hors des églises et placée dans des salles construites pour cet objet.
S’il nous est ordonné de ne pas donner de mauvais exemples à la jeunesse, c’est parce que les enfants, n’ayant pas assez de lumière pour juger des choses par eux-mêmes, ni assez de force pour combattre leurs désirs, se laissent entrainer par les impressions de l’exemple, et ne peuvent, pour ainsi dire, éviter de se corrompre, si les exemples, qu’ils ont devant les yeux, sont mauvais : ajoutons que les Grands, les personnes élevées en dignité, les vieillards, etc. ont un grand ascendant sur l’esprit des enfants par le respect qu’on leur inspire pour eux, et que leur faiblesse leur fait naturellement concevoir : ainsi, lorsqu’ils voient assister au Théâtre toutes ces personnes respectables, ils ne peuvent s’empêcher de prendre, pour les Spectacles, un goût et un attachement proportionnés à l’idée avantageuse qu’ils se sont formés des Spectateurs.
J’en conclus que le Gouvernement seul peut ordonner et faire exécuter la réformation, malgré les oppositions d’un très grand nombre de personnes mal instruites de leurs véritables intérêts.
Secondement il ordonna à ses Suffragants d’avoir grand soin d’empêcher qu’aux saints jours des Dimanches et des Fêtes, on ne jouat aucunes Comédies ; et qu’on ne fît même aucunes sortes de représentations. […] Enfin il dit qu’il faut ordonner pour pénitence à ceux qui prennent encore quelque plaisir aux pompes du monde et aux œuvres de satan (telles que sont les Comédies) de faire certains jours de la semaine ce que saint Chrysostome voudrait que nous fissions tous les jours, qui est de renouveler la promesse solemnelle qu’ils ont faite dans leur Baptême, par la bouche de leurs Parrains, en priant Dieu du fond de leurs cœurs, de leur faire la grâce de renoncer sincèrement à toutes les pompes et vanités du siècle, en détestant de plus en plus au diable, comme à leur plus mortel ennemi, et en s’attachant pour toujours à Jésus-Christ leur véritable Seigneur et leur Dieu. Il ordonna aussi dans son cinquième Concile, qu’on prierait humblement les Princes et les Magistrats de chasser de la Ville et de la Province les Comédiens et les Bouffons, et de punir sévèrement les Hôteliers et autres personnes qui les recevraient chez eux. […] On les voit aujourd’hui chanter des Psaumes dans l’Eglise, conformément à ce que Dieu leur ordonne ; et demain ils iront au bal, et à la danse ensuivant la doctrine du démon. […] et les Arrêts de son Conseil, ordonnent que le débit des Livres se fera par un Libraire, ou par un Imprimeur.
Achille dans Iphigenie de Racine, non seulement invective, tonne, menace, mais il court au Temple, arme ses gens, s’arme lui-même empêche le sacrifice : Croyez du moins, croyez que tant que je respire, Les Dieux auront en vain ordonné son trepas. […] Monval dit au père de Mélanie : Quel droit avez-vous d’ordonner son malheur ? […] Dieu donc lui même n’a pas droit d’ordonner les adversités, la mort, l’enfer ; il n’a pas droit d’imposer des loix difficiles pour toute la vie, par exemple, d’appeler à la profession religieuse, d’exiger d’Abraham le sacrifice de son fils Isaac. Le Prince, le Magistrat, n’ont pas droit d’ordonner l’exil, la prison, les galeres, la mort ! […] la loi qui la défend, n’ordonne-t-elle pas d’honnorer son père & sa mère ?