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41. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [L] » p. 425

Rien ne me satisfait moins que les prétendus Habits de Paysannes qui sont en usage sur nos Théâtres : il vaudrait autant que les Actrices conservassent leurs vêtemens ordinaires ; ils ressembleraient au-moins à ceux d’une condition quelconque : au-lieu que ceux de nos rôles de Villageoises du Théâtre Français ; & ceux de Ninette, Rose, Annette, au Théâtre Italien, ne ressemblent à rien, & nuisent à l’illusion.

42. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XV. Application de la doctrine précédente aux danses et aux bals qui se font aujourd’hui. » pp. 94-96

Il est vrai que les mouvements les plus extravagants, et les plus visiblement opposés à la vertu Chrétienne, se trouvent dans cette sorte de danses, qu’on appelle ordinairement des ballets, et qui se font par les rues et dans les places ; mais cela n’empêche pas que l’immodestie, et le désordre que l’on remarque dans les bals et dans les danses ordinaires touchant la seule composition du corps, ne soit un fondement raisonnable de juger que l’on ne peut y assister, et y prendre part sans péché mortel.

43. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XVIII.  » p. 474

Il ne faut pas s'imaginer que ces méchantes maximes dont les Comédies sont pleines ne nuisent point, parce qu'on n'y va pas pour former ses sentiments, mais pour se divertir: car elles ne laissent pas de faire leurs impressions sans qu'on s'en aperçoive ; et un Gentilhomme ressentira plus vivement un affront, et se portera plus facilement à s'en venger par la voie criminelle qui est ordinaire en France, lorsqu'il aura ouï réciter ces vers.

44. (1675) Traité de la comédie « XVIII.  » pp. 300-301

Il ne faut pas s'imaginer que ces méchantes maximes dont les Comédies sont pleines ne nuisent point; parce qu'on n'y va pas pour former ses sentiments, mais pour se divertir: car elles ne laissent pas de faire leurs impressions sans qu'on s'en aperçoive ; et un Gentilhomme sentira plus vivement un affront, et se portera plus facilement à s'en venger par la voie criminelle qui était ordinaire en France, lorsqu'il aura ouï réciter ces Vers: « Mourir sans tirer ma raison : Rechercher un trépas si mortel à ma gloire ; Endurer que l'Espagne impute à ma mémoire D'avoir mal soutenu l'honneur de ma maison; N'écoutons plus ce penser suborneur. » Et la raison en est que les passions ne s'excitent pas seulement par les objets, mais aussi par les fausses opinions dont l'esprit est prévenu.

45. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre V bis. Le caractère de la plus grande partie des spectateurs force les auteurs dramatiques à composer licencieusement, et les acteurs à y conformer leur jeu. » pp. 76-85

Ils courent au théâtre comme vers un port, ils y respirent quelques moments à la vue des naufrages étrangers ; puis ils se replongent aussitôt dans leurs travaux orageux, et courent se livrer à leurs écueils ordinaires. […] Ne sont-ils pas trop intéressés à se prêter au goût des spectateurs pour qu’ils ne travaillent pas de la manière la plus propre à se concilier leurs suffrages, pour qu’ils n’emploient pas toute leur imagination à séduire l’imagination des autres hommes, au lieu de s’attacher à éclairer leur raison, pour que leur goût le plus ordinaire ne soit pas le goût du vice bien plus que celui de la vertuai ?

46. (1731) Discours sur la comédie « a tres-haut et tres-puissant seigneur, monseigneur louis-auguste d'albert d'ally, duc de chaulnes, pair de france. » pp. -

Chevalier des Ordres du Roi, Commandant, et ci-devant Capitaine Lieutenant de la Compagnie des deux cents Chevaux Légers de la Garde ordinaire du Roi, Lieutenant Général de ses Armées, Gouverneur des Villes et Citadelles d’Amiens et de Corbie, Vidame d’Amiens, Baron de Picquigny et Châtelain de Vignacourt, Flexicourt, etc.

47. (1758) Sermon sur les divertissements du monde « SERMON. POUR. LE TROISIEME DIMANCHE. APRÈS PAQUES. Sur les Divertissements du monde. » pp. 52-97

Raisonnons donc sur certains sujets plus ordinaires, plus connus, et qui sont à peu près les mêmes que ceux dont a parlé Tertullien. […] Car ce que je puis encore compter parmi les divertissements criminels, et ce que je mets dans le même rang, ce sont ces histoires fabuleuses et romanesques dont la lecture fait une autre occupation de l’oisiveté du siecle, et y cause les mêmes désordres ; entretien ordinaire des esprits frivoles et des jeunes personnes : on emploie les heures entieres à se repaître d’idées chimériques, on se remplit la mémoire de fictions et d’intrigues toutes imaginaires, on s’applique à en retenir les traits les plus brillants ; on les sçait tous, et les sçachant tous on ne sçait rien. […] Il faut donc en revenir à ma proposition, que la plupart des divertissements ordinaires du monde sont condamnables, ou parce que dans leur nature ils sont impurs et criminels, comme vous l’avez vu ; ou parce que dans leur étendue et leurs mesures ils sont excessifs, comme je vais vous le montrer. […] Cependant, mes chers Auditeurs, il y a des divertissements dans le monde où l’excès est si ordinaire, que, quoiqu’ils puissent être d’ailleurs permis, légitimes et innocents, ils sont presque toujours condamnables, parce qu’ils sont presque toujours excessifs. […] Je dis même avec une espece de bénédiction de la part du ciel, parce que vous ne vous y proposerez qu’une fin chrétienne, que vous ne vous accorderez ce repos que pour mieux agir, et qu’en ce sens vous sanctifierez, si je puis parler de la sorte, jusqu’à votre jeu ; mais tandis que le jeu l’emportera sur toutes vos fonctions, qu’il vous fera oublier tout ce que vous devez à Dieu, tout ce que vous devez au prochain, et tout ce que vous vous devez à vous-mêmes ; que vous n’y distinguerez ni les jours les plus solemnels ni les jours ordinaires, et que sans réserve toutes vos heures y seront employées, je dirai que c’est au moins une dissipation criminelle du temps que Dieu vous a donné, et une profanation dont vous aurez à lui répondre.

48. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE V. Remarques sur L’Amphitryon, Le Roi Arthur, Don Quichotte et Le Relaps. » pp. 302-493

Plaute a quelques égards à la grandeur du caractère, à l’opinion commune de son pays, et aux règles de la bienséance ordinaire. […] Quoiqu’on n’ignore pas qu’il a pris tout le mauvais de l’Amphitryon Français, et qu’il l’a outré à son ordinaire. […] Cependant, Amanda tient toujours ferme contre l’ordinaire du Théâtre Anglais. […] Mais n’est-ce pas l’ordinaire de préparer et d’adoucir un poison ? […] Il serait inutile d’en apporter des exemples, vu que rien n’est plus ordinaire, comme je viens de le dire.

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