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97. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre VII. De ceux qui sont aux autres occasions de ruine, et de péché. » pp. 30-32

En effet, si quelqu’un a quelque fondement probable, de croire que quelque personne particulière, et certaine, péchera, ou à son occasion, ou à l’occasion de la danse ; qui peut douter qu’il ne soit obligé en conscience de s’en abstenir, et qu’il ne pèche grièvement, s’il ne s’en retire ?

98. (1686) La Comédie défendue aux chrétiens pour diverses raisons [Traité des jeux et des divertissemens] « Chapitre XXV » pp. 299-346

On y chante des airs qui ne tendent pour l’ordinaire qu’à allumer un feu qui ne brûle déja que trop, & que la foi nous oblige d’éteindre ; les jeunes gens de l’un & de l’autre sexe s’y assemblent & s’y placent confusément ; les filles & les femmes y vont pour voir & pour estre vûës ; les Chantres n’y sont pas des mieux réglez dans leurs mœurs, ni les Chanteuses des plus modestes dans leurs habits ; on y passe un temps considerable qu’on pourroit emploïer plus utilement ; enfin on n’y cherche que le plaisir pour le plaisir & que le divertissement pour le divertissement. […] Saint Thomas croit que les hommes & les femmes peuvent quelquefois se déguiser sans pechéa, lorsque la necessité les y oblige, ou pour se dérober de leurs ennemis, ou faute d’habits qui leur soient convenables, ou pour quelqu’autre semblable raison. […] Enfin Burchard Evêque de Vvormesa, & Ives Evêque de Chartres, citent un Concile de Brague, qui ordonne « que les hommes qui se déguiseront en femmes, & que les femmes qui se déguiseront en hommes, après avoir promis de ne plus tomber dans ce crime, seront obligez de faire penitence durant trois ans ». […] « Car enfin, dit admirablement saint Jean Chrysostomee , nous ne sommes pas seulement obligez d’éviter les pechez, mais nous devons encore fuir les choses mêmes qui nous paroissent indifferentes, & qui portent neanmoins insensiblement au peché. […] Et c’est ce qui l’obligea de publier un traité exprés qu’il composa lui-même Contre les danses & les Comedies, dans lequel il fait voir le danger, la vanité & l’illusion de ces divertissemens.

99. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

Il en résulte, aux yeux de ces jeunes gens, qu’ils sont les esclaves d’un préjugé, que le précepte d’amour et de piété filiale n’est pas plus absolu ni plus respectable qu’un autre, qu’il est relatif ou conditionnel, qu’il n’oblige pas, qu’il est impraticable à l’égard d’un père avare, qu’il est permis, ordinaire, qu’il arrive nécessairement qu’un enfant méprise son père, le vole et se moque de lui quand son père est avare. […] Il aurait mieux valu aussi leur rappeler que de bons parents, avant de se révolter et d’en venir à des extrémités fâcheuses contre leurs enfants ingrats et dénaturés, souffrent long-temps, meurent quelquefois de chagrin ; que de bons enfants, qui ont moins droit d’exiger, ne sont pas obligés à moins de combats et d’égards pour leurs parents indifférents et injustes, dont, au reste, l’insensibilité ne résiste pas toujours aux efforts constants de la tendresse, ou du respect filial ; et que probablement leur père se souviendra enfin qu’ils sont ses enfants, s’ils n’oublient pas qu’il est leur père ; et puis ajouter que si, en attendant que l’amour paternel se réveille dans son cœur, ils se trouvent dans le besoin, alors ils doivent penser qu’appartenant à un père disgracié de la nature, il est raisonnable qu’ils s’assimilent aux enfants d’un père disgracié de la fortune, et suivent les exemples qu’ils en reçoivent de se servir soi-même, de se contenter de peu, de ne pas désirer de superflu, de travailler s’il le faut, se rendre utile aux autres, tirer parti de ses talents et de son industrie ; ou de se jeter dans les bras de sa famille, de ses amis, invoquer leur appui. […] Le public ne fait pas de syllogismes, ni ces raisonnements profonds ; on ne doit pas être obligé de les faire pour détermine l’effet d’une comédie. […] On sentira facilement comment j’aurais été obligé de remonter aussi haut et de généraliser la question, quand même je n’eusse eu en vue que cette démonstration particulière ; il était nécessaire dans les deux cas de combattre, malgré le respect qui lui est dû, la principale autorité sur laquelle les critiques modernes s’appuient dans cette cause, et qui devait m’être opposée par les actionnaires et tous les autres partisans d’un préjugé le plus solidement affermi, naturalisé ; et que, par conséquent les petits coups de hache que je lui porte aujourd’hui ne sauraient renverser de sitôt. […] C’est ce que pratiquent habituellement les gouvernements, dont les sages ministres savent que les hommes sont faits ainsi ; que c’est l’intérêt personnel qui les régit plus ou moins impérieusement et les fait agir sous le masque de quelque vertu que peu possèdent en perfection, que beaucoup n’ont qu’à demi, dont le plus grand nombre n’a encore que l’apparence ; que pour les obliger à l’acquérir ou à la cultiver, il est plus expédient de la leur supposer, en y attachant un grand prix, que de faire des tours de force et beaucoup de bruit pour montrer à tout le monde qu’ils ne l’ont point.

100. (1758) Sermon sur les divertissements du monde « SERMON. POUR. LE TROISIEME DIMANCHE. APRÈS PAQUES. Sur les Divertissements du monde. » pp. 52-97

Vous le sçavez : on joue, mais sans retenue, et l’excès est tel, que ceux mêmes qui en sont coupables, sont obligés de le condamner. […] et n’est-ce pas alors une double peine que de la ressentir toute entiere au dedans, et d’être obligé, par je ne sçais quel honneur, de la dissimuler au dehors ? […] Dieu m’oblige donc aussi étroitement à fuir l’occasion du péché que la cause du péché, quelque avantage d’ailleurs et quelque raison même de nécessité que cette occasion puisse avoir pour moi. […] parce qu’il se peut faire que ce soient pour vous des occasions dangereuses, et que dans les circonstances qui s’y rencontrent, vous trouviez un scandale que vous êtes indispensablement obligés d’éviter ; par-tout ailleurs ils seroient permis, en tout autre temps ils seroient même louables, et on vous les conseilleroit : mais en tel lieu, à telles heures, et en telle compagnie vous devez vous en abstenir, parce que vous y courez risque de votre innocence et de votre salut. […] Je ne m’explique point, mes chers Auditeurs, et je dois ce respect au saint lieu où nous sommes assemblés ; tel est le désordre que la pudeur même m’oblige de le taire, et qu’on ne peut mieux vous le reprocher que par le silence.

101. (1641) Déclaration du roi

Les continuelles bénédictions qu’il plaît à Dieu répandre sur notre Règne, nous oblige de plus en plus à faire tout ce qui dépend de nous, pour retrancher tous les dérèglements par lesquels il peut être offensé.

102. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XVII.  » pp. 471-473

Ainsi les Poètes qui doivent s'accommoder à ces inclinations pour leur plaire, sont obligés de faire en sorte que leurs pièces roulent toujours sur ces trois passions; et de les remplir d'amour, de sentiments d'orgueil, et des maximes de l'honneur humain.

103. (1675) Traité de la comédie « XVII.  » pp. 297-299

Ainsi les Poètes, qui pour leur plaire doivent s'accommoder à ces inclinations, sont obligés de faire en sorte que leurs pièces roulent toujours sur ces trois passions, et de les remplir ainsi d'amours, de sentiments d'orgueil, et des maximes de l'honneur humain.

104. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE I. Préjugés légitimes contre le Théatre. » pp. 4-29

La manière dont ils se défendent, la morale qu’ils débitent, les principes scandaleux qu’ils sont obligés d’avancer pour s’excuser, décèlent le foible de la cause, & font également le procès à l’Avocat & à la Partie. […] Rien n’oblige d’aller à la comédie, tout engage à s’en abstenir : les loix de l’État ne l’ordonnent pas, celles de l’Église le défendent. […] Bien loin d’obliger personne à venir à la comédie, il loue ceux qui s’en éloignent, il n’en estime pas davantage ceux qu’il y voit ; il en blâmeroit plusieurs, s’ils y venoient ; il ne trouve pas mauvais que les Confesseurs, les Casuistes, les Prédicateurs, jusques sous ses yeux se déclarent contre elle. […] J’avoue ma foiblesse à tous les beaux esprits, à tous les esprits forts, je n’applaudirai jamais, quelque brillans qu’ils soient, à des lauriers que ceux qui en sont couronnés sont obligés d’arracher de leur front & d’arroser de leurs larmes ; je n’imaginerai jamais que l’Académie Françoise, indifférente à la religion & aux bonnes mœurs, puisse couronner les Contes de la Fontaine, les Lettres Persannes, l’Uranie de Voltaire, les Contes, l’Apologie de Marmontel. […] Dubois, ancien Acteur, par un accident assez commun dans la troupe, a été obligé de faire en secret une retraite chez un Chirurgien de Paphos pour des raisons à lui connues.

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