La nature avait donné à ces deux hommes le génie & les qualités extérieures ; l’application de l’étude, l’amour de la gloire, leur avaient développé toutes les ressources de l’art.
C'est pourquoi le chœur, qui ne représentait ordinairement que des hommes du commun, ne se servaient que de tons modestes, tristes et paisibles, comme plus convenables à la nature humaine.
Ainsi comme la danse est un exercice de cette nature, on ne peut point raisonnablement douter qu’elle ne soit comprise dans la défense des spectacles.
La nature, dira-t-on, est assez bien exprimée ; et, si cet effet n’accompagne pas l’exécution de la pièce, on regarde le secret de l’art comme manqué, et l’auteur en est puni sur-le-champ par le mépris public qu’on fait de son ouvrageaj.
Il est constant que si les Théologiens prenoient la peine de réfléchir attentivement sur la nature des Piéces de Moliere, ils conviendroient, avec quelques exceptions, qu’elles sont suffisamment bonnes pour les mœurs ; à plus forte raison notre Comédie, depuis que la Cour a institué des Censeurs pour l’examiner & la corriger, avant qu’elle soit présentée au Public. […] On leur répond, sur l’autorité de plusieurs autres Théologiens, que les pompes du Démon sont dans le péché, & spécialement dans l’orgueil ; que les choses les plus riches & les plus brillantes ne sont point, en elles-mêmes, criminelles ; que le plus beau de tous les Spectacles est la contemplation du Ciel, de la Terre, & de la Mer ; que Salomon, dans sa gloire, n’étoit pas si artistement vêtu que le Lys des champs ; & que tous les efforts de magnificence, que peuvent faire les Souverains, ne valent pas un simple boccage que nous offre la Nature.
On donnoit un bouc au plus bouffon, soit parce qu’on immoloit un bouc à Bacchus, soit pour mieux peindre par la saleté de cet animal la nature du chef-d’œuvre dont il étoit le digne prix : Carmine qui tragico vilem certavit ob hircum. […] C’est un tissu de traits piquans, de récits malins, de rencontres plaisantes, de chansons mordantes, de portraits ridicules d’après nature.
« Telle est la corruption du cœur de l’homme, mais telle est aussi celle du Poète, qui après avoir répandu son venin dans tout un Ouvrage d’une manière agréable, délicate et conforme à la nature et au tempérament, croit en être quitte pour faire faire quelque discours moral par un vieux Roi représenté, pour l’ordinaire, par un fort méchant Comédien, dont le rôle est désagréable, dont les vers sont secs et languissants, quelquefois même mauvais, mais tout du moins négligés ; parce que c’est dans ces endroits qu’il se délasse des efforts d’esprit qu’il vient de faire en traitant les passions. […] Il ajoute qu’elles donnent du dégoût pour toutes les choses saintes, et surtout pour les saintes Ecritures, parce que la nature corrompue n’y trouvant rien qui la flatte, elle s’en dégoûte, et préfère injustement ces Vers et ces Chansons misérables, qui touchent et entretiennent ses passions, aux vérités que ces Livres saints lui découvrent et qui condamnent ses dérèglements.
vous à qui la Nature par une faveur particuliere, avoir confié le secret du cœur humain ; vous à qui les succès même du Théâtre rendoient le poids de l’humiliation plus pesant & plus insupportable, ne seriez-vous pas étonné de la gloire qu’a acquise la Scene ?