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29. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIV. De l’usage de composer des Pièces, ou des Rôles pour un ou plusieurs Acteurs. » pp. 219-233

Mais sondez les profondeurs de la nature. […] La nature est si variée dans ses productions que dans les qualités de l’Acteur, comme dans le caractère des visages, il n’y a point de ressemblance à attendre. […] En un mot c’est un fait appuyé de l’expérience de tous les siécles, que la nature ne se ressemble jamais à elle-même. […] On va le faire voir en développant la nature de ces deux expressions.

30. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre IV. Des Feux de-Ioye. » pp. 184-185

La nature y est surmontée : Les choses solides & pesantes voltigent dans l’air, & la legereté du feu l’emporte sur le pois de la matiere qu’il enléve & qu’il consomme chemin faisant. […] Ie desire donc que la Machine qui sert de baze au Jeu de l’Artifice, ait raport au sujet de la joye ; qu’une naissance y soit exprimée autrement qu’une Victoire : & qu’on s’efforce de peindre le plus expressément que l’on peut la nature des choses dont il s’agit.

31. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VII. De la Diction. De la Poësie dans la Tragédie. » pp. 122-130

Nous exigeons que le Théâtre répare les défauts de la Nature. […] L’enflure n’est pas une imitation, c’est un excès de la Nature. […] On perd de vûe cette régle dictée par la Nature, ne dire que ce qu’il faut, & de la manière qu’il le faut.

32. (1824) Du danger des spectacles « DU DANGER DES SPECTACLES. » pp. 4-28

L’âme est jetée dans le corps pour y faire un séjour de peu de durée ; elle sait que ce n’est qu’un passage à un voyage éternel, et qu’elle n’a que le peu de temps que dure la vie pour s’y préparer : les nécessités de la nature lui en ravissent une très grande partie ; il ne lui en reste que très peu dont elle puisse disposer ; mais ce peu qui lui reste l’incommode si fort et l’embarrasse si étrangement, qu’elle ne songe qu’à le perdre. […] Rien ne nous plaît ou ne nous affecte que ce qui est conforme à notre nature, que ce qui répond à quelques-unes des cordes de notre sensibilité intérieure. […] Si donc nous trouvons du plaisir dans des discours impurs, dans d’impudiques amours, dans des passions violentes, dans des maximes d’immoralité, il n’en faut point douter, c’est qu’il y a quelque chose dans notre nature qui répond à tous ces principes de vice. […] Il convient donc à des êtres raisonnables, à des chrétiens qui ont contracté l’obligation de renoncer aux vanités et aux pompes de ce monde dont la figure passe, selon l’apôtre, et qui aspirent à un monde meilleur et à une vie immortelle, de revêtir la dignité de notre nature et d’agir conformément à l’importance de notre destination. […] Nous engageons spécialement ceux qui sont convaincus de la nature dangereuse et de la tendance funeste de ces amusements mondains, à rejeter avec une vertueuse horreur toutes les sollicitations du plaisir et tous les raisonnements fallacieux qui ne sont que trop souvent employés pour justifier ces horribles sources de perdition.

33. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « REMARQUES. SUR LE LIVRE DE J.J. ROUSSEAU, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 21-65

C’est tout au contraire, que cette Pièce favorise leur tour d’esprit, qui est d’aimer et rechercher les idées neuves et singulières, et il n’y en a point de plus neuves pour eux que celles de la nature. […] « Dans ce siècle, où règnent si fièrement les préjugés et l’erreur sous le nom de Philosophie, les hommes abrutis par leur vain savoir, ont fermé leur esprit à la voix de la raison, et leur cœur à celle de la nature. […] « A l’instant va s’élever contre moi cette Philosophie d’un jour, qui naît et meurt dans le coin d’une grande Ville, et veut étouffer de là le cri de la nature, et la voix unanime du genre humain. […] Pourquoi rougirions-nous des besoins que nous donna la nature ? […] C’est l’ordre de la nature : et il me paraît plus scandaleux de voir les hommes faire le rôle des femmes.

34. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre II. Le métier de comédien est mauvais par lui-même, et rend infâmes ceux qui l’exercent. » pp. 15-28

Quand on pense que les comédiens passent leur vie toute entière à apprendre en particulier, ou à répéter entre eux, ou à représenter devant les spectateurs, l’image de quelque vice, et qu’ils sont obligés d’exciter en eux des passions vicieuses, on ne peut s’empêcher de reconnaître que la comédie est par sa nature même une école et un exercice du vice, et qu’il est impossible d’allier ce métier avec la pureté de la religion ; que c’est un métier profane et indigne d’un chrétien. […] Ici toute autre raison manque hors celle qui se tire de la nature des choses. […] Ce peuple, enthousiaste de sa liberté jusqu’à croire que les Grecs étaient les seuls hommes libres par nature, se rappelait avec un vif sentiment de plaisir ses anciens malheurs et les crimes de ses maîtres. […] Elles ne la déshonoraient point ; elles rendaient seulement authentique le déshonneur qui en est inséparable : car jamais les bonnes lois ne changent la nature des choses ; elles ne font que la suivre ; et celles-là seules sont observées. […] Dans tout autre temps on n’aurait pas besoin de le demander ; mais dans ce siècle, où règnent si fièrement les préjugés et l’erreur sous le nom de philosophie, les hommes, abrutis par leur vain savoir, ont fermé leur esprit à la voix de la raison, et leur cœur à celle de la nature.

35. (1759) Remarques sur le Discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie « Remarques sur le discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie. » pp. 350-387

Semblable en ce point à tout autre genre de Poësie, c’est une Imitation de la nature. […] Le simple récit d’un fait de cette nature exciteroit agréablement mon attention, la représentation l’attache encore plus. […] Le simple récit d’un fait de cette nature exciteroit agréablement mon attention, la représentation l’attache encore plus. […] Mais l’une l’emporte sur l’autre, (& il me suffit même qu’elle en differe) par le mérite ou par la nature de la chose imitée. […] Jugeons enfin, pour achever d’approfondir cette pensée, jugeons de l’Art par la nature, & de la fiction par la Vérité.

36. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

Pourquoi envier aux hommes, destinés presque uniquement par la nature à pleurer et à mourir, quelques délassements passagers, qui les aident à supporter l’amertume ou l’insipidité de leur existence ! […] Elles développent et fortifient par les mouvements qu’elles excitent en nous, les sentiments dont la nature a mis le germe dans nos âmes. […] Nous traitons la nature en elles comme nous la traitons dans nos jardins, nous cherchons à l’orner en l’étouffant. […] J’avoue que ce talent de peindre l’amour au naturel, talent propre à un temps d’ignorance, où la nature seule donnait des leçons, peut s’être affaibli dans notre siècle, et que les femmes, devenues à notre exemple plus coquettes que passionnées, sauront bientôt aimer aussi peu que nous et le dire aussi mal ; mais sera-ce la faute de la nature ? […] Je ne les louerais point en soutenant avec vous que la pudeur leur est naturelle ; ce serait prétendre que la nature ne leur a donné ni besoins, ni passions ; la réflexion peut réprimer les désirs, mais le premier mouvement (qui est celui de la nature) porte toujours à s’y livrer.

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