/ 451
135. (1753) Treiziéme conférence. Sur les danses, les comédies et les mascarades [Missionnaire paroissial, II] « Treiziéme conférence. Sur les danses, les comédies & les mascarades. » pp. 268-287

Est-ce une action criminelle de sa nature ? […] Cette action ne paroît pas criminelle ni illicite de sa nature, comme on peut le prouver par ces paroles du Sage : Eccle. […] Ce même Saint Docteur s’explique encore plus clairement ailleurs, en disant que ce desordre est mauvais de sa nature : 2. 2.

136. (1698) Théologie du cœur et de l’esprit « Théologie du cœur et de l’esprit » pp. 252-267

Mais les portraits flatteurs qu’on nous en fait, aidez de la corruption de notre nature, excitent aisément en nous je ne sçais quel penchant pour ce malheureux vice ; & ce penchant, quelque foible qu’il soit dans son commencement, s’étend bien-tôt plus loin qu’on ne pouvoit croire. […] C’est parce que le fond de notre nature est corrompu, que nous entrons dans ces sortes de passions qui nous sont representées. […] Elle est un amas de fausses opinions, qui naissent de la concupiscence, & qui ne sont agréables qu’en ce qu’elles flattent la corruption de notre nature.

137. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrysostome. » pp. 181-192

On donne, dit-il, des spectacles, on y fait paroître des chœurs de danseuses & d’hommes efféminés qui déshonorent la nature, on place le peuple dans un lieu élevé. […] Si je demande, convient-il de renverser les loix de la nature & de porter les gens à l’impureté, tout le monde répondra que c’est un crime punissable. […] Mais combien de jeunes gens de même nature que vous a-t-on vu & voit-on encore qui ont su vaincre les flammes de la concupiscence ?

138. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre VIII. Qu’il n’est point permis aux particuliers de faire des Assemblées pour la danse, ni pour toute sorte de sujet. » pp. 33-35

Ils jugent même, que quoique la danse soit de sa nature indifférente, elle est néanmoins mauvaise en tous les autres cas, où ces causes raisonnables ne se rencontrent point.

139. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE X. » pp. 171-209

Or, ou le Théâtre est mauvais de sa nature, ou non ; s’il est vicieux, pourquoi le souffrir dans les Colléges, & s’il est indifférent, d’où vient l’improuver dans les Comédiens ? […] Tertulien & Saint Cyprien nous invitent à des Spectacles bien différens des vôtres, Mademoiselle, ils introduisent l’homme raisonnable & chrétien dans le Sanctuaire de la Religion & de la nature, pour charmer tour-à-tour sa raison & sa foi. […] Son retour rend la vie à toute la nature ; les êtres étoient plongés pendant la nuit dans une espéce de néant d’où cet Astre les tire ; il répand ses rayons sur l’Hémisphére, comme une source abondante ; mais ses forces diminuent dès qu’il a fourni les deux tiers de sa carriere ; un nuage aussi beau que l’Aurore, l’accompagne jusqu’au bord de l’Océan, & se confond enfin avec les ténébres qui remplacent le jour. […] Ces différens objets font un groupe qu’on ne sçauroit assez admirer ; les plus beaux Théâtres du monde n’ont rien de comparable au Spectacle de la nature ; l’Or dont la main des hommes les a décorés, s’éclipse devant les feux célestes, il ne brille plus que de leur clarté refléchie.

140. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE II. De la Tragédie. » pp. 65-91

Le Théâtre rend la Vertu aimable, c’est ce que les Auteurs Dramatiques et bien des sages pensent unanimement : mais cet avantage ne vous étonne point, ce n’est pas selon vous opérer un grand prodige, la nature et la raison l’opèrent avant la scène ; distinguons, s’il vous plaît. Si tous les hommes étaient sages naturellement, rien de plus inutile, j’en conviens, que le Théâtre ; rien de plus inutile que tous les écrits des Pères, que l’Evangile même : mais si la plupart des hommes ne sont rien moins que sages, et que leur conduite et leurs mœurs prouvent que la nature et la raison ne leur ont pas encore fait trouver la Vertu assez aimable, pour n’avoir pas besoin de peintres qui leur en fassent remarquer les attraits ; si la vue de ces peintures les porte à faire plus d’attention à l’original, comme le portrait d’une jolie femme fait désirer d’en connaître le modèle à ceux qui ne l’ont pas vue ; il est donc probable que le Théâtre peut opérer les mêmes effets et que le coloris agréable qu’il prête aux charmes de la Vertu, altérés quelquefois par les pinceaux austères des Pasteurs ou des Philosophes, peut faire désirer de la connaître et de la pratiquer. Or on voit souvent au Théâtre combien la Vertu paraît aimable à tel qu’on n’aurait pas soupçonné d’être sensible à ses charmes, n’est-ce pas opérer le prodige que la nature et la raison n’ont pu faire ? […] Permettez-moi de vous raconter un fait qui, quoiqu’assez comique, vous fera juger de l’effet que cette excellente Tragédie est capable de produire : tout Marseille vous en attestera la vérité, « Et vous entendrez là le cri de la nature. » Un Capitaine de Vaisseau qui n’avait jamais vu de spectacle, fut entraîné par ses amis à la Comédie, on y jouait Atrée ; notre homme, ébloui par des objets tout nouveaux pour lui, oubliant que c’était une fable qu’il voyait représenter, lorsqu’il entendit Atrée prononcer ce vers qui vous choque si fort et par lequel il s’applaudit du succès de ses crimes, notre homme dis-je, se leva tout à coup avec fureur en criant : « Donnez-moi mon fusil que je tue ce B. là. » Vous jugez bien qu’une pareille scène fit oublier la catastrophe à tous les autres Spectateurs et que bien en prit aux Acteurs que le vers qui mettait le Capitaine en fureur était le dernier de la pièce, car ils auraient eu peine à reprendre leur sérieux après une pareille saillie. […] Lefèvre, De la nature des choses, Paris, Sté d’éd. litt., 1899.

141. (1640) L'année chrétienne « Des Recreations, Jeux, et autres di- vertissemens, desquels l’ame Chre- stienne se peut servir durant la journée. Chapitre IX. » p. 851

Au premier, je fais voir la nature, la nécessité, et le profit de l'honnête récréation.

142. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 68-96

Ce fard ternit plus qu’il ne favorise, pour un moment d’éclat, il prépare des années de rides, & des taches ; il sort de cette boëte une vapeur empatée, qui rend horrible, il faut y renoncer pour se borner à la simple nature ; la beauté même y gagne : tel est la moralité de cette fable. […] Lé jeune Bacon qui representoit l’Amour, & la Chammelé qui représentoit Psiché, se surpasserent dans leurs roles : ils jouoient d’après nature, ils avoient l’un pour l’autre la plus vive tendresse ; leurs talens supérieurs ne furent employés qu’à mieux marquer les sentiments de leurs cœurs : ces avantures ne sont pas rares au théatre. […] Cependant ne vous y trompez pas, continue le Religieux Prédicateur de Cythere, les victoires que vous remporterez avec ces armes empruntées, ne sont ni bien certaines ni bien durables ; il vaudroit mieux laisser agir la nature, ses traits sont plus sûrs & plus efficaces que le suc de toutes les herbes & les enchantemens de tous les magiciens. […] Non, le portrait est chargé, ces horreurs ne seroient pas souffertes, & tout le crédit de ces grandes Princesses ne les sauveroit pas de la corde ; mais se livre au libertinage, suivre les amans contre la volonté de la famille, passer sa vie dans des mauvais commerces, vivre soi-même, & entretenir ses amans dans un célibat & une débauche volontairement sterile, réduire par les enchantemens, c’est-à-dire, par tous les charmes que peuvent prêter l’art & la nature ; enlever la toison d’or, c’est-à-dire, la bource à ses adorateurs ; à ces traits qui ne sont pas chargés, le public sans s’y méprendre, reconnoît aisément les nouvelles Médées : au reste, les rôles de Medée sont si communs sur le théatre, qu’il n’est pas étonnant qu’en s’y familiarisant, on les réalise. […] Les jeunes personnes ne connoissent pas les avantages de la nature, & combien il leur seroit utile de s’y abandonner : elles affoiblissent les dons du Ciel, si rares & si fragiles, par des manieres affectées, & une mauvaise imitation.

/ 451