Un mot a Monsieur l’abbé Girardon. […] Vous ajoutez qu’il faut « ou quitter la partie, ou employer une force de logique telle qu’une retorque raisonnable devienne impossible. » Sans vous chicaner sur le mot retorque qui n’est pas français (vous avez cru apparemment qu’on disait la retorque comme on dit la remorque, et, après tout, un barbarisme n’est point un péché mortel, mais il fallait dire rétorsion), je vous prie de me permettre de ne point abandonner la partie, quelque grande que soit la force de votre logique ; et tout-à-l’heure nos lecteurs décideront entre vous et moi. […] D’où vous concluez que je me suis égaré, parceque, selon vous, « ces deux points d’examen sont de natures fort différentes. » Deux mots suffiront pour expliquer mon intention, et si je me suis trompé, je ne demande pas mieux que d’en convenir : j’ai cru, Monsieur, dans toute la simplicité de ma dévotion, que là où il n’y avait rien d’immoral, il ne pouvait y avoir de péché. […] Il est vrai ; et c’est à ce mot que je borne ma réponse, que tout le monde peut aller à ces sortes de réunions, même ceux qui, par état, sont obligés à de grands ménagemens.
Ce mot lui-même est devenu un proverbe. […] Il le répette dans l’Avare, comme si c’eût été dommage de perdre un si bon mot & de si bons exemples donnés à la jeunesse : Non, voyez-vous, ma mère, Il n’est père ni rien qui puisse m’obliger. […] Deux amans accordés, pour un mot dit ironiquement se querellent, se dédaignent, se fuient, se recherchent, comme des enfans qui boudent, & se raccommodent sottement par l’entremise d’une Servante qui leur prend les mains & les leur met l’une dans l’autre : Boutez-là, Lucas & Perronelle. […] Laurent, valet de Tartuffe, n’est qu’un figurant, qui ne dit mot, & ne sert à rien, si ce n’est à faire tomber le Poëte en contradiction, en donnant pour un gueux, dont l’habit ne vaut pas six deniers, un homme qui pourtant avoit de quoi entretenir un domestique. […] Toute cette piece si vantée est pleine de phrases les plus louches, de termes grossiers, d’idées triviales, de répétitions, de mauvais mots, de rimes fausses, de tours vicieux, de fautes de poësies, &c. de caractères outrés : De chaque caractère il passe les limites.
Elle dit des riens d’un air à prétention, joue finement sur les mots, rit & pleure tout à la fois. […] En un mot, de fortes raisons nous convaincraient, s’il le falait, que les tableaux naïfs de notre Opéra sont dignes d’être applaudis, & que c’est de sa simplicité qu’il tire son principal mérite.
Deux mots vraiment sublimes, qui présentent le plus beau caractère, & sont le plus bel éloge de ce Prince. […] Henri IV qui avoit l’esprit vif, & plein de feu, a disans doute mille choses agréables, des bons mots de railleries fines, de saillies de gascon ; mais tout ce qu’il a dit n’est pas également bon. […] Mais comment, dans un si grand détail des objets qui occupent Uranie, non plus que dans tous les éloges qu’on en a fait, n’y a-t-il pas un mot de réligion ; est ce oubli dans le calculateur, au zéro dans le calcul ? […] Ces grands mots, ce jargon, bien loin de donner de la grandeur aux objets, ne montrent que la petitesse de celui qui les jette à la tête, & qui, concentré en lui-même, circonscrit dans la sphere de sa cotterie, le prend & se donne pour l’univers. […] Il a voulu faire un jeu de mots On a vu , dit-il, deux prodiges, l’un que Newton ait fait cet ouvrage, l’autre qu’une Dame l’ait traduit, & l’ait éclairci : (ce n’est guére l’éloge de Newton.)
Son mérite littéraire étoit très-médiocre, comme elle avoit entendu parler de tout, elle avoit retenu des mots & des idées superficielles de chaque science, elle disoit un mot à chaque Savant qui la visitoit sur l’objet de son talent, delà se mettoit en train d’en discourir & faisoit son éloge ; le savant Charmé la prenoit comme un oracle, & lui supposoit une capacité universelle, elle parloit de tout avec la hardiesse la plus tranchante, la hardiesse d’un protecteur, d’un demis-avant & d’un demi savant-couronné chez un peuple qui ne savoit rien, c’est-à-dire, quelle traitoit les sciences avec le même despotisme que le gouvernement, cet air d’oracle, ce despotisme littéraire lui réussit d’abord. […] Il trouvoit beaucoup d’esprit dans un jeu de mots, dans ces trois dégrés de comparaison Christina, Christiana, Christianissima. […] Ce mot qui est une satyre de Chapellain est aussi une grossiéreté qu’une femme modeste ne se fût pas permise ; une femme modeste n’auroit pas souffert cette lecture, & on n’auroit pas espéré de lui plaire en la lui faisant. […] Il ne reste de cette Savante que quelques bons mots qu’on a retenu, & des lettres dont on a fait un recueil, il y a des traits ingénieux, des réparties vives, quelques réflexions judicieuses, quelques tours heureux. […] Toutes ses actions avoient quelque chose d’extravagant & digne de risée, elle ne ressembloit point à une femme, & n’en avoit pas la modestie ; on rapporte d’elle une vingtaine de bons mots qui ne sont la plûpart que des méchancetés : il n’y a pas de femme du commun qui n’en dise d’aussi bons, & en aussi grand nombre.
Elle déploye en un mot des traits qui n’ont point paru, & qui surpassent en beauté tous ceux que l’on a vûs. […] On a dû remarquer dans ce que nous venons de dire, qu’une haute intelligence, ne tient que d’elle-même la beauté de ses plans, le caractère de ses ouvrages, l’ordre de ses opérations, les objets de ses recherches ; en un mot, si l’on peut le dire, l’esprit de son rôle. […] Il vous sera impossible de proférer un seul mot sans des hocquets ridicules.
Il y a là un jeu de mots difficile à rendre en François, mais un sens très-vrai, & sur tout une vérité de morale que l’expérience rend sensible, qu’on goûte une vraie satisfaction à ne pas satisfaire ses passions . […] Toûtes les vertus qu’étale la scene sous l’appareil pompeux des grands mots, ne sont que des passions déguisées en vertus. […] Disons un mot de celle des Francs-Maçons, qui a fait tant de bruit de nos jours, contre laquelle se sont armées toutes les puissances, qui a paru quelque temps anéantie, mais qui renaît de ses cendres. […] Il trouvoit fort mauvais qu’on le regardât fixement, & qu’on eût un air de confiance, ce qui fit dire ce bon mot à un Officier qui parut déconcerté, en lui demandant une grace, ce qui la lui fit obtenir : Croyez, Sire, que je ne fuis pas ainsi devant vos ennemis. […] Cet usage paroît risible parce qu’on n’y est pas accoutumé ; il l’est moins que la fastidieuse répétition des titres qu’on donne aux grands, non seulement dans les audiences publiques, mais à tout moment, toutes les fois qu’on leur parle & à chaque mot qu’on leur dit : amis, parens, étrangers, domestiques, comme un écho qui répete le même mot, comme une cloche, comme un tambour, qui à chaque coup rend toujours le même son.
En allant au combat, on s’éxcitait par des cris ; peut-être qu’un guerrier aura tiré de ces cris, ou de ces mots entrecoupés par lesqueles on témoignait sa fureur, une manière de chant qu’on aura conservée pour l’employer dans l’occasion. […] En un mot, les Grecs fesaient de la musique, telle qu’ils la possédaient, une affaire de religion & de politique ; il était défendu sous des peines èxpresses d’oser y toucher, fut-ce même pour la rendre plus parfaite. […] (Je substitue ici un mot moins énergique, mais plus honnête.) […] On croit que le mot musique vient du Latin musa, parce que les muses, dit-on, inventèrent cet Art. […] Voyez le mot Bruit dans le Dictionnaire de Musique, par J.