Mais afin que la conclusion soit légitime, il faudrait en premier lieu qu’il fût bien certain, que sous le nom d’« histrions », Saint Thomas eût entendu les comédiens : et cela, loin d’être certain, est très faux ; puisque sous ce mot d’« histrions », il comprend manifestement un certain joueur : joculator, qui fut montré en esprit à saint Paphnuce, comme un homme qui l’égalait en vertu.
Et des Dames Chrétiennes peuvent-elles y assister, aprés ce qu’ils en ont dit, sans montrer, ou que l’on fait peu d’estime de leur autorité, ou que l’on croit, que Dieu ne les a pas établis dans son Eglise, pour être les oracles des peuples ? […] N’est-ce pas montrer le peu d’estime, qu’on fait de la parole de Dieu, en comparaison d’un theatre profane ?
« Je demande comment un état dont l’unique objet est de se montrer au public, et, qui pis est, de se montrer pour de l’argent, conviendrait à d’honnêtes femmes, et pourrait compatirl en elles avec la modestie et les bonnes mœurs.
Pour donc prouver quelque chose, et pour satisfaire à la première condition, d’abord il faudrait montrer, ou qu’il ne soit pas nuisible d’exciter les passions les plus dangereuses, ce qui est absurde ; ou qu’elles ne soient pas excitées par les délectables représentations qu’on en fait dans les comédies, ce qui répugne à l’expérience et à la fin même de ces représentations comme on a vu ; ou enfin que Saint Thomas ait été assez peu habile pour ne sentir pas qu’il n’y a rien de plus contagieux pour exciter les passions, particulièrement celle de l’amour, que les discours passionnés : ce qui serait la dernière des absurdités, et la plus aisée à convaincrez par les paroles de ce saint, si la chose pouvait recevoir le moindre doute.
Le grossier que vous en ôtez ferait horreur, si on le montrait : et l’adresse de le cacher, ne fait qu’y attirer les volontés d’une manière plus délicate, et qui n’en est que plus périlleuse lorsqu’elle paraît plus épurée.
Augustin, et par conséquent plus voisins des apôtres, et ils jugeaient ces divertissements si contraires au christianisme, qu’ils ont fait des livres entiers (Tertul. de Spectaculis, cap. 27.) pour les réprouver et condamner ; et pour montrer qu’ils ne parlaient pas seulement contre les spectacles des païens, où se commettaient des homicides et des impudicités publiques, Tertullien apporte l’objection que vous avez coutume de faire : On n’y fait point de mal, on n’y dit rien qui ne soit honnête, et il répond : Celui qui veut empoisonner son ennemi, ne détrempe pas le poison dans du fiel ou dans du vin d’absinthe, mais dans un bouillon bien assaisonné ou dans du vin délicieux.
Les médailles montrent ordinairement les Empereurs couronnés, & peut-être ces couronnes ont-elles fourni aux Peintres l’idée des couronnes des Saints. […] Après avoir montré combien l’oisiveté & la perte du temps abrégent la vie déjà assez courte, il ajoute ironiquement, mettriez-vous au nombre des gens oisifs ceux qui tous les jours passent plusieurs heures entre les mains des Baigneurs ? […] Coste dans ses notes ajoute cette reflexion : Montagne a beau montrer aux François la foiblesse & le faux des jugemens qu’ils portent sur les modes ; leur imbécilité subsiste dans le même dégré de force. […] Voudroit-elle être surprise, oseroit-elle se montrer dans cet état ?
Qui prendra ce soin honorable et dangereux de montrer aux princes le tableau de leurs devoirs ? […] Dans l’état de nature, il peut se montrer sans réserve comme sans danger ; dans l’état civil et en société, il faut qu’il soit en partie couvert d’un voile mystérieux, autrement il offenserait les mœurs publiques. […] S’il a de l’âme et du sentiment, c’est là qu’il en doit montrer toute la chaleur et l’énergie ; c’est là que dans un vaste champ, il peut appeler à son secours le Dieu même de l’éloquence. […] En cela, vrais émules et non rivaux des avocats, ils auront les mêmes droits qu’eux à l’estime et à la confiance publique, parce qu’ils se montreront aussi les vrais défenseurs de la justice. […] Ils ne montrent les objets que d’un côté.