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528. (1753) Treiziéme conférence. Sur les danses, les comédies et les mascarades [Missionnaire paroissial, II] « Treiziéme conférence. Sur les danses, les comédies & les mascarades. » pp. 268-287

Nous nous servirons pour cet effet de l’épée spirituelle que le Seigneur nous a mise entre les mains, & qui n’est autre que la parole de Dieu, pour retrancher de semblables abus, si pernicieux aux ames, & dont l’Écriture nous fait assez connoître le danger, quand elle nous avertit, par la bouche du Sage, de ne pas fréquenter une femme qui se plait à danser & à chanter, Eccli. […] Il ne nous reste donc plus qu’à conclure que tous ceux à qui Dieu a mis son autorité entre les mains, sont obligés en conscience de s’opposer de toutes leurs forces à une si mauvaise coûtume, qui ressent beaucoup plus le paganisme que la religion chrétienne.

529. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VIII. » pp. 131-157

Saint Isidore de Seville qui vivoit au VII. siécle, appelle le Théatre un lieu de prostitution, les Historiens sont, dit-il1, ainsi nommés, parce qu’ils racontent des événemens comme les Historiens ; mais ce sont des faits qu’on devroit passer sous silence : ils mettent sous les yeux du peuple2 toute la conduite d’un scélerat illustre, en la décorant des Vers plaintifs de la Tragédie. […] M. de Voltaire avoit cependant mis quelques citoyens dans le goût des représentations ; il les faisoit venir chez lui de tems en tems pour jouer ses Piéces.

530. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. —  CHAPITRE V. Tribunal des Comédiens. » pp. 128-140

L’Acteur par son jeu bon ou mauvais contribue autant que l’Auteur au succès ou à la chute ; l’impression qui met la piéce sous les yeux de tout le monde, à perpétuité rend l’approbation ou la censure plus réflechie, & plus équitable, reforme la Sentence du parterre, condamne ce qu’il avoit vu avec entousiasme, ou approuve ce que les sifflets avoient méprisé. […] C’est bien pour la gloire qu’on travaille ; & qui se mettra en frais, pour faire valoir ses productions ?

531. (1705) Pour le Vendredy de la Semaine de la Passion. Sur le petit nombre des Elûs. Troisiéme partie [extrait] [Sermons sur les Evangiles du Carême] pp. 244-263

Je vous le demande, frappé de terreur moi-même, ne separant point mon sort du vôtre, & me mettant dans la même situation où nous devons tous paroître un jour devant Dieu nôtre Juge, & où je vous prie de vous mettre dès maintenant pour un moment : si Jesus-Christ, dis-je, paroissoit dès à present pour faire la terrible separation des Justes & des Pécheurs ; croiés-vous que le plus grand nombre fut sauvé ? […] Voilà ce que chacun de nous diroit : si nous ne nous mettons donc en état de detourner de dessus nous ce malheur par nos larmes, nôtre pénitence & nôtre fidelité, sommes-nous sages !

532. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XI. Les Grecs ont-ils porté plus loin que nous la perfection de la Tragédie ? » pp. 316-335

Cependant comme la grande qualité d’une Tragédie est que dans une Action conduite avec vivacité & vraisemblance, le nœud accroisse le trouble de Scene en Scene, jusqu’à la Catastrophe, & que cette perfection se trouve dans l’Œdippe de Sophocle & dans Athalie, on pourroit peut-être mettre ces deux Piéces dans la balance. […] Quoi qu’il en soit, on pourroit, à ce qu’il me semble, mettre dans la balance ces deux Piéces, & proposer cette question, l’Œdippe doit-il faire donner aux Grecs la supériorité dans la Tragédie sur les François ?

533. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — CINQUIEME PARTIE. — Tragédies à rejeter. » pp. 235-265

En faveur des grandes beautés que l’on trouve dans cette Tragédie, je voulais la mettre au rang de celles qui, avec des corrections, peuvent rester au Théâtre : mais pour la corriger, je n’ai trouvé que deux moyens également difficiles, ou il fallait ne faire jamais paraître Cléopâtre sur la Scène, ou retrancher tout ce qui concerne les amours de César avec Cléopâtre : mais, outre que c’était là une correction trop considérable, elle n’aurait peut-être pas suffi pour rendre cette Pièce soutenable sur le Théâtre de la Réformation. […] Ce qui ne me détermine pas moins à mettre la Tragédie d’Astrate dans la classe de celles qui sont à rejeter : c’est la morale qui règne dans cette Pièce ; elle est remplie de maximes très pernicieuses, et même quelquefois impies.

534. (1751) Nouvelles observations pp. 393-429

Cette Piéce, adoptée par Moliere, & ensuite par Thomas Corneille, est, comme l’on sçait, tirée de l’Espagnol ; & l’on y reconnoît aisément le goût de la Nation, pour mettre des moralités dans la bouche des Valets. […] Sénèque, que l’on met de ce rang, fait un grand éloge des Mots & Sentences qui se trouvoient dans les Mimes de Publius-Syrus6, qui n’étoient, cependant, que des especes de Farces. […] A mettre ordre à la conduite des Acteurs & Actrices qui éclateroit trop, comme on en a vu plusieurs exemples.

535. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 19-42

MADAME, J’Avois bien prévû, lorsque je voulois interdire l’usage de la Comedie, qu’on se seroit mis en defensé. […] Faute de crainte, on n’a point d’idée du malheur qui peut arriver à l’ame, & par consequent point de mouvement d’aversion pour le mal : faute de défiance, loin de se ténir sur ses gardes, & de se mettre en disposition de repousser l’ennemi du salut, on y apporte une imagination vive, un esprit dissipé, un cœur volage, des sens ouverts & subtils, dispositions fatales & propres à donner de l’entrée au peché. […] Où est l’Arrêt en France, qui met au néant l’Edit, par lequel saint Louis chassa tous les Comediens, & toutes les Comediennes, qui se trouverent alors dans son Roiaume ?

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