Monsieur de Longepierre vint hier-soir : j’étais seule : il a trouvé mauvais que monsieur D’Alzan soit rentré tard ; il n’a pas assez pris de ménagemens pour le lui faire sentir ; il l’aura peut-être affligé, peut-être aigri ; en quittant son oncle, monsieur D’Alzan était triste ; j’ai cru l’entendre soupirer.
Il n’était nullement nécessaire que la sainte Ecriture apprit aux Serviteurs de Dieu, que les Comédies sont mauvaises, et qu’elles doivent être défendues ; puisque la seule lumière de la raison et le bon sens ont autrefois suffi aux païens pour le leur faire comprendre.
On est porté à croire que c’est probablement une mauvaise plaisanterie qu’on a prétendu faire sur son exactitude grammaticale.
Au reste je proteste avec la même sincérité que, depuis la première année que j’ai monté sur le Théâtre, il y a déjà plus de cinquante ans, je l’ai toujours envisagé du mauvais côté, et que je n’ai jamais cessé de désirer l’occasion de pouvoir le quitter : ce ne fut qu’en l’année 1728, à l’âge de cinquante-trois ans, que voyant s’ouvrir une belle porte devant moi, j’exécutais la résolution d’y renoncer.
Pour se livrer à l’envie, à la vengeance, à la colère, au soupçon, etc. il est nécessaire d’être mal né, d’avoir un mauvais caractère et souvent le cœur corrompu : pour aimer il suffit d’être homme.
David se joignit au peuple qui dansoit dans les rues, ce que sa femme n’eut pas trouvé mauvais, si c’eût été une cérémonie prescrite par la religion. […] Tous les Dieux & Déesses étoient danseurs, & aimoient éperdument la danse ; toute l’idolâtrie n’est que le culte des passions sous le nom bizarre des Dieux & Déesses de la fable, qui n’ont été que des débauchés & des femmes de mauvaise vie, que l’on a eu la folie de diviniser. […] Effectivement l’exil de Pilade produisit un mauvais effet, on en murmura, on le traita de tyrannie, on censura le gouvernement ; les deux partis se réunirent contre un tyran qui, disoit-on, cherchoit à les accabler tous les jours de nouveaux fers. […] Tout croît & s’embellit ; on a construit dans ces allées des pavillons, des arcs de triomphe ; on est dans ces salles à l’abri du mauvais temps.
C’est ce qu’il n’a pas dit : au contraire, il trouve mauvais que vous donniez tant d’appas à cette vertu ; ce n’est pas là selon lui le moyen de la faire aimer : ce n’est pas, à son avis, savoir faire une Pièce que d’y proposer à détester un scélérat, que d’y faire rire aux dépens d’un vicieux ou d’un ridicule, que d’y proposer à imiter un homme d’une vertu extraordinaire : notre bilieux Genevois ne veut pas vous permettre de peindre les miracles de la nature, ni le triomphe de la raison, il veut au contraire que l’un et l’autre soient renfermés dans les bornes étroites où l’extravagance des hommes et leurs passions les resserrent ordinairement. […] Mais « Nescius aurae fallacis, le jeune insensé court se perdre en pensant devenir un Sage. » L’intention du jeune homme est louable ; il est édifiant que le Théâtre l’ait suggérée ; mais il est injuste de vouloir faire retomber sur la scène la maladresse, l’aveuglement, le défaut de jugement du jeune homme qui, trop précipité dans son choix, en a fait un mauvais. […] Vous direz peut-être que ces Héroïnes ne doivent leur gloire et leur réputation qu’à la sagesse de leurs Conseils ; je vous réponds moi, qu’un mauvais Conseil peut bien tromper un bon Roi, et l’empêcher de faire le bien auquel il est porté, mais que les meilleurs Ministres n’empêcheront jamais un méchant Prince de faire du mal, un Monarque sans génie d’être petit en tout, un Monarque imbécile de faire des sottises. « Le Sexe faible, hors d’état de prendre notre manière de vivre, trop pénible pour lui, nous force de prendre la sienne trop molle pour nous, et ne voulant plus souffrir de séparation, faute de pouvoir se rendre hommes, les femmes nous rendent femmes. »em Voilà donc ces hommes qu’il faut craindre d’avilir : ils n’ont pas la force d’être hommes, et vous voulez qu’on les ménage ; vous trouvez mauvais qu’on leur fasse parler raison par des femmes parce que selon vous les femmes n’ont pas de raison ; mais suivant l’idée que vous nous donnez des hommes, ils ne sont pas plus raisonnables que les femmes ; et pour s’assujettir à la vraisemblance rigoureuse que vous exigez, on ne se permettra plus de mettre en scène que des fous pour ne pas donner mal à propos de la raison aux hommes, puisqu’ils n’ont pas la force de résister au sexe le plus faible, et de s’empêcher de devenir femmes.
C’est faire naître du même endroit de bonnes & de mauvaises pensées, le péché & la vertu. […] Une Actrice auroit tort de refuser un titre si légitime ; leurs griffes désignent leur rapacité, leur ailes leur légérété, soit à la danse, soit dans leurs amours, & la mauvaise odeur, les maladies honteuses qu’elles communiquent ; elles ont le visage d’une belle fille, c’est l’ameçon qu’elles jetent pour mettre le poisson dans les filets. […] Aucune parabole de l’Evangile, où l’on en voit un très-grand nombre, l’Enfant Prodigue, le mauvais Riche, les dix Vierges, le Pharisien, ne présentent que des vertus. Le vice y est toujours puni, ici au contraire le vice semble récompensé, & la mauvaise morale canonisée. […] Les Prophetes en parlent souvent, & en font des reproches aux femmes galantes de leurs tems & aux idolâtres, & ne l’attribuent qu’aux femmes de mauvaise vie.