ces lâches préceptes, qui supposent la réforme et la répression impossibles, l’éducation et les lois inutiles, ou les mauvais exemples sans dangers, n’ont eu que trop de succès ; les respects, les hommages, sont prostitués, tous les égards dûs à la franchise, à la loyauté, sont prodigués au vice, à l’homme déloyal par les élèves de cette école ; la vertu est devenue inutile, souvent nuisible auprès d’eux : celui qui la pratique encore rigoureusement en est regardé comme une tête faible, traité d’imbécile, sinon d’hypocrite. […] J’entends les lecteurs prévenus ajouter qu’elles en propageaient aussi de mauvais. […] Il verrait avec regret que ses écoles des femmes et des maris, et autres pièces, n’ont été que des écoles de mauvaises mœurs ; qu’en voulant corriger les vices de quelques parents dénaturés, exceptés de la règle générale, il avait compromis partout l’autorité paternelle ; qu’en voulant corriger les travers d’un petit nombre de maris, il avait jeté du ridicule ou de la défaveur sur tous les chefs de famille, sur les devoirs du mariage, sur les idées religieuses qui les sanctifient ; qu’il avait donné de bonnes leçons de ruses et d’artifices aux épouses qu’il trouverait peut-être en avoir assez bien profité. […] … On pourrait alors, sans craindre d’exciter le courroux de personne et de s’attirer d’amers reproches, ou des réfutations passionnées et aveuglément injurieuses, dire des ouvrages ou des tableaux pleins de vérités qui n’étaient pas bonnes à jouer de ce peintre incomparable, que c’est en effet leur malice, leur esprit ou leur gaîté, qui fait plaisir et qu’on applaudit, que c’est leur bon effet de faire rire qui empêche aujourd’hui d’en voir les mauvais, comme il a empêché autrefois de les prévoir. […] Cette manière d’agir, aussi peu sensée que celle de frapper rudement et bouleverser un homme endormi pour l’éveiller, tandis qu’il suffit de l’agiter doucement, quoique bien établie et admirée aujourd’hui, doit faire regarder enfin les auteurs qui l’emploieront avec aussi peu de raison comme des forts à bras littéraires, ou des don Quichote, mus par l’orgueil et l’amour propre, dont le principal objet est de faire montre de l’étendue de leur esprit, de la force de leur génie, en produisant de grands effets, bons ou mauvais, n’importe, pourvu qu’ils soient extraordinaires et étonnants, et qu’ils fassent beaucoup et long-temps parler d’eux.
On appelle occasion prochaine de peché mortel, toutes les choses qui le causent ordinairement, ou parcequ’elles portent d’elles mesmes au peché, ou parceque le penitent s’y trouvant, est tellement accoutumé de pecher, que le Confesseur doit raisonnablement juger, qu’à raison de sa foiblesse & de sa mauvaise habitude, il ne s’abstiendra point de pecher tandis qu’il perseverera dans ces occasions. […] En cinquiême lieu ceux qui frequentent les bals & les comedies, où ils commettent ordinairement plusieurs pechez d’impureté, comme mauvais desirs, pensées sales, regards lascifs, & attouchemens deshonnestes. […] Si le penitent ne s’accuse pas de quelque peché par ignorance, croyant qu’il n’y a point de mal en certaines choses que le Confesseur juge mauvaises, le peut-il absoudre sur la consideration de cette bonne foy pretenduë. […] Quelles sont les regles generales dont le Confesseur se peut servir, pour sçavoir quand il doit avertir le penitent qu’il reconnoist estre en mauvais estat, lorsqu’il ne s’en accuse pas ? […] On découvre tous les jours que cette coûtume de se confesser si souvent donne lieu à des familiaritez dangereuses & de mauvaises attaches.
Il n’est pas facile de concevoir suivant votre raisonnement comment une chose peut être bonne et mauvaise à la fois. « Le spectacle, dites-vous, se borne à charger et non pas à changer les mœurs établies, et par conséquent la Comédie serait bonne aux bons et mauvaise aux méchants. »aa Il faut opter : le changement que la Comédie porte dans les mœurs est bon ou mauvais, la charge est une addition qui ne peut qu’être utile ou préjudiciable : or vous ne pouvez démontrer que les Auteurs Dramatiques, en respectant par exemple le penchant des Français à l’amour, aient présenté ce que cette passion a de vicieux, comme l’agrément le plus flatteur qu’elle puisse procurer, auquel cas le spectacle serait également mauvais pour tout le monde. […] Prouvez encore un coup que nos mœurs sont mauvaises et que nos Drames entretiennent la corruption. […] Une pauvre servante au moins m’était restée, Qui de ce mauvais air n’était point infectée ; Et voilà qu’on la chasse avec un grand fracas, A cause qu’elle manque à parler Vaugelas. […] Le Public trouve-t-il mauvais que ces deux amis, ou plutôt ces deux Rivaux se rendent aux bonnes raisons d’Arlequin et abandonnent le projet de se couper la gorge ?
La mauvaise opinion que des hommes prévenus et sans réflexion, prennent injustement des personnes de votre état, vous a semblé insupportable ; et votre âme n’a pu sans douleur se voir sans cesse entre l’admiration et le mépris. […] Tout le monde convient que la mauvaise conduite de quelques particuliers ne peut porter aucune atteinte au corps dont ils sont. Mais un corps auquel on accorde des Privilèges qui ne semblent faits que pour autoriser la mauvaise conduite, n’a-t-il pas reçu une tache en même temps que ses immunités ? […] Voilà des privilèges manifestement favorables aux mauvaises mœurs.
Un mauvais Génie pour le même dessein tâche de l’endormir par une chanson extrêmement languissante, il n’en vient pas à bout. […] Car si elle ne l’eût pas endormi, elle lui eût, peut-être, tellement rempli l’esprit de quelque folle passion, qu’il aurait été facile au mauvais Génie de lui enlever ses Troupeaux.
A-t-on jamais regardé de plus mauvais œil un honnête homme pour en avoir tué un autre ? […] Ce mauvais cadre, fort mal rempli, n’annonce que malignité, obscénité, irréligion. […] L’intention peut quelquefois avoir été bonne : qui voudroit en attribuer de mauvaises aux Jesuites, à Saint-Cir, à Racine converti ? […] Les meilleures pieces passent par ces épreuves, tandis que les plus mauvaises sont quelquefois prônées à l’excès. […] On ne sauroit leur donner de plus mauvaises leçons que ses tragédies.
Si on dit que les Grecs et les Romains le permettaient, je réponds que c’était par superstition pour leurs Dieux ; mais les plus sages les ont toujours blâmés, car quoique les tragédies corrompent moins, Solon ayant vu jouer une tragédie de Thespis, le trouva fort mauvais. […] Aristote eût bien mieux dit qu’il faut raser les théâtres, et fermer les portes de la ville aux Comédiens. » Aristote dit la même chose dans ses morales : les Comédiens corrompent les villes, « Mimi civitates corrumpunt. » Il n’est pas permis de regarder les actions mauvaises, et toutes les comédies en sont pleines : « In comœdiis tota fabula criminosa. » Le divin Platon (de Repub. […] Avant le jeu se passe le temps en devis impudiques, jeux de dés, gourmandises, ivrogneries, querelles, etc. » L’historien Matthieu, pour faire sa cour à Henri III, composa la Guisiade, mauvaise pièce dans le goût du temps, où il jouait le Cardinal et le Duc de Guise, que ce Prince n’aimait pas, et qu’il fit mourir. […] Dacier dit dans son Commentaire : « Je voudrais qu’on fit réflexion sur ces paroles d’un Païen : les Païens pouvaient avoir des raisons d’aller aux jeux publics, c’étaient des Magistrats qui les donnaient ; mais elles sont aujourd’hui très mauvaises, c’est une vertu et une marque de piété de les mépriser ; on ne doit juger des progrès qu’on a fait dans la sagesse que par l’augmentation de ce mépris. » M. […] Il serait infini de suivre dans toutes les Cours la fortune de la scène, et détailler les partisans ou les adversaires dans les Princes bons ou mauvais qui ont illustré ou déshonoré le trône.
Après avoir ravi l'innocence au premier homme, le démon, rival de la Divinité, s'est rendu comme maître des créatures par le mauvais usage qu'il en fait faire. […] Le lieu par lui-même n'est point mauvais ; on va bien sans péché dans les temples, quand ce n'est pas pour rendre quelque culte aux Dieux. […] « 20.° On fait un autre mauvais raisonnement en faveur du théâtre. […] Ce qu'il défend est toujours mauvais. […] il faut que le métier soit bien mauvais, les hommes les plus agréables ne sont pas épargnés.