On eut la hardiesse de le représenter buvant de l’or fondu, par une mauvaise imitation de ce Roi des Parthes, qui après avoir vaincu Crassus qu’on accusoit d’avarice, lui fit verser de l’or fondu dans la bouche. […] A Rome, comme à Paris on siffloit les mauvais acteurs, & on rapporte que les moindres fautes faisoient jouer les sifflets. […] L’un des mauvais procédés qui piquerent le plus vivement le Prince d’Orange, & lui firent entreprendre le siége d’Amsterdam où il échoua, ce fut de ce qu’on l’y avoit joué sut le théatre, en représentant ses amours avec une actrice Françoise nommée la Barre. […] Barrau eut ordre de se retirer ; la Cour de France ne lui en fit pas de réproches ; peut-être ne lui en sçut-on pas mauvais gré. […] Quelques Interprêtes prétendent, après le Texte Hebreu, qu’ils y employerent des parfums précieux de toute espece, préparés avec beaucoup d’art : mais le grand nombre d’après la Vulgate conserve l’idée de Courtisanne, qui est très-juste ; car il est vrai que les personnes de mauvaise vie usent de beaucoup d’odeurs, & des plus exquises, soit parce qu’elles favorisent la molesse & la sensualité, soit parce qu’elles empêchent de sentir les mauvaises odeurs, la mauvaise haleine qu’on contracte par la débauche ; ce qui a fait dire à Martial, il y a du mistère dans les parfums que vous portez, Non bene semper olet, qui bene semper olet.
C’est un mouvement cadencé & symmétrisé qui n’a rien de mauvais par sa nature ; il peut même être utile, il procure de l’agilité, de la fermeté, de la dignité, des graces. […] La danse n’est donc mauvaise que par les circonstances, & malheureusement ces circonstances en sont pour la plûpart inséparables, & toutes réunies dans la danse théatrale, ce qui a fait dire à S. […] Ces pensées, ces désirs mauvais, ces péchés sans nombre, qui en ont préparé les voies, doivent-ils bien attirer les bénédictions du ciel après le mariage ? […] Quand on avance hardiment qu’il ne se passe rien que d’innocent dans la danse, ne diroit-on pas qu’il s’agit d’une danse de marionnettes insensibles à tout, & pour qui tout est insensible, qui n’ont ni des yeux pour jeter de mauvais regards, ni de langue pour dire de mauvaises paroles, ni d’oreilles pour les entendre, ni de mains pour prendre des libertés criminelles, ni desprit pour avoir de mauvaises pensées, ni de cœur pour former de mauvais desirs ? […] les mauvais regards, les discours licencieux, les désirs, les pensées d’impureté, les libertés, le scandale, l’occasion donnée du péché, ne sont-ils pas dans les principes du Christianisme de véritables péchés ?
L’intention des premiers Comédiens était aussi bonne que celle des derniers est mauvaise. […] Ceux qui roulent sur les choses saintes, ou les Ministres de l’Eglise, produisent un mauvais effet, en inspirant du mépris pour eux et pour la religion. […] Si le premier profane la sainteté de la personne par de mauvais discours, l’autre profane la sainteté de la parole par la corruption de la personne. […] On peut profiter des plus mauvais sermons débités par les plus mauvais Prédicateurs. […] Ces vérités, quoiqu’évidentes, ces mauvais effets, quoique très réels, frappent peu de personnes.
; parce qu’ils vont le recueillant indifféremment des sources bonnes et mauvaises, aux dépens de tout et même de la vertu, si le plaisir le demande. C'est encore un nouveau motif à ce philosophe pour bannir de sa République les poètes comiques, tragiques, épiques, sans épargner ce divin Homère, comme ils l’appelaient, dont les sentences paraissaient alors inspirées : cependant Platon les chassait tous, à cause que ne songeant qu’à plaire, ils étalent également les bonnes et les mauvaises maximes ; et que sans se soucier de la vérité qui est simple et une, ils ne travaillent qu’à flatter le goût et la passion dont la nature est compliquée et variable.
On ne peut pas douter que, dans les commencements, les Poètes, les Spectateurs et les Gouvernements n’ayent reconnu, d’un aveu unanime, que le Théâtre n’avait rien de mauvais, et qu’il méritait, au contraire, d’être soutenu et suivi ; mais, lorsque le profane fut resté en possession de la Scène, les sentiments se trouvèrent partagés. […] L’amour de Théâtre des Anciens était scandaleux, et les Modernes ont bien fait de le proscrire ; mais le prétendu amour honnête, que les Modernes ont introduit, ne mérite pas plus de grace ; parce que, tel qu’il est, non seulement il ne peut jamais corriger, mais il sera toujours très pernicieux et de mauvais exemple, malgré le verni d’honnêteté dont on veut le couvrir.
Thomas, il n’y a rien de si facile que de résoudre les questions morales et les cas de conscience, quand on les considère en la thèse ou selon la théorie, dans leur genre ou dans leur espèce, parce qu’une action morale n’est bonne, mauvaise ou indifférente en son espèce, que par le rapport qu’elle a à son objet, selon qu’il est bon, ou mauvais, ou indifférent ; mais il n’y a rien de si malaisé que de résoudre ces mêmes questions en particulier et en hypothèse, parce qu’une action n’est pas bonne en l’individu seulement par son objet, mais par l’assemblage de toutes les circonstances nécessaires, et qu’il ne faut que l’absence d’une bonne circonstance, ou la rencontre d’une mauvaise, pour rendre vicieuse une action qui de soi serait bonne ou indifférente : Bonum ex integra causa, malum ex quolibet defectu.
Plusieurs pénitens pleins de vénération pour leur sac & leur capuchon, ont aussi trouvé fort mauvais qu’on en eût fait l’uniforme des gardes ; ils s’en sont plaints amérement, de vive voix, & par écrit ; car il a paru des lettres anonimes qu’on leur attribue, où on fait un grand éloge de leur saint habit, & l’on porte plainte à l’Evêque de Saint-Pons, à qui elles sont adressées, de l’affront qu’on a fait à la vénérable confrerie, en plaçant des pénitens sur le théatre, comme si elle étoit une troupe de comédiens, & comment trouver l’esprit de pénitence sous un habit devenu prophane ? A quelles mauvaises pensées vent être exposés les chastes confreres, en portant une décoration de théatre ? […] Le Parlement de Toulouse reveillé par la suneste catastrophe de Marseille, a cru devoir agir comme il fit en 1721, contre la peste de Marseille ; il a porté l’arrêt le plus sévere contre tous ceux qui font le moindre bruit à la comédie ; il a défendu de siffler, de crier, de blamer, de louer, de demander, de rejetter aucune piéce, bonne ou mauvaise. Toutes auront le même sort, on y doit être comme au sermon, bon ou mauvais, dans la modestie & le silence, sauf à n’y plus rétourner, si on n’est pas content, sous peine de l’amende, de la prison, & même de peine corporelle en cas de récidive. […] Les comédiens ont applaudi, les poëtes sont enchantés, on pourra impunément faire de mauvais vers & de mauvais gestes, sans craindre le jugement du parterre, & les sifflets importuns.
C’est celui du grand Juge qui doit juger de toutes vos actions : Regarder une femme avec un mauvais désir, c’est, dit-il, avoir commis l’adultère dans son cœur : Jam mœchatus est in corde. […] Aura-t-on l’impudence de dire qu’on n’a formé aucun mauvais désir ? […] Ne vous lassez pas de faire des efforts ; la mauvaise habitude est un arbre qu’il faut abattre. […] Ce ne sont pas seulement des chevaux qui courent, ce sont des blasphêmes, des cris, des querelles, des discours licentieux, que de toutes parts on entend, des femmes de mauvaise vie, par-tout répandues & étalées, des libertins, des gens mous & efféminés. […] Dieu ne dit pas moins aux gens mariés qu’aux Religieux : Si vous regardez une femme avec un mauvais désir, vous avez commis adultère dans le cœur.