Il y manque la Sœur Cécile ; & le Moine, bien loin de fuir précipitamment, s’arrête & tourne la tête pour voir sa maîtresse.
Pouvons nous manquer d’avoir une musique éxcellente ; puisque nous avons joint le goût savant & ingénieux de la musique Italienne au goût naturel & simple de la musique Française ?
Si la Pièce est sage, instructive, comme le Misanthrope, le Menteur &c. en elle-même, elle doit corriger, épurer les mœurs : Si l’Acteur, si l’Actrice ont un autre but que de seconder le but du Drame ; si l’envie de plaire, de séduire leur fait chercher à réveiller dans les sens une volupté dangereuse ; si leur conduite expose à la dérision les maximes que le Poète met dans leur bouche, c’est alors l’Histrionisme qui devient contraire aux mœurs ; c’est lui qui ne peut manquer de vicier & d’anéantir l’effet naturel qui devait suivre le Drame ; non que ce soit un inconvénient réel, que la plupart des Spectateurs se trouvent attirés aux représentations dramatiques par le plaisir que donne le jeu de tel Acteur ou de telle Actrice ; cet attrait non-seulement augmente leur nombre, mais contribue infiniment à leur faire goûter la morale & les leçons : cependant s’il est nécessaire que l’attente ne soit pas trompée, & qu’on trouve ce genre de plaisir à nos Théâtres, il est clair en même-temps qu’une Pièce est bien imparfaite, & loin du but où doit tendre la bonne Comédie, lorsque son Auteur, sacrifiant le principal à l’accessoire, n’a cherché qu’à donner le plaisir résultant de la Représentation : la Pièce est dangereuse, lorsqu’elle nous divertit par des scélératesses* dans le Drame ; elle est inadmissible, lorsqu’elle ne plaît que par la volupté qu’y réveillent à chaque mot les mines provoquantes de l’Actrice, ou le jeu libre & sémillant de l’Acteur.
Mais ce feu céleste qui échauffe et embrase l’âme ; ce génie qui consume et dévore ; cette brûlante éloquence, ces transports sublimes qui portent leurs ravissements jusqu’au fonds des cœurs, manqueront toujours aux écrits des femmes : ils sont tous froids et jolis comme elles ; ils auront tant d’esprit que vous voudrez, jamais d’âme ; ils seraient cent fois plutôt sensés que passionnés : elles ne savent, ni sentir, ni décrire l’amour même.
On sent que les exemples ne manqueraient pas pour venir à l’appui de ce que je viens de dire.
« La seconde chose qu’ils objectent, est qu’il y a des Comédies saintes, qui ne laissent pas d’être belles, et sur cela on ne manque jamais de citer Polyeucte ; car il serait difficile d’en citer beaucoup d’autres.
La Reine, qui aime le faste, y prodiguera la meilleure partie de notre argent, & on en manquera au besoin. […] Il ne manqua pas, selon ses instructions, de sémer des fleurs de Cithere sur les pas d’Elizabeth, qui en fut très-flattée.
Henri, qui ne savoit que se battre, vint avec éclat, l’ennemi se retire, & le projet manque. Pardieu , dit Sulli, vous avez fait là une belle levée de bouclier, qui fait manquer le service que nous voulions vous rendre.