Combien de fois, nous Pasteurs chargés du soin des Ames, ne devenons-nous pas les tristes dépositaires des épanchements de cœur de ces Parents qui gémissent de voir les appuis de leur maison se livrer à mille folles dépenses qui les ruinent, ou à des écarts plus criminels encore qui les déshonorent ; de tendres Epouses qui versent des larmes les plus amères sur la bizarrerie insultante de leurs époux, qui leur préfèrent, aux dépens de leur santé et de leur fortune, les vils objets de leur scandaleuse complaisance.
Un homme qui aime sa vie, n’entrera pas aussi dans une maison suspecte de peste. Cependant l’on va gaiement à la comédie, qui est un lieu bien plus contagieux pour l’âme, que ne le sont pour le corps des maisons infectées de petite vérole et de peste.
les rues, les places, les bains, les hostelleries, nos maisons mêmes ne sont point sans quelque idole ; Satan et ses anges ont occupé tout le monde. […] Quoiqu’il en soit Pompée le grand, dont la grandeur ne céda qu’à celle de son théâtre, ayant fait bâtir le superbe édifice, qui était comme la citadelle de toutes les infamies ; et craignant les justes reproches que ce monument attirerait un jour à sa mémoire, le métamorphosa en une maison sacrée.
« Les maisons particulières, dit S. […] , étaient autrefois des Eglises, les Eglises aujourd’hui ne sont plus que des maisons particulières. […] Dès qu’il l’eut reçu, il se fit porter en sa maison de la Grange proche de Pézenas : Il commença à s’y trouver mieux durant quelques jours. […] Et c’est pour cette raison qu’il avait donné ordre qu’on lui achetât une maison à la campagne proche de Paris. […] ne prenons-nous pas les plus fidèles que nous pouvons trouver, afin qu’il n’arrive aucun désordre dans nos maisons ?
Aussi, grâces à son empressement à satisfaire aux premiers besoins du peuple français, jouissons-nous déjà du bienfait de cette loi salutaire, qui autorise le rétablissement de ces pieuses maisons destinées à former nos jeunes lévites à la pratique de toutes les vertus chrétiennes et à l’enseignement de la morale céleste. […] On peut comparer ces maisons d’étude et de paix, retraites sacrées et inaccessibles, à des vaisseaux richement chargés, qui, à travers l’océan des âges et le déluge des barbares, ont conservé le dépôt des connaissances qui ornent et consolent le genre humain, comme une autre arche, dans un autre déluge, avait sauvé le genre humain lui-même.” […] Quel respect et quelle vénération peut inspirer la religion, lorsque sur la scène, il n’entend professer sa doctrine que par l’organe odieux de l’hypocrisie27 ; qu’on ne lui présente les ministres de son culte que sous les livrées du fanatisme le plus atroce ; qu’enfin on n’y ouvre l’intérieur des maisons anciennement consacrées à la prière ou au repentir, que pour en faire sortir de l’horreur des cachots ténébreux, et sous le poids des fers, de pâles et tremblantes victimes de l’oppression ou de la barbarie1. […] J’en puis dire autant de ce ton de familiarité, dont on fait, en entrant chez elle, une des conditions essentielles du service de sa maison. […] Où n’a-t-on pas rencontré de ces malheureux, qui, fiers d’usurper le titre de défenseur, en avilissaient et dégradaient l’honorable ministère jusqu’à mendier, au milieu d’une crapuleuse ivresse, ou d’une honteuse familiarité, les faveurs et la protection du dernier des employés au service de ces maisons de douleur et de larmes, où le crime et l’innocence, trop longtemps confondus, attendent, en frémissant, l’arrêt qui doit décider de leur sort ?
7 » Que celle qui était peut-être chaste quand elle est allée aux Spectacles, en est sortie impudique, et est retournée en sa maison du moins avec des sentiments impurs. […] ceux, dis-je, qui à force de conduire des intrigues secrètes dans leurs maisons, apprennent à les mieux représenter sur le Théâtre, ou peut-être à force de les représenter sur le Théâtre, s’accoutument et apprennent à les mieux conduire ailleurs. […] Je connais une Demoiselle qui a demeuré plus de quatre années dans une maison dont un Comédien était le principal locataire, et qui pendant tout ce temps ne fréquenta et ne visita la famille Comédienne que quand elle ne le pouvait éviter, quoiqu’on ne manquât pas de la gratifier souvent de billets d’Amphithéâtre qu’elle avait soin ou de renvoyer ou de supprimer. […] Et emportant les vices du Théâtre, on s’en retourne en sa maison plus corrompu et plus déréglé qu’on n’était. « Et adharentibus vitiis corruptiores ad cubicula revertuntur ». […] Quand le Roi ordonne aux Seigneurs de sa Cour, ou aux Officiers de sa Maison ou de ses Armées, de se galonner d’or et d’argent, ces habits qu’on appelle d’Ordonnance ne pourront jamais faire condamner de luxe ceux qui les portent.
L’autre, surnommée Tabernaria parce qu’elle n’était décorée que de maisons simples de pauvres gens, a quelque ressemblance avec notre Opéra-bouffon ; mais ce n’est pas ici le lieu de le prouver.
Mais les cœurs des hommes sont si pervertis et si rebelles, qu'ils s'imaginent que le monde est dans une pleine félicité, lors que ceux qui l'habitent ne pensent qu'à orner et à embellir leurs maisons, et qu'ils ne prennent pas garde à la ruine de leurs âmes : qu'on bâtit des Théâtres magnifiques, et qu'on détruit les fondements des vertus : qu'on donne des louanges et des applaudissements à la fureur des Gladiateurs, et qu'on se moque des œuvres de miséricorde; lors que l'abondance des riches entretient la débauche des Comédiens, et que les pauvres manquent de ce qui leur est nécessaire pour l'entretien de leur vie ; lors que les impies décrient par leurs blasphèmes la doctrine de Dieu, qui par la voix de ses Prédicateurs crie contre cette infamie publique, pendant qu'on recherche de faux Dieux à l'honneur desquels on célèbre ces Spectacles du Théâtre, qui déshonorent et corrompent le corps et l'âme.