Nos rituels y sont formels, ils sont encore irréguliers pour les ordres sacrés, et la sépulture Ecclésiastique leur est déniée après leur mort, or si leur profession est illicite et reprouvée par les lois du Christianisme, en quelle conscience peut-on contribuer à les entretenir et les autoriser par sa présence ?
Si nous sommes en danger dans l’Eglise, où le précepte de Dieu nous rassemble, serons-nous en sûreté aux spectacles d’où sa loi nous bannit ?
« Oui je lui ferai voir par d’infaillibles marques, Qu’un véritable amour brave la main des Parques, Et ne prend point de loi de ces cruels tyrans, Qu’un sort injurieux nous donne pour parents.
« Quelle est, dit Tertullien, cette corruption qui fait que l’on aime ceux que les lois publiques condamnent ; qu’on approuve ceux qu’elles méprisent ; qu’on relève un art et un emploi, en même temps qu’on note d’infamie ceux qui s’y adonnent ?
C’est faire beaucoup de grace à un libertin qui ne connoît aucune loi de pudeur, ni pour lui-même, ni pour le Peintre, ni pour les femmes, ni pour le public. […] La loi de la pureté leur impose les mêmes devoirs, & la concupiscence leur fait courir les mêmes risques.
Il est juste que la vertueuse Arnoud achete à son tour un amant qui lui plaise ; c’est la loi du commerce, après avoir satisfait tant d’honnêtes gens, à un juste prix ; il y auroit de la mauvaise humeur de lui réfuser la liberté de se satisfaire ; mais le théatre y va beaucoup perdre. […] Pour séduire une femme très-respectable de la Cour d’Hongrie, un Prince son amant, ordonna sous main, aux acteurs de ne représenter que des piéces où la foiblesse des femmes fût toujours excusée ; ainsi tout disoit à cette Dame qu’une femme peut se livrer sans crime, au penchant de son cœur ; mille exemples, moyens plus persausifs que tous les discours, l’assuroient que le deshonneur ne suit pas toujours une tendre foiblesse, que la plus austere vertu n’est pas à l’abri des soupçons, que la loi de la fidélité n’est qu’un joug imposé par la tyrannie des maris, qu’une femme sage peut reprimer les desirs ; mais qu’il lui est impossible de n’avoir pas de penchant.
Il entasse une foule de lieux communs en faveur du mariage que personne ne conteste : La Cour de Rome, ajoute-t-il, n’a imaginé la loi du célibat ecclésiastique que pour former dans chaque royaume un corps à part, prêt à servir contre la puissance temporelle, & ne reconnoître que le Pape pour souverain. […] n’est-ce pas dire que les Princes heureux ne sont trop souvent que des tyrans, que le peuple en faisant la loi à ses Rois, quand leur foiblesse le lui permet, ne fait que reprendre ses droits & ses franchises, & même en le déposant, comme Jean sans terre, Charles I, Jacques II, & le foible Childeric ?
Que l’homme ose se mesurer avec son Dieu et le sujet avec son roi, l’accuse, le condamne, le brave ; que dans la colère on donne la mort à ses semblables, on se la donne à soi-même, l’audace extravagante de ces idées qui renversent tout ce qu’inspire la religion, les lois et la nature, frappe, étonne, effraye, saisit d’horreur. […] Une mauvaise éducation laisse ignorer les lois de la décence, la paresse néglige de les observer, la dureté du caractère s’y refuse on ne sait pas s’y assujettir.