Malgré l’étendue de la matière, je tâcherai d’être le plus court qu’il me sera possible ; il n’appartient qu’à vous d’être long et d’être lu, et je ne dois pas me flatter d’être aussi heureux en écarts. […] On n’écrit donc, Monsieur, que pour être lu, et on ne veut être lu que pour être estimé ; j’ajoute, pour être estimé de la multitude, de cette multitude même, dont on fait d’ailleurs (et avec raison) si peu de cas. […] Nous ne pouvons nous dissimuler que dans les ouvrages de goût et d’agrément, elles réussiraient mieux que nous, surtout dans ceux dont le sentiment et la tendresse doivent être l’âme ; car quand vous dites « qu’elles ne savent ni décrire, ni sentir l’amour même » v, il faut que vous n’ayez jamais lu les Lettres d’Héloïsew, ou que vous ne les ayez lues que dans quelque Poète qui les aura gâtées. […] Le plaisir de vous lire ne nuira point à celui de vous entendre ; et vous aurez longtemps la douleur de voir le Devin du village y détruire tout le bien que vos écrits contre la Comédie auraient pu nous faire. […] A l’égard de leur Profession de Foiad, je me borne à vous y renvoyer et à vous en faire juge ; vous avouez que vous ne l’avez pas lue, c’était peut-être le moyen le plus sûr d’en être aussi satisfait que vous me le paraissez.
Ceux qui liront ce qu’il y a couché, et le conféreront avec mon écrit, y trouveront un merveilleux rencontre en divers endroits, soit ès raisons, soit en diverses des autorités : mais ce n’est pas la première fois, que ceux qui traitent même sujet, et lisent mêmes Auteurs, coïncident en leurs observations. […] Paul a lu et cité Ménandre, qu’il a prêté faveur aux Théâtres dont est notre débat. […] dj Saint Paul a lu Ménandre, mais c’a été pour lui faire son procès, et à tous ceux qui de même que lui enseigneraient la dissolution, et non pas pour y avoir part. Au reste, nous oyions naguère un grand homme qui bannissant les Tragédies de sa République, pour ce qui est de les jouer, permet qu’on les retienne, pour ce qui est de les lire, à cause de leur érudition. Ainsi il n’eût pas donné aveu à cette conséquence, que saint Paul eût trouvé bon qu’on eût représenté sur le Théâtre celles de ce Poète, poli et savant, à cause qu’il les avait lues.
Je le lus avec réflexion, & le goûtai peu. […] Mon ami, vous l’avez lue comme moi ; rappelez-vous le reste ; & souvenez-vous de ce jour, où nous lisions ensemble la première Partie de la Nouvelle-Heloïse ; vous pleuriez, ou plutôt nous pleurions ; vous vous levates avec vivacité, en vous écriant, Quel divin genie ! […] J’ai remarqué les endroits ; je vais les lire : nous verrons ce que vous y opposerez. […] (Je continue de lire). […] Les Calenders vont par-tout lire des Rimes qu’ils ont composées.
Des personnes de piété et de savoir qui sont en charge dans l’Eglise, et qui connaissent les dispositions des gens du monde ont jugé qu’il serait bon d’opposer à une dissertation qui se faisait lire par sa brièveté, des réflexions courtes, mais pleines des grands principes de la religion : par leur conseil, je laisse partir cet écrit pour s’aller joindre aux autres discours qui ont déjà paru sur ce sujet.
Qu’ils lisent vos Ouvrages, ils y verront la manière dont on suit les règles si recommandées par les Partisans de la Nature & du vrai Beau.
Ce n’est pas que j’ignore que mon Lecteur, s’il a retenu tout ce qu’il a lu jusqu’à présent, ne soit en droit de me regarder comme l’ennemi déclaré de la passion d’amour sur la Scène ; et j’avoue sans peine qu’il aura raison : cependant, autant que je suis contraire à cette passion, lorsque la représentation en est nuisible, et qu’au lieu de guérir une maladie, elle ne fait que la rendre plus dangereuse ; autant suis-je éloigné de l’exclure du Théâtre, toutes les fois qu’elle y pourra paraître avec utilité, et d’une manière qui tende à en corriger les inconvénients. […] Racine connaissait trop bien l’antiquité ; il avait trop lu Sophocle et Euripide, pour tirer vanité (comme a fait Corneille) d’avoir su se passer de l’amour dans sa Thébaïde : mais il s’en serait passé sans doute, s’il l’eût osé, dans toutes ses autres Tragédies, comme dans sa première. […] Crébillon, j’étais d’une certaine façon prévenu contre elle ; on m’avait dit qu’elle était si atroce qu’on ne pouvait, sans frémir, en voir la représentation : après l’avoir lue, sans condamner tout à fait ceux qui m’en avaient fait ce portrait, je me sentis engagé à faire quelques réflexions sur la différence du goût des hommes dans les différents temps. […] Si pourtant on se donne la peine de lire avec attention la mort de César, de M. de Voltaire, je suis persuadé qu’on conviendra que, dans toute Pièce aussi bien imaginée et aussi rigoureusement écrite que celle-ci, les rôles des femmes peuvent être supprimés, sans que les Spectateurs les regrettent.
Athalie conforme à tous les Principes d’Aristote, nous met-elle en état de disputer aux Grecs lu supériorité dans la Tragédie ?
J’ai lu aussi la lettre du Père Caffaro.