pouvez-vous souffrir une licence dont vous n’ignorez pas le péril, et qu’il est si nécessaire de réprimer ?
Afin que la licence des spectacles n’ait plus de frein, et que les principes qu’on y avance passent après cela d’une commune voix, il faut entreprendre l’Etat Ecclésiastique et le faire tomber dans le décri.
Quel bien allez-vous faire dans ces lieux de licence & de faste ?
Une troupe d’hommes faisant métier de renoncer à tous parens, à toute patrie, & de courir de ville en ville, jouant la comédie pour de l’argent, tous les jours indistinctement, devant des gens que le désœuvrement, la dissipation & le hazard y conduisent ; ces Comédiens ne jouassent-ils d’abord que des pieces les plus épurées, entraîneront nécessairement avec eux le désordre, la licence, & le relâchement des mœurs qui regne toujours au milieu de la multitude.
Cela est permis aux Poètes, et quand même on ne voudrait pas se donner cette licence, n’y a-t-il pas une infinité d’Histoires Chrétiennes qui n’offrent que de beaux noms ?
, le Cirque, car la licence y est si grande, que l’honneur des filles n’y est pas en sûreté, étant assises auprès des hommes qui leur sont inconnus. » Il ne s’ensuit pas non plus de ce que les Comédies et les Tragédies étaient représentées à l’honneur des Dieux, qu’il n’y en eût de très mauvaises remplies d’impiétés, d’erreurs, et d’impuretés, et qui par conséquent n’étaient pas des actes de Religion comme nous le ferons voir dans la 5. observation de ce chapitre. […] Oratorum ac Vatum victorias incitamentum ingeniis allaturas : Nec cuiquam Judici grave aures studiis honestis et voluptatibus concessis impartire : lætitiæ magis, quam lasciviæ dari paucas totius quinquennii noctes, quibus tanta luce ignium nihil illicitum occultati queat. » même cette licence agréable ; mais ils déguisaient leurs vices sous des noms honnêtes : ils disaient que la sévérité de nos Ancêtres, n’avait pas même été ennemie du divertissement des Spectacles, et qu’ils en avaient tout le soin, qu’on en pouvait avoir alors : Qu’ils avaient envoyé quérir en Toscane des farceurs et des baladins, et tiré d’un autre endroit les plaisirs du Cirque : Qu’étant maîtres de la Grèce et de l’Asie, ils avaient fait leurs jeux avec plus d’appareil ; et que cela avait apporté si peu de corruption, qu’en l’espace de deux cents ans qu’il y avait depuis le triomphe de Mummius, qui avait introduit ces plaisirs dans Rome, il ne s’était trouvé personne d’honnête famille qui fût monté sur le Théâtre. […] Que si l’on veut savoir quel était le sentiment de Tacite sur ce sujet, il n’est pas difficile de reconnaître qu’il condamnait les Jeux et le Théâtre ; puisque rapportant les raisons qu’employaient ceux qui voulaient persuader qu’il était raisonnable d’établir des Jeux, et de bâtir un Théâtre, il dit« Pluribus ipsa licentia placebat ; ac honesta nomina prætendebant. », « Qu’ils trouvaient même la licence des Jeux du Théâtre agréable, et qu’ils déguisaient leurs vices sous des noms honnêtes. » Il n’est pas aussi moins facile de montrer quel était le sentiment de Quintilien sur ce même sujetQuintil. […] Et certes c’est avec grande justice qu’elles ont fait cette ordonnance ; car si notre vie doit être soumise à la puissance de la Justice, à la censure et à la connaissance légitime des Magistrats ; elle ne doit pas être en proie à la licence des Poètes : et il ne doit point être permis de nous dire une injure, sinon à condition que nous y puissions répondre, et que nous ayons la liberté de nous en défendre, et d’appeler l’autorité publique à notre secours... » « Cicéron passe ensuite à d’autres discours ; et pour conclure il montre enfin que les anciens Romains ne pouvaient souffrir qu’un homme vivant fût ni loué, ni blâmé sur le Théâtre » « …Dicit deinde alia ; et sic concludit hunc locum, ut ostendat veteribus disciplicuisse Romanis, vel laudari quemquam in scena vivum hominem, vel vituperari. » Idem.
Paul né frapperoit point des oreilles dramatiques ; mais au moins ne peut-on se dissimuler que les nouvelles Gorgones ne soient tous les jours souillées dans nos Eglises par les regardt & les discours, les désirs & la licence de nos nouveaux Neptunes ; que leur fard, leurs nudités, leurs parures ne les attrouppent au tour d’elles, & que leur vanité, leur libertinage ne donne volontairement ce scandale sacrilége.
Si l’on trouve de l’indécence dans les Drames de Quinault, on ne l’entre-voit que dans certaines maximes, & tout au plus dans une Scène entière : au-lieu que la plus part des Sujets du nouveau Théâtre sont d’une licence révoltante ; & que plusieurs de ses Poèmes font d’un bout à l’autre rougir la vertu.