S’ils n’ont rien éprouvé de criminel au spectacle, c’est une ignorance, un aveuglement volontaire & inexcusable, contraire au sentiment de tout le monde & à leur propre conscience, une punition redoutable ; que la tolérance des Princes n’excuse pas devant Dieu ceux qui y vont ; que le projet de réformer le théatre, proposé par Muratori & par Riccoboni, est une chimère ; que le théatre ne sert de rien pour corriger les mœurs ni des Princes ni des particuliers, & ne travaille point en effet à les réformer ; qu’il ne produit d’ailleurs aucun bien, qu’il n’attire point les étrangers, n’enrichit point l’Etat, n’empêche aucun autre crime, n’est point nécessaire au divertissement du public, nuit au contraire à tout ; & fait les plus grands maux ; que si quelques Casuistes ont été plus indulgens, ils sont très-répréhensibles ; que leur opinion même, bien appréciée, n’est pas si favorable qu’on pense, & réduit presque à rien la liberté qu’on prétend se donner ; qu’ils ont contr’eux les plus grands hommes, dont le suffrage est bien préférable, le Pape Benoît XIV, le Cardinal Bellarmin, Bossuet, Jacques Pignatelli, Mariana, &c.
Quoique les autres œuvres de piété ne soient pas d’une obligation aussi précise que la messe, puisque l’Eglise nous laisse la liberté du choix, ce serait s’abuser de croire qu’après une messe basse entendue, on est quitte de tout, et si fort maître de son temps, qu’on peut impunément le perdre.
Enfin il conclut que les Chrétiens blâmaient la grande dépense de ces Spectacles, l’oisiveté qu’ils fomentaient, le rencontre des hommes et des femmes qui s’y trouvaient mêlés et disposés à se regarder avec trop de liberté et de curiosité.
Les mœurs de Rome depuis l’extinction de la liberté, & celle de la Cour des Empereurs, y font représentées avec une fidélité singulière. […] Il y a, je le sens, bien de la liberté dans cette critique rigoureuse, à laquelle personne n’avoit pensé avant moi.
Reconnoît-on l’air d’aisance & de liberté, le ton de nature & de vérité recommandée si scrupuleusement aux Acteurs ! […] Les pratiques qu’elle prescrit, peuvent être plus ou moins étroites, plus ou moins scrupuleuses suivant les circonstances ; mais s’il est des momens où l’on puisse se mettre un peu à l’aise, ce ne doit jamais être absolument aux dépens de l’esprit de sagesse & de régularité qui caractérise la vertu : or, est-ce dans ces Cotteries où la liberté, souvent la licence, quelquefois la crapule président, que non pas les maximes & les régles, mais seulement la réserve & la circonspection ont lieu.
Il s’en acquitta avec tant de liberté, d’adresse & de grace, qu’on ne parloit à la Cour que de sa bonne mine, sur tout les Dames qui ne se lassoient point de danser avec lui.
On doit sur-tout l’attribuer au trop de liberté qu’on laisse aux Actrices : on ne daigne imposer aucuns devoirs à des femmes destinées à l’emploi sublime de faire passer dans nos âmes le sentiment vif, animé de toutes les beautés de notre Corneille, de notre Racine, de notre Voltaire.
Mais comme Sa Majesté Nous a pareillement ordonné d’empêcher à l’avenir qu’il n’arrive de semblables désordres, et d’établir dans les lieux destinés aux divertissements publics, la même sûreté qui se trouve établie par les soins et par la bonté de Sa Majesté dans tous les autres endroits de Paris : Le Procureur du Roi Nous a requis qu’il fût sur ce par Nous pourvu, afin que ceux qui voudront prendre part à cette sorte de divertissement, d’où présentement tout ce qui pourrait blesser l’honnêteté publique doit être heureusement retranché, aient la liberté de s’y trouver sans craindre aucuns des accidents auxquels ils ont été si souvent exposés.