Les allégations de plusieurs Auteurs ne sont pas beaucoup nécessaires en cette occasion : Nous ne doutons point premièrement que l’Histrion ou Bateleur ne pût être autre chose que le Comédien : Aujourd’hui ceux qui dansent sur la corde et qui font des sauts périlleux, ou qui jouent des gobelets, ne sont pas ceux qu’on appelle des Comédiens, et qui représentent des Pièces sur le Théâtre : On a encore voulu faire distinction entre ceux qui jouaient des Comédies facétieuses, et ceux qui représentaient des Tragédies, et autres Pièces de leur style, comme si ceux qui ne jouaient que des Pièces sérieuses eussent été des Hommes vénérables. […] Il y a des Pièces entières qui sont de ce style, et d’autres qui ne causent pas moins de mal, à ce que l’on pense, par le mépris des lois du Mariage et de toutes les bonnes mœurs, ce qui est leur principal sujet ; Et pour montrer que ce ne sont point de misérables Farces faites à la hâte, comme celles que les Saltimbanques et Charlatans jouent aux places publiques, elles sont faites toutes exprès par des Auteurs dont les noms sont aux affiches et aux Livres imprimés, comme voulant en tirer de la gloire, et l’on trouve de ces belles Pièces autant en Vers qu’en Prose. Les Poètes et les Comédiens diront que ces Comédies ne se jouent pas souvent, et que s’il en échappe quelques-unes, c’est pour plaire au peuple qui les demande, et que pour eux ils aimeraient mieux tirer du profit des Pièces sérieuses quand elles sont en crédit, afin de se conserver en honneur et en estime, et qu’on n’eût plus rien à leur reprocher. […] Puisqu’on permet bien en des maisons Religieuses, que des Enfants de qualité jouent leur personnage dans des Comédies composées exprès, on connaît donc qu’on en peut faire de raisonnables qui ne sont pas à rejeter. […] On ajoute une proposition assez judicieuse qui est, que comme l’on examine toute sorte de Livres avant que de permettre de les imprimer, et de les communiquer au public, il faudrait qu’il y eût un Magistrat qui examinât, ou qui fît examiner par Gens experts, les Pièces que l’on voudrait faire jouer devant le peuple, afin que leur représentation ne pût nuire à personne : Mais des Censeurs inexorables diront que d’ériger une Académie pour les Comédiens, ce serait autoriser leur Profession, comme si elle était fort nécessaire au public ; Et pour ce qui est du reste, qu’au lieu de donner la peine à un Magistrat d’examiner les Comédies dignes d’être représentées, il vaudrait mieux les condamner entièrement ; Que par ce moyen on ne craindrait ni brigue, ni surprise, et l’on ne se mettrait point au hasard d’en recevoir du dommage.
De la présentation des Poëmes aux Comédiens ; de leur réception, & du choix de ceux qu’on joue dans les intervales. Un Comédien joue-t-il pour soi ? Si cela est, il peut jouer telle Piéce qu’il lui plaît. […] C’est donc pour le spectateur que le Comédien joue.
Les choses saintes ne sont pas faites pour être jouées et servir d’amusement au peuple. […] Ce Peintre serait regardé comme un impie, qui aurait voulu jouer la religion. […] Les Saints et Dieu même l’ont fait : le livre de Job et le Cantique des Cantiques sont des espèces de drames qu’on n’a jamais joués, qu’on n’oserait jouer, et qui ne furent pas composés pour être joués. […] Mais ils sont absolument étrangers dans le pays de la vertu ; pour la jouer naturellement, il faudrait les transformer. […] Ils ne joueraient pas la vertu, s’ils la pratiquaient, s’ils la connaissaient.
L’usage des masques empêchait qu’on ne vît souvent un Acteur déja flétri par l’âge, jouer le personage d’un Jeune-homme amoureux & aimé. […] Le visage sous lequel l’Acteur paraissait, était toujours assorti à son Rôle ; & l’on ne voyait jamais un Comédien jouer le Rôle d’honnête-homme avec la Physionomie d’un fripon. […] C’est ainsi qu’agissait le Comédien, quand il jouait des Scènes où il devait changer d’affection, sans qu’il pût changer de masque derrière le Théâtre. […] Julius Pollux, qui composa son Ouvrage sous l’Empereur Commode, dit que le masque du Vieillard qui joue le premier Rôle dans la Comédie, doit être chagrin d’un côté, & serein de l’autre. […] Le masque servait aux Anciens, à faire faire à des hommes les Rôles de femmes ; à représenter au naturel les différentes Nations, & quelquefois, comme dans les Pièces d’Aristophane, à jouer, sous leurs propres traits, des personages vivans.
Conteours ou Conteurs inventaient des Historiettes en prose qui ont été imitées par Boccace, et comme sont aujourd’hui nos contes des Fées ; et les Jongleours ou Jongleurs jouaient des instruments. […] néanmoins qui se reformèrent s’y rétablirent, et y furent soufferts dans la suite du règne de ce Prince, et des Rois ses Successeurs : nous en avons la preuve dans un tarif qui fut fait par saint Louis, pour régler les droits de péage, qui se payaient à l’entrée de Paris sous le Petit Châtelet ; l’un des articles porte, que le « Marchand qui apporterait un Singe pour le vendre, payerait quatre deniers ; que si le singe appartenait à un homme qui l’eût acheté pour son plaisir, il ne donnerait rien : que s’il était à un joueur, il en jouerait devant le Péager, et que par ce jeu, il serait quitte du péage, tant du singe, que de tout ce qu’il aurait acheté pour son usage. […] Il y a une ancienne Ordonnance de Guillaume de Germont Prévôt de Paris, du jour de sainte Croix en Septembre 1341. qui défend à ceux ou à celles des Jongleurs ou « Jongleresses, qui auraient été louées pour venir jouer dans une assemblée, d’en envoyer d’autres en leurs places, ou d’en amener avec eux un plus grand nombre que celui dont on serait convenu. » ParLivre rouge ancien, f. 123. […] Tous sont renfermés dans celui du mois de Janvier 1560. aux Etats d’Orléans ; il fait défenses à tous Joueurs de farces, « Bateleurs, et autres semblables gens, de jouer les jours de Dimanches et de Fêtes, aux heures du Service divin ; de se vêtir d’habits Ecclésiastiques, et de jouer des choses dissolues, ou de mauvais exemple ; à peine de prison, et de punition corporelle : il fait aussi défenses à tous Juges de leur donner permission de jouer que sous ces conditions. » Ces mêmes défenses furent réitérées par Arrêt du Parlement du 15.
Et pourrions-nous la lui pardonner, si nous n’étions persuadés qu’il joue toujours la Comédie au travers de ces contrevérités ? […] « Pour moi, dit-il, de la manière qu’on joue la Comédie à Paris, je n’y vois rien de criminel. […] De plus, que les Comédiens qui jouent tout les jours ne pèchent point, parce qu’étant dévoués au Public, c’est moins pour leur divertissement qu’ils jouent que pour celui des autres ; et qu’ils peuvent jouer tous les jours, parce que tous les jours il se peut trouver des particuliers qui veulent prendre une récréation modérée. » Quel étrange Evangile, Monsieur ! […] Et ils pourront même y jouer tous les jours, parce que tous les jours il peut se trouver des gens qui veulent se divertir ? […] Cependant, selon lui, ceux qui jouent la Comédie sont d’honnêtes gens qui se sont destinés à cet emploi.
Elle joua la comédie, non-seulement parce que toute sa vie fut une comédie perpétuelle, mais encore porce qu’elle faisoit jouer la comédie dans son Palais, jusques là le théatre étoit inconnu en Suède. […] Elle joua le sexe. […] Ce ruisseau étoit comme une coulisse d’où une Actrice sort habillée en homme pour jouer quelque Prince ou plutôt quelque Arlequin. […] Elle a joué la Religion. […] Elle joua le vice.
Ont choisi gens experts et entendus pour exécuter le mystère et sont quasi tous les rôlesbo faits, et jà partout publiébp que l’on doit jouer. […] Il est vrai que les entrepreneurs ne sont gens pour faire l’édification mais par l’histoire jouée sera représenté l’Ancien Testament, et le pourront les rudesbs et non savants mieux comprendre, à le voir par l’œil, que par la seule parole qui en pourrait être faitebt. […] [NDE] Tant dans l’histoire représentée que dans la manière de la jouer. […] [NDE] Les maîtres du Mystère de la Passion, qui avait été joué en 1539. […] Il avait approuvé le spectacle et marqué son intérêt pour le mystère joué en 1541, les Actes des Apôtres.