L’Amour Tyrannique de Scuderi qui parut deux ans après le Cid, causa une grande joie au Cardinal, qui ne doutant point que cette Piéce ne dût anéantir Corneille, défendit à l’Auteur de répondre à toute critique, parce qu’il les devoit toutes mépriser ; il déclara sa Tragédie, un Ouvrage parfait, & engagea Sarasin à le prouver.
Ce Seigneur étoit invité aux fêtes de Sceaux, & contribuoit à la joie, par son esprit & par ses Poësies ; car pour amuser cette Princesse, qui s’ennuyoit fort à la Cour sérieuse de Louis XIV & de Madame de Maintenon, on ramassoit à toutes mains toutes les fleurs du Parnasse. […] Semblable au Cordonnier des fables de la Fontaine, qui en devenant riche, perdit toute sa gayeté, ne pouvoit plus chanter, se réjouir faire de bons souliers, & alla rendre à son bienfaiteur l’argent qu’il en avoit reçu, & se fit rendre sa liberté & sa joie, Corneille fit rapporter le bureau au Financier, se fit rendre sa verve avec sa table vermoulue.
J’étois au comble de la joie, je la fis éclater devant M. de Segur. […] C’est pour eux une fête, ce sont leurs delices, leur élégance, leur joie ; leurs applaudissemens honorent ce qui mérite leurs larmes les plus ameres : l’enfer en fera, mais trop tard, couler d’intarissables.
le temps de la joie n’est pas encore venu pour nous. […] Quelle joie plus solide que de n’être plus esclave de quoi que ce soit au monde ? […] Comment soutiendriez- vous les rudes assauts qui sont livrés à l’innocence, vous qui vous abandonnez lâchement aux vaines joies du siècle ? […] Ainsi, conformément à l’esprit de nos spectacles en particulier, les airs qu’on y joue sont vifs, légers, gais : ils sont composés exprès pour chasser du cœur la mélancolie, et y faire succéder la joie, pour éloigner des Spectateurs tout objet sérieux ; pour enchanter et endormir la raison.
L’Acteur en jouant se propose de représenter si vivement une passion, qu’il puisse l’insinuer dans le cœur de ceux qui voient la peinture qu’il en fait, jusqu’à leur arracher les larmes des yeux, si c’est un sujet de compassion jusqu’à faire rire les plus tristes et les plus sérieux, si c’est un sujet de joie et risible. […] C'est ce que Saint Augustin nous dit avoir éprouvé, lorsqu’il parle dans ses Confessions de la joie intérieure qu’il ressentait, lorsqu’il voyait sur le Théâtre les désirs des amants passionnés accomplis et la tristesse dont il était saisi, lorsqu’il voyait leurs intrigues rompues ; que cependant cette tristesse ne lui était pas moins agréable que la joie, parce que ses passions étaient émues, et qu’il s’appliquait à lui-même ce qui se passait dans les autres. « Sed tunc in Theatris congaudebam amantibus, cum sese fruebantur per flagitia ; cum autem sese amittebant, quasi misericors contristabar, et utrumque me delectabat tamen. […] Si vous voulez prendre la peine de lire un peu plus exactement que vous n’avez fait Salvien Evêque de Marseille dans le 6e Livre de la Providence de Dieu, vous verrez qu’il y parle des Jeux publics que les Chrétiens faisaient eux-mêmes pour rendre grâces à Dieu des Victoires qu’ils avaient remportées sur leurs ennemis ; qu’il y parle des Jeux qui n’étaient faits que pour exciter la joie. […] Celles dont Salvien leur parle, c’est qu’ils ne se contentent pas de rire et de se divertir, si leur joie n’est mêlée avec le péché, la folie et les impuretés. « Nobis autem ridere et gaudere non sufficit, nisi cum peccato et insania gaudeamus, nisi risus noster impuritatibus misceatur.
Le dernier avenement du Fils de Dieu est un nouveau Spectacle que Tertulien n’a pas oublié1, il met sous nos yeux la joie des esprits célestes, la gloire des Saints, la rage des Démons, la confusion des réprouvés.
Ils firent plus : au lieu de faire du moins succéder la joie à la tristesse, ils crurent qu’il falloit faire rire & pleurer tout à la fois.
Il parut donc sur la scène, récita des vers de sa façon, joua de la lyre, fléchit un genou, salua l’assemblée, obéit à toutes les lois du théâtre, voulut être jugé à la rigueur, et fut au comble de la joie d’avoir obtenu le prix.