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305. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre X. Des Décorations. » pp. 336-344

On a beau dire que le mérite des Drames modernes dépend plutôt du Décorateur que du Poète, plutôt du jeu du Comédien que de l’élégance du stile & de l’action représentée ; on se moque de pareils discours, & l’on ne charge pas moins la Scène de décorations éclatantes, & d’une pantomime difficile à bien éxécuter.

306. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  RECAPITULATION. » pp. 382-390

Quand je lis dans Homere les fureurs d’Achile, comme je lis tranquillement, j’ai le tems de réflechir, & de le condamner ; mais un Spectateur n’a pas le tems de réfléchir, & un habile Comédien le pénetre malgré lui, de tout ce qu’il prononce,   Le jeu des Passions saisit le Spectateur, Il aime, il hait, il craint, & lui-même est Acteur.

307. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIII. L’Opéra est le plus dangereux de tous les spectacles. » pp. 111-117

Mais il n’est pas nécessaire de donner le secours du chant et de la musique à des inclinations déjà trop puissantes par elles-mêmes, » Bossuet voulut un jour éprouver quel pouvait être l’effet de ce jeu d’instrument qu’on appelle le coup d’archet.

308. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

LES Romains avoient des jeux séculaires, c’est à-dire, qui revenoient chaque siécle, où les hérauts crioient, en y invitant ; venez voir ce que vous n’avez jamais vu, & ce que vous ne verrez jamais. […] Ainsi les Magistrats Romains, & ensuite les Empéreurs donnoient des jeux au peuple. […] Le déguisement abusa le public dans tous les tems , & voilà le crime de Moliere, il a masqué la vertu, la montrant ridicule, & haissable ; il a masqué le vice, le montrant excusable, & agréable ; la dévotion, la traitant d’ypocrisie ; les peres, les meres, les tuteurs, les traitant de tyrans, l’adultere, n’en faisant qu’un jeu, la galanterie, la donnant pour le bon air du monde ; il a tant déguisé, & par ses déguisemens, a trompé les hommes, & corrompu les mœurs de la nation. […] Jeu de théatre, ordinaire aux déesses de Paphos ; elle pouvoit acheter les plus grandes alliances, elle s’est modestement bornée à épouser un petit Dessinateur des menus, qui a eu le bonheur de lui plaire, & dont tout le mérite consiste à avoir eu l’adresse de saisir, à la volée, un moment de saveur amoureuse, pour lui faire au plus vite, recevoir le Sacrement.

309. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

L’abbé de Longuerue, ce savant célèbre, souvent singulier, trop souvent véridique, dit Longuerue ana , pag. 156 : Molière avouait que Scaron avait plus de jeu que lui. […] Tout parle de l’abondance du cœur ; c’est le grand mobile qui met tout en jeu. […] On rit, du Horace, d’un enfant qui fait des bulles de savon, et court à cheval sur une canne ; la décoration et le jeu de théâtre sont aussi puérils. […] Pour nous qui ne sommes pas initié dans ces mystères d’élégance, nous convenons que notre antique bonhommie, peut-être en vertugadin comme celle de nos aïeux, préfère la vertu, la raison et la vérité aux rubans, aux pompons et aux aigrettes ; la sagesse et la décence aux grands et aux petits airs ; qu’elle mérite aussi peu qu’elle le désire, une place dans la foule des jeux et des rires, et ne se laissera jamais persuader que des modèles si remuants, des maîtres si frivoles, une école si pétillante, donnent des leçons de sagesse, de politesse et de bon goût.

310. (1702) Lettre de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour. Lettre de Lettres curieuses de littérature et de morale « LETTRE. de M. l’Abbé de Bellegarde, à une Dame de la Cour, qui lui avait demandé quelques réflexions sur les pièces de Théâtre. » pp. 312-410

Je ne condamne pas absolument toutes sortes d’épisodes ; ils sont même quelquefois absolument nécessaires, pour conduire au dénouement de l’action principale ; comme dans la Tragédie de Bajazet, l’amour du Vizir Acomat, et d’Atalide, confidente de Roxane, sert beaucoup à nouer l’intrigue, et fait un grand jeu de Théâtre. […] Ceux qui ont de l’indulgence pour les spectacles, disent qu’il en faut raisonner comme des autres jeux, dont l’usage n’a rien de criminel, et peut être permis, quand il est modéré. […] Or les Casuistes les plus rigides et les plus austères ne défendent point l’usage de certains jeux, pour le délassement de l’esprit ; pourquoi donc défendre les spectacles, quand on y assiste avec toutes les précautions nécessaires ? […] C’est peut-être pour cela que les Comédiens, dans le Digeste de Justinien, sont traités comme des infâmes, à cause qu’ils abusaient de leur profession pour corrompre les bonnes mœurs, par les infamies qu’ils mêlaient dans leurs pièces, et par les postures honteuses, qui accompagnaient leurs Représentations ; mais puisque l’on ne peut rien reprocher de semblable ni à la Comédie, ni aux Comédiens modernes, on ne doit pas regarder leur état, des mêmes yeux, qu’on le regardait au temps de Justinien ; car les Comédiens vivent en honnêtes gens ; ils sont soufferts et estimés des plus grands Seigneurs de la Cour, qui les admettent à leurs tables, à leur jeu, dans leurs parties de plaisir ; les pièces qu’ils donnent au public, sont châtiées, tous les sentiments en sont beaux, et portant plutôt à la vertu, qu’au vice et au libertinage.

311. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre III. But que le Spectacle moderne doit se proposer. » pp. 123-132

De même qu’Esope fit servir à notre instruction l’Apologue, ou l’éxemple des derniers animaux, ainsi l’Opéra Bouffon met en jeu des Ouvriers, des Artisans, afin que la vue de leurs passions nous corrige des notres.

312. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

de quelles merveilles ne doit pas être capable un Auteur dont l’Académie en corps à presque couronné une esquisse qui n’est que le jeu de quelques momens que lui laissoient ses grandes occupations ? […] Ses défenseurs ne manqueront pas de dire qu’il a traité avec honneur la vraie probité, qu’il n’a attaqué qu’une vertu chagrine, une hypocrisie détestable ; mais je soutiens que Platon & les autres législateurs de l’antiquité payenne n’auroient jamais admis dans leur république un tel jeu sur les mœurs. […] L’Académie des Jeux Floraux de Toulouse, qui distribue chaque année plusieurs prix, entr’autres un d’éloquence, dont elle propose le sujet, ne donnoit ordinairement que des sujets de morale. […] On ne peut excuser les Jeux Floraux qu’en disant qu’on a voulu faire la leçon à l’Académie Françoise, en proposant l’éloge d’un Savant qui valoit cent fois son Tabarin, ce qui cependant a causé le plus grand scandale. […] C’étoient des jeux d’esprit sans conséquence, tous les éloges du monde ne feront pas aimer la fievre.

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