Il en est ainsi du bal, ou des autres assemblées ou spectacles, où l’on suppose qu’il ne se trouve que des gens d’honneur & de probité : si donc l’on péche dans ces occasions, ce n’est que la mauvaise intention des particuliers, qui en est la cause, & nullement le spectacle, qui est de soi indifférent, & qu’on peut rendre bon ou mauvais, selon la disposition dans laquelle on est. […] Comment donc en allant dans ces lieux où se représentent ces spectacles, pouvez-vous espérer de vous conserver un honneur qu’on leur ôte ? […] Tantôt applaudissant à cette vertu romaine qui n’est autre chose qu’un orgueil déguisé ; & s’accoutumant à regarder un chimérique honneur, comme le bien le plus précieux, il apprend à tout sacrifier pour le conserver, ou le réparer sans égard pour les droits mêmes les plus inviolables du sang & de l’amitié ; & il l’apprend d’autant plus volontiers, que c’est un pere barbare qui met lui-même un fer assassin entre les mains de son fils, & lui ordonne de tuer ou de mourir. […] sans qu’aucune considération ait pû faire excepter de cette sévere Loi le prodige du siécle dernier, dont pour en faire en deux mots le portrait, on pourroit dire ce que disoit un sage Payen d’un Auteur semblable, qu’étant presque le seul qui pût mériter d’être vû & écouté sur le théâtre, il étoit d’autre part le seul de ceux qu’on y voit qui méritat de n’y jamais paroître ; homme, en effet, qui dans tout autre état que celui où son génie l’avoit jetté, eût été non seulement l’honneur de sa patrie par la beauté de son esprit, non-seulement l’amour & les délices de la société par la bonté de son cœur ; mais un modele de Christianisme même par l’austere probité & par l’intégrité de ses mœurs.
L’Excommunication publique prive un Chrétien des honneurs de la sépulture, car il est statué par les Canons, dit la Décrétale2, de ne pas communiquer avec les défunts avec lesquels nous n’avons pas été unis pendant la vie : quand donc on a retranché quelqu’un du corps des fidéles par le glaive des censures, s’il n’a pas été réconcilié avant de mourir, il ne doit pas être enterré avec les autres, & si la chose est arrivée, soit par violence ou d’une autre maniere, & que l’on puisse distinguer le lieu de sa sépulture, nous voulons qu’il soit exhumé, & que son corps soit rejetté bien loin du Cimetiere.
Si vous avez de l’honneur, ayez honte de vivre avec tant de personnes qui font gloire d’en manquer, & qui n’inspirent guères moins d’horreur aux personnes du monde, qu’à celles qui font une profession sincére de la Religion chrétienne.
Le second est, lorsque le penitent a causé quelque tort à son prochain en son bien, ou en son honneur, & ne le veut pas reparer presentement selon son pouvoir en tout, on en partie.
Est-ce vous qui leur exposez un emportement de jeune homme & d’Espagnol, comme si leur délicatesse sur le point d’honneur avoit besoin d’être animée par l’aiguillon de l’exemple ? […] Les soupirs avoient couronné ce grand Maître ; vainement les désavoua-t’il ; vainement la pieté le ravit-elle aux honneurs du Théatre ; les Eléves nombreux soumirent le Cothurne aux loix du tendre Législateur : ils leur sacrifierent la sévérité des loix fondamentales de la Scéne. […] Les uns & les autres préfereroient l’avantage honorable & même utile pour eux, de nous plaire & de nous être utiles, à la honte de déplaire & de nuire, aux dépens de leur interêt & de leur honneur.
J’ai lu quelque part, que les Lacédémoniens firent une Loi, par laquelle il était ordonné, que lorsqu’un mauvais Citoyen aurait ouvert un bon avis, avant de le communiquer à toute l’assemblée du Peuple, on devait faire répéter la même chose à un homme vertueux ; & quoique celui ci n’eût pas été capable de l’imaginer, c’était néanmoins de sa part qu’on la proposait à la multitude : « De peur, ajoutait le divin Législateur de Sparte, qu’une maxime sage, un decret utile ne parussent sortir d’une source impure, & que par cette raison, on ne se crût autorisé à y déroger. » J’ai trouvé cette conséquence si juste, qu’elle va servir de fondement au Projet de Réforme que je propose pour le Comédisme : nous ferons passer par le canal de bouches innocentes, les sentimens d’honneur, les maximes de grandeur d’âme, d’humanité, de fidélité, que nous voudrons inspirer à la Nation. […] Rousseau, l’existence est le premier comme le plus grand des biens : il est même le seul réel : un homme qui jouit de ses cinq sens & de la santé, est plus riche que Crésus : l’opulence, les honneurs, les divertissemens, la liberté même si naturellement aimable pour tout être pensant, ne sont que des accessoires du bonheur, auxquels l’imagination seule donne un prix plus ou moins grand. […] Le Héraut, en les montrant à tout le Peuple louait leurs ancêtres & leurs pères, morts pour la patrie : il leur représentait qu’ils avaient trouvé dans le Peuple, un père qui avait pris soin de leur enfance, & les exhortait à vivre en gens d’honneur, à se distinguer par leur vertu. […] La danse particulière, destinée à donner l’aisance de la présentation, est beaucoup plus parfaite en France que par-tout ailleurs : on la doit à Marcel, qui cultiva long-temps avec honneur, un art plus utile que ces Misomimes ne peuvent s’en douter.
A moins que ce ne soit peut-être pour une cause nécessaire et importante, telle que le serait celle, où il s’agirait de sauver sa vie, son honneur, ou sa liberté. « Potest tamen hoc fieri sine peccato propter aliquam necessitatem, vel causa se occultandi ab hostibus, vel propter defectum alterius vestimenti, vel propter aliud hujusmodi.
Polyeucte est un chef d’œuvre qui, en tout temps, fera honneur au Théâtre moderne, et qui peut être regardé comme un morceau éternellement digne du Théâtre de la Réformation.