/ 436
46. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IX. Spectacles de la Religion. » pp. 180-195

Quels tableaux d’un Dieu incarné, de sa sainteté, de ses actions, de ses miracles, de sa puissance, des tendresses de son amour, de la rigueur de ses souffrances, de la gloire de sa résurrection, du zèle de ses Apôtres, de la constance de ses Martyrs, de la multitude de ses Saints, de la perpétuité de son Église, de la sublimité de sa morale, de la profondeur de ses mystères ! […] Voyez dans les révolutions des siecles une image du cirque, attendez le terme de la consommation, intéressez-vous aux triomphes de la foi, à la gloire de l’Église, cueillez les palmes des Martyrs, éveillez-vous à la trompette de l’Ange. […] Quelle doit être cette gloire que l’œil n’a jamais vûe, que l’oreille n’a point entendue, que l’esprit de l’homme ne sauroit comprendre ! […] Eh quoi de plus généreux en effet que le sacrifice d’Abraham, de plus attendrissant que la reconnoissance des frères de Joseph, de plus héroïque que la patience de Job, de plus brillant que l’élevation d’Esther & de Judith, de plus étonnant que la punition d’Athalie & les triomphes des Machabées, de plus pompeux que le temple du vrai Dieu & les cérémonies de son culte, la magnificence, la sagesse, la gloire de Salomon ? […] ) prétend que le ciel & la terre forment deux théatres, & se donnent mutuellement le spectacle ; le ciel, par les graces qu’il répand, le bonheur & la gloire auxquels il invite ; la terre, par les hommages qu’elle offre & la vertu qu’elle pratique.

47. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE VII. Histoire de la Poësie Dramatique moderne. » pp. 176-202

Ils prétendent aussi, & les Espagnols comme les Anglois prétendent comme eux, avoir eu longtems avant nous une Poësie Dramatique : nous leur accordons qu’ils ont eu des Théâtres avant nous, & nous ne leur envions point cette gloire, parce que, comme tout ce qui s’exécute en Dialogue sur un Théâtre, n’est pas Poësie Dramatique, nous croyons ne devoir placer le tems de la véritable renaissance en Europe, de la Tragédie & de la Comédie, qu’au tems de Corneille & de Moliere. […] La Farce de Pathelin répandit notre gloire en Allemagne. […] Les Espagnols disputent aux Italiens la gloire d’avoir fait connoître les premiers la Tragédie, puisque D. […] Sarasin qui dans sa longue Dissertation ne dit pas un mot de Corneille, donne à Hardi la gloire d’avoir tiré de la fange, notre Tragédie, à Mairet celle de l’avoir rendue reguliére, & à Scuderi celle de l’avoir rendue si admirable, que s’il eut vecu du tems d’Aristote, ce Philosophe eût prit sa Tragédie pour le fondement de sa Poëtique. […] s’écria-t-il, la gloire, & l’ornement de notre Nation sera enterré d’une maniere obscure !

48. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE II. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs. » pp. 17-48

Toute la gloire de Thespis consiste à avoir imaginé de promener de Village en Village dans une charette, les Musiciens qui chantoient dans les Fêtes de Bacchus des Dithyrambes pour honorer le Dieu dont ils étoient bien remplis. […] C’est pour cela qu’Horace lui accorde la gloire d’avoir exhaussé la Tragédie par le stile, comme par le Théâtre & par le cothurne. […] Qu’aucun Poëte ne s’attende plus à cette gloire, ni aucun soldat qui saura des Vers par cœur, à la même récompense. […] Le tems de la guerre du Peloponese fut le tems de la gloire du Théâtre d’Athenes : mais cette guerre se termina à l’avantage des Lacédémoniens, peuple ennemi de la Musique & des Spectacles. […] Plusieurs Poëtes réussirent dans ce nouveau genre : mais la gloire de Menandre couvrit de ténebres leur nom, dit Quintilien, qui malgré les éloges qu’il donne aux sages Comédies de Menandre, regrette ces graces du langage Attique, & cette éloquente liberté qui regnoit dans la vieille Comédie.

49. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

Mais tous ces malheurs ont été glorieusement séparés par la brillante association de la comédie Françoise avec l’Académie Françoise, qui porta au comble la gloire des deux troupes le 30 mars 1732. […] Le Sieur Renou, aussi zélé pour le profit que pour la gloire, sent vivement la perte de la part du produit des représentations que lui fait souffrir cette querelle. […] Il est vrai que ce n’est pas le Temple de l’immortalité ; la postérité qui n’est pas payée n’étale plus la marchandise, & ne pense plus à l’acheteur ; il survit même souvent à sa gloire. […] Point d’argent, point de mérite ni de gloire. […] Dubois a fait banqueroute à ses Pensionnaires, & la gloire a fait banqueroute à Dubois.

50. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

Cette amabilité, cette divinité, cette adoration, cette gloire immortelle ne deshonorent-elles pas un homme de condition, un homme d’esprit, un homme poli, qui affiche des goûts & des jugemens si indignes de lui ? […] Au sein de la gloire immobile, Avec un œil sec & tranquille, Peux-tu voir les tristes mortels, (Où est la providence & la bonté de Dieu ?) […] Dorat ressemble à Lafontaine par le libertinage & la paresse, il l’avoue, & s’en fait gloire. […] Le Divin Lafontaine s’est frayé une route à la gloire toute opposée. […] Sur quoi est fondée cette gloire qui embrasse les deux poles !

51. (1758) Réponse pour M. le Chevalier de ***, à la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles [Essais sur divers sujets par M. de C***] « Réponse pour M. le Chevalier de***, A la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles. » pp. 128-142

C’est justement le cas où vous vous trouvez, Monsieur : il falloit examiner par vous-même ; on ne voit jamais bien par les yeux des autres ; on ne peut rapporter les choses que selon l’idée qu’on s’en forme, & nos sensations sont toutes différentes : d’ailleurs, il est difficile de trouver un homme désintéressé : enfin vous deviez vous exposer au danger, si vous vouliez remporter une gloire solide & méritée. Ne dites point avec saint Augustin, qui amat periculum, in illo peribit  : car ce danger ne peut rien sur un homme sensé, qui, débarrassé du joug des passions, porte au spectacle un esprit vertueux ; souvenez-vous enfin, Qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. […] J’aurois respecté votre soumission, & je me serois fait gloire de n’y rien opposer*.

52. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

Le génie dans l’avilissement, l’infamie associée à la gloire. […] Il appelle gloire le goût qu’a le libertinage pour la licence de Moliere. […] Un corrupteur de mœurs n’a point de gloire. […] C’est le faux goût des hommes, la philosophie est la vraie gloire, l’unique mérite des grands hommes. […] On se moque des superstitions populaires, & on se fait gloire des superstitions littéraires, aussi ridicules.

53. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

Pourquoi vous troubler, dira-t-il encore à celui que l’inconstance du sort, a précipité du faîte de la gloire et des honneurs, et que l’injustice des hommes a le plus indignement abreuvé de tout le fiel de la calomnie. […] et quelle institution plus grande et tout ensemble plus utile, que cette école auguste d’apôtres et de martyrs, destinés à porter jusqu’aux extrémités du monde, et la gloire du nom chrétien, et la gloire du nom français ? […] Pressés de jouir avant la saison, et ne travaillant jamais pour l’immortalité, la plupart de nos auteurs modernes, si féconds, ont toujours peur qu’on ne leur dérobe la gloire de leurs productions éphémères. […] Pardonnant ces indignes faiblesses à la triste humanité, il n’en servira qu’avec plus de zèle encore ses véritables intérêts, il oubliera jusqu’à l’éclat de sa propre gloire, pour mieux s’immoler au bien public. […] Mais en méprisant une vaine gloire, l’orateur du barreau marche avec intrépidité vers le bien public.

/ 436