Il ferait à souhaiter pour la gloire de l’Opéra-Bouffon que ce grand homme vécut de notre tems, ou que son prodigieux sçavoir se trouva logé dans une tête Française. […] Il est beau de voir les Français enrichir le Théâtre de découvertes précieuses, & trouver tout-à-la fois une façon nouvelle de composer des Énigmes.
Les Français furent heureux tant qu’ils furent unis, tant qu’ils eurent du respect pour la religion et les lois, tant qu’ils aimèrent leur Dieu et leur roi ; mais, dès que les théâtres retentirent des maximes impies et libertines, leur bonheur disparut avec leurs vertus. […] [NDE] Jean-Baptiste de Boyer, Marquis d’Argens, Timée de Locres en grec et en français, Berlin, 1763, pp. 286-290.
» Voilà le caractère Français, le goût du frivole, le Français même en convient et en rit, le petit maître s'en fait gloire : aucune nation dans le monde, ni toutes les nations du monde ensemble n'ont autant composé de romans, de comédies, de chansons, de petites poésies de toute espèce. La frivolité se répand sur tout : religion, morale, histoire, sciences, tout dans une imagination Française, par la manière de l'envisager et de le traiter, en prend la teinte ; rien n'est goûté dans le beau monde, s'il n'en a l'assaisonnement. […] Jamais les Français n'ont été si frivoles que depuis son règne : ameublements, habits, équipages, mignaturesy, jargon, modes, études, ouvrages, etc. tout s'évanouit en colifichets.
L’on a bien raison de dire, que le Français est rempli d’inconséquences, de contradictions, & qu’il serait fort difficile de peindre ses goûts & ses caprices : il ne veut que des Drames où l’esprit pétille à chaque instant ; à peine daigne-t-il faire grace à ceux qui ont beaucoup d’intrigue & peu de phrases joliment tournées ; & cependant il aime, il adore quelques Poèmes du Théâtre moderne, dont le stile a tant de rapport avec les personnages qu’on y voit agir. […] En général, dans la plus-part de nos Opéras, le Français n’est guères mieux traité que la justesse des pensées & que la raison. […] On verra si les Poètes du Théâtre Moderne sont les seuls qui laissent glisser dans leurs écrits des façons de s’éxprimer un tant-soit-peu triviales, ou obscures ; & s’ils sont les seuls qui oublient quelques-fois de parler Français. […] que dirait-on d’un Français qui adresserait un tel discours à la Mère de sa maîtresse ? […] Je ferai remarquer avant d’aller plus loin, que « moi qui ne compte rien ni le vin ni la chère » n’est pas Français.
Un second Théâtre Français dans la Capitale de la France, où il y en a eu jusqu’à sept à la fois, (Voyez mon Histoire des Théâtres.) étoit le vœu général : c’étoit la demande, non-seulement des Gens de Lettres, mais encore des Gens du Monde. […] » » Je tâche d’observer, autant que je puis, l’ordre chronologique, & cela à cause de l’Histoire du Théâtre Français. […] Alors si nous avons le malheur encore de perdre un de ces Poëtes, son ombre en descendant aux Champs Élisées pourra apprendre à l’illustre Auteur de Caliste & d’Astarbé, que sa Comédie se joue enfin ; mais ce ne pourra être qu’en 1779, encore… encore… L’établissement du second Théâtre Français ne se faisant pas, quelques Poëtes Dramatiques, las d’attendre cinq à six ans, firent jouer leurs Piéces sur les Théâtres de Province ; entr’autres M.
Cette loi constitutionnelle a aussi rétabli l’ancienne noblesse, qui avait souffert pendant la révolution française dans sa propre personne et dans ses biens autant que le Clergé ; la noblesse, toujours fidèle aux volontés de son roi, n’en a point dépassé les intentions et n’a point transgressé la loi commune. […] Si monseigneur l’archevêque de Rouen avait eu pour le roi cette déférence qui doit germer et se développer dans le cœur de tout bon Français, et s’il eût pris l’avis du Gouvernement avec lequel il aurait dû se concerter sur le mandement qu’il a fulminé, certes, cet acte qui a réveillé tant de passions, tant de craintes et d’alarmes aurait subi de sages modifications ; la société n’en aurait pas été ébranlée aujourd’hui, car le gouvernement, qui connaît à fond le génie, l’esprit et le moral des Français, aurait, il n’en faut pas douter, fourni à ce prélat les moyens d’arriver à son but, sans heurter l’esprit du siècle et causer de nouveaux troubles.
Plaute, comique Latin, suivit la manière d’Aristophane ; comme Térence imita celle de Ménandre, dont il ne fut pas, comme on se l’imagine, le simple traducteur : de même qu’aujourd’hui, un Auteur Anglais qui de deux Pièces Françaises, en compose une dans le goût de sa Nation, ne peut être, sans injustice, privé du mérite de l’invention. […] Les Italiens ont eux-mêmes reconnu la supériorité du comique Français ; & tandis que leurs Histrions se soutiennent dans le centre des beaux Arts, Florence les a proscrits de son Théâtre ; & a substitué à leurs Farces les meilleures Comédies de Molière traduites en Italien. […] Tel est le Comique Français, dont le Theatre Anglais s’est enrichi, autant que l’opposition des mœurs a pu le permettre. Le Comique Français se divise, suivant les mœurs qu’il peint, en Bas-comique, Comique-Bourgeois, & Haut-comique.
[FRONTISPICE] LA PREMIÈREATTEINTE CON-TRE CEUX QUI accusent les Co-médies Par une Demoiselle Française.