/ 407
40. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « EXTRAIT Du Journal de Trevoux ; Mois d’Avril 1753. Art. XXXIX. » pp. 59-70

L’Evangile & le Théâtre opposés, leurs maximes contraires forment ici un contraste frappant, dont l’Auteur profite pour rappeller aux Chrétiens la sainteté de leur profession, & surtout l’obligation où sont les pères & mères d’instruire leurs enfans dans la foi, de les former à la piété, de veiller sur leur innocence, & d’en écarter tout ce qui peut la séduire & la corrompre, soit en affoiblissant les attraits vertueux par le ridicule qu’on y attache ; soit en fortifiant les penchants vicieux par l’honneur qu’on en tire. […] Des principes si relâchés forment une trop foible défense pour résister à la force des raisons & des grandes maximes que leur oppose D.

41. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [G] » pp. 408-415

L’enceinte des Théâtres était circulaire d’un côté, & carrée de l’autre : les grands Théâtres avaient toujours trois rangs de portiques élevés les unes sur les autres ; de sorte que l’on peut dire que ces portiques formaient le corps de l’édifice : on entrait non-seulement par-dessous leurs arcades de plain-pied dans l’Orquestre, & l’on montait aux différens étages du Théâtre, mais de plus les degrés où le Peuple se plaçait étaient appuyés contre leur mur intérieur ; & le plus élevé de ses portiques, à l’abri du soleil & des injures de l’air, était destiné aux femmes. […] Quoique ces portiques en fussent entièrement détachés, Vitruve prétend que c’était où les Chœurs allaient se reposer dans les Entr’actes, & où ils achevaient de préparer ce qui leur restait à représenter ; mais le principal usage de ces portiques consistait dans les deux sortes de promenades qu’on y avait ménagées dans l’espace découvert qui était au milieu, & sous les galeries qui en formaient l’enceinte. […] Le nom de Cavea, qu’on lui donnait autrefois, & qui fut le premier nom des Théâtres, n’exprimait que le dedans, ou ce creux formé par les Gradins, en cône tronqué, dont la surface la plus pétite, celle qui était au-dessous du premier rang des Gradins & du Podion, s’appelait l’Arène, parce qu’avant de commencer les Jeux de l’Amphithéâtre, on y répandait du sable (Arena).

42. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IV. De la Médisance. » pp. 80-99

La médisance est aussi ancienne que le théatre, ou plûtôt de concert avec la licence elle l’a formé. […] C’est fournir la matiere, donner le pinceau & les couleurs, & former le peintre. […] Il est formé de main de maître sur les débris de la charité, dont on lui a fait perdre jusqu’à l’idée à l’école de la plaisanterie. […] Quand le goût du spectacle s’est répandu, il n’a fallu que battre la caisse, il s’est formé de toutes parts cent troupes d’Acteurs pour les théatres particuliers ou pour les publics. […] Enfin, pour ne rien perdre de cette gloire brillante, la nation paye chèrement un Mercure & plusieurs Journalistes pour en ramasser ponctuellement & étaler pompeusement les petites étincelles : Le François né malin forma le vaudeville : La liberté Françoise en ces vers se déploie.

43. (1694) Décision faite en Sorbonne touchant la Comédie, avec une réfutation des Sentiments relachés d’un nouveau Théologien, sur le même sujet « Avertissement. »

Vers la fin du mois de Décembre de la précédente année 1693, quelques difficultés s’étant formées dans une Paroisse de Paris touchant la Comédie, on jugea à propos de consulter en Sorbonne quelques Docteurs, pour les prier d’en dire leur sentiment.

44. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Huitième Lettre. De la même. » pp. 100-232

Créons donc un nouveau Théâtre Français : formons-nous des Acteurs d’un ordre nouveau, dignes des Chef d’œuvres qu’ils représenteront ; du Jeune-homme honnête, de l’innocente & naïve Beauté qui viendront s’y former le cœur & l’esprit. […] Il arrive de-là que l’attention à former la jeunesse, à l’assouplir par les Exercices agréables, n’est pas assez générale. […] [L’on ne dit rien des Actes détachés, réunis sous un titre commun ; ils ne forment la plupart du temps qu’un Spectacle misérable & du dernier ennuyeux : sans la terreur & l’admiration, il n’y a point d’Opéra ; ce ne sont que des Chansons. […] Il n’en sera pas ainsi des Acteurs estimables que je propose de former. […] Des hommes & des femmes qui ne feront qu’un seul personnage, dont on aura formé, éprouvé les talens, ne peuvent presque pas le rendre mal.

45. (1765) De l’éducation civile « De l’éducation civile » pp. 76-113

L’expérience nous apprend qu’il est bien difficile, pour ne pas dire impossible, de corriger des hommes faits, & de changer entiérement des caracteres déja formés : au lieu que la jeunesse est une cire molle prête à prendre toutes les formes qu’on voudra lui donner. […] Or, où pourroit-on mieux puiser ces maximes, que dans une Ecole de la vie civile, formée sur le modele de l’Académie de Platon & du Portique de Zenon. […] Les autres iroient un peu plus loin ; & aux qualités qui forment l’homme de probité, ils joindroient assez de connoissances sur les liens de la Société, pour s’acquitter convenablement des Charges du second Ordre, soit dans la Magistrature, soit dans l’Administration. […] Croit-on que si ces effets eussent été soigneusement recueillis par un génie observateur, savamment analysés & bien vérifiés par une chaîne d’expériences non interrompues, ils n’eussent pu former un corps de doctrine sur la culture de l’ame, plus intéressant & plus certain qu’aucun Traité que nous ayons sur la guérison du corps humain ?

46. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Fêtes de Théatre. » pp. 169-185

En 1318, Jean XXII changea la décoration de Saint-Pons ; de cette riche Abbaye il fit un Evêché, & transforma les Moines en Chanoines, & pour l’honneur de l’Episcopat, il décora du nom de Ville, la petite Bourgade qui s’étoit peu-à-peu formée au tour de l’Abbaye. […] Fût-il assez riche pour la soudoyer, ce qui est fort douteux, aucune troupe n’a daigné aller exercer ses talens à Saint-Pons mais il en a formé une de quelques jeunes gens des Villes voisines, avec qui il avoit fait connoissance au collége, & amateurs comme lui, & bons acteurs. […] C’est-là que se forment d’habiles négocians, & de vertueux peres de famille. […] Les rubriques ne se sont point expliquées là-dessus : on se plaça dans les stales, avec une gravité, une modestie, une dévotion édifiantes ; l’assemblée étoit déjà formée, on n’attendoit plus que l’Eglise, dès qu’elle fut arrivée, la toile vole, les violons jouentune ritournelle, chacun est extafié d’avance, & bat des mains, l’acteur paroît, on commence ; ce ne fut pendant toute la piéce qu’une extase perpetuelle, & des applaudissemens continuels ; elle fut terminée comme l’office des ténébres à la semaine sainte, par un bruit effroyable.

47. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IX. Spectacles de la Religion. » pp. 180-195

Dieu se plaît, pour ainsi dire, à prendre le pinceau pour former à nos yeux des traits dont n’approchèrent jamais les crayons de Raphaël & de Michel-Ange. Ramassez toutes les forces de votre génie, disoit-il aux impies ennemis de Job, couvrez-vous de vos plus riches habits, & venez disputer avec moi, formez des machines qui opèrent des merveilles semblables aux miennes. […] ) prétend que le ciel & la terre forment deux théatres, & se donnent mutuellement le spectacle ; le ciel, par les graces qu’il répand, le bonheur & la gloire auxquels il invite ; la terre, par les hommages qu’elle offre & la vertu qu’elle pratique. […] Il lui a formé une compagne aimable, semblable à lui, qu’il lui a unie par des liens indissolubles ; il lui fait naître d’autres lui-même qui lui font tous les jours goûter les douceurs de la société, les charmes de la tendresse & du respect ; il peut avec des amis vertueux, par un commerce de sentimens, de services & de plaisirs, goûter des délices pures & innocentes ; des exercices honnêtes, un travail conforme à son goût & selon ses talens, n’est pas moins utile à sa santé qu’amusant & récréatif ; la campagne lui déploie ses richesses, & paye avec usure le soin qu’il prend de la cultiver, les arbres lui présentent des fruits, les prairies font éclorre des fleurs, les troupeaux font couler des ruisseaux de lait, il peut déclarer une guerre innocente aux habitans de l’air.

/ 407