Ceux qui sont employés dans des affaires pénibles à l'esprit et peu laborieuses au corps, ont besoin de se recueillir de la dissipation qui naît naturellement de ces sortes d'emplois et non pas de se dissiper encore davantage par des divertissements qui attachent fortement l'esprit: c'est une moquerie de croire qu'on ait besoin de passer trois heures dans une Comédie à se remplir l'esprit de folies.
» Si nous sommes donc obligés en qualité de Chrétiens, de demander à Dieu, qu'il nous ôte les yeux pour toutes les folies du monde, dont la Comédie est comme l'abrégé; et qu'il nous en imprime la haine et l'aversion dans le cœur: comment pourrons-nous croire que nous puissions repaître nos yeux de ces vains spectacles, et mettre notre contentement en ce qui doit être l'objet de notre aversion et de notre horreur.
C'est une moquerie de croire qu'on ait besoin de passer trois heures dans une Comédie à se remplir l'esprit de folies.
Bienheureux donc est l'homme qui met son espérance dans le nom du Seigneur, et qui n'a nul égard aux vanités, et aux folies trompeuses du siècle. […] pourquoi présente-t-il tant de vanités et d'infâmes plaisirs, qui ne sont que folie, et qu'illusion ; sinon afin de prendre ceux qui l'avaient abandonné, et pour se réjouir d'avoir trouvé ceux qu'il avait perdus ? […] Quelle monstrueuse folie ? […] N'est-ce pas une étrange folie que s'imaginer que nos divertissements ne seraient pas agréables s'ils n'étaient injurieux à Dieu.
Les cornes d’un bonnet, les longs plis d’une robe, la pointe d’un capuchon, ne paraissent point sans exciter des éclats de rire, surtout le contraste de la gravité du Magistrat et de la folie du théâtre a je ne sais quoi de si comique qu’il réveille le spectateur le plus indifférent. […] C’est, dit-il, le dernier excès de folie et de vice, qu’un honnête homme s’avise de danser, s’il n’est dans l’ivresse ou dans la démence : « Saltantem appellat Murenam Cato ; maledictum est, si vere objicitur, vehementis accusatoris ; si falso, maledici convitiatoris ; nemo enim saltat sobrius, nisi forte insanit. » Cet excès serait précédé de bien d’autres : eh qu’avez-vous à reprocher à Murena ? « Multarum delitiarum comes saltatio, vitiorum omnium postremum. » Toutes les danses n’étant pas également criminelles, on ne peut l’entendre que des danses du théâtre, les bals, les ballets, etc. qui ne sont en effet que des folies et des occasions de crime : « Nemo saltat sobrius, nisi forte insanit. » Est-ce une sévérité outrée d’éloigner les Magistrats de la comédie ? […] C’est une fatalité que les amateurs et défenseurs du théâtre se soient toujours distingués par quelque erreur, quelque travers ou quelque libertinage, et le plus souvent par tous les trois ; et sans aller plus loin, leur passion même et leur apologie sont à la fois un libertinage, une erreur et une folie.
le plus honteux, le plus criminel, pour représenter des passions, des folies, des fourberies, des crimes. […] La gravité y est rare, la modestie ne s’y trouve pas, la frivolité, la vanité, les folies, les mensonges, les paroles inutiles, y sont communs ; là se trouvent la dissolution, les mauvais regards, les libertés indécentes. […] La politique Romaine, moins raffinée, mais plus noble et plus pure, pensait bien différemment, non seulement dans le Sénat, les Consuls et les Sénateurs, qui ont invariablement désapprouvé la comédie, mais dans les Empereurs, dans qui on remarque constamment qu’à proportion de leur sagesse et de leur vertu, ou de leur folie et de leurs vices, ils en ont été ennemis ou amateurs. […] Héliogabale n’en sortait presque pas, il y jouait avec la plus grande indécence, et l’on compte parmi les traits les plus marqués de sa folie, d’avoir fait un Comédien Préfet du Prétoire. […] Ces maîtres fols se sont donnés tant bonne cautèle à enseigner folies, et la jeunesse Romaine à l’apprendre, que s’ils peuvent tenir en trois vaisseaux, leurs disciples ne pourraient tenir en trois mille caraques.
Loin d'être un asile à l'innocence, un remède des passions, ce n'est que la ressource du désespoir, le parti du dépit, le fruit de la légèreté, une vraie folie, un voile trompeur qui cache les plus grands désordres. Le Religieux hypocrite qui paraît sur la scène, toujours enivré de son fol amour, est un vrai forcené dans ses sentiments, dans ses paroles, dans ses convulsions ; il court en furieux, il s'évanouit, il crie, il pleure, il dit cent folies, il vomit cent blasphèmes. […] Il y aurait de la folie de les attaquer directement ; il faut donc fouiller dans leurs cœur, et supposer que sous le cilice et la cendre ils sont dévorés des plus honteuses passions. […] Que la religion n'est qu'une momerie, qu'elle ne remédie à rien, que c'est une folie de s'y engager, que les penchants de la nature étant invincibles, il vaut mieux s'y laisser aller que de se rendre malheureux en les combattant, sans espoir de les vaincre, même avec l'austérité de la Trappe. […] Enfin un Moine à qui la mort, la confession, les avis de sa maîtresse, ne font faire aucun acte, dire aucun mot de religion, et ne laisse voir que la folie, le désespoir, l'indécence et le transport de la passion.
Et comme il faut de l’amour au théatre, le Viceroi ne fait ces folies que parce qu’il est amoureux de la Duchesse de Bragance, qu’il veut épouser quand il aura empoisonné son mari, & la fera monter sur le trône de Portugal, quand il l’aura épousée. […] Non, c’est sur le théatre public : mais il est vrai que ces deux écoles sont voisines, qu’il y a dans le monde bien des suites de folies, & que l’irréligion & le libertinage sont les plus grandes & les plus funestes de toutes. […] Dans le cinquieme discours, il blâme avec raison, comme une grande folie, qu’on n’ose point faire des actes de religion devant le monde, prier Dieu soir & matin, au commencement & à la fin des repas, parler des choses saintes, en un mot tous les exercices du Christianisme. […] Dieu fait servir les folies des uns à la subsistance des autres. […] Dans le style burlesque, les folies ont leur mérite ; on ne veut que faire rire, & rien n’est plus risible que ce faux poëtique qui donne des noms divins aux plus bas objets, & réunit les sublimités de l’Olimpe avec les bouffonneries des tréteaux.