Qu’il suspende un peu la direction pour méditer la Morale Chrétienne, il apprendra que c’est moins par tels gestes et telles paroles, que par les mauvaises dispositions excitées en nous-mêmes et dans les autres que nous insultons à Dieu, et que nous nous livrons au Démon. […] Elle convient à la personne, au temps, et au lieu … Si elle excite les passions, c’est par hasard. […] Comment ose-t-il dire que des Spectacles où tout est ordonné pour exciter les passions, ne les excitent que « par hasard » ? […] Il n’y a nul danger d’exciter un libertin ; et on, ne doit point ménager celui qui ne l’est pas. […] Je veux que la Comédie n’excite les passions que « par hasard ».
Comme le premier de ces deux Arts, tantôt il ennivre l’âme d’une joie vive & pure ; tantôt il y porte l’étonnement, y excite la pitié, la terreur, ou la remplit de courage : Comme le second, il fait des Tableaux ; mais (& j’ose le dire) il est en ce cas, bien au-dessus de la Peinture. […] Je le demande à ces Pédans maussades, pour qui les plaisirs des autres sont un supplice, & qui cependant se livrent sans réserve au plus doux de tous pour leurs cœurs ulcérés, à celui de fronder, Quel crime y a-t-il à rire du tableau vivant des ridicules ; à s’attendrir à la vue des misères humaines ; à se livrer à l’admiration, à l’enthousiasme qu’excite l’héroïsme de la vertu ; à ressentir la douce, la délicieuse émotion d’un amour honnête ? […] » Personne n’ignore la dépense excessive des Grecs & des Romains en fait de Spectacles, & sur-tout de ceux qui tendoient à exciter l’attrait de l’émotion. […] Si l’on considère chacun de ces objets en particulier, l’on n’en trouve aucun qui n’ait ses inconvéniens, puisqu’il n’en est aucun qui n’excite les passions, & qui ne puisse en rendre l’émotion dangereuse : la Musique, par ses accens efféminés ; la Danse, par ses voluptueuses attitudes : je ne dois m’arrêter ici qu’aux principales sources du danger des Représentations : je renvoie pour les autres au § II, où je les envisage par le côté favorable. […] Un pareil dessein, s’il était exécuté, mettrait le comble au mal ; puisqu’un Peuple corrompu, au lieu des amusemens où les passions sont quelquefois chatouillées, excitées, réveillées, chercherait des divertissemens où il pût les assouvir.
» Or dans la pensée d’un ancien Auteur parmi les ouvrages de saint Augustin ; par les pompes du diable, on doit entendre les vanités du siècle et tout ce qui peut exciter au-dedans de l’homme l’ambition, et les mauvais désirs de la chair. […] » Cette raison générale est donc que les Comédies par les sujets qu’elles représentent ou par les circonstances qui les accompagnent, excitent et enflamment les passions. […] Il faut que les passions qu’on y représente aient quelque chose de fort, de vif et de touchant, afin qu’elles puissent exciter dans l’âme l’effet que l’on prétend ; afin que les sujets que l’on choisit puissent plaire, ils doivent être conformes à la disposition de la plupart des spectateurs qui sont des personnes du monde qui en ont les maximes et l’esprit. Si ce sont, par exemple, des sujets de haine, d’amour, de colère, d’orgueil, il faut qu’un Acteur pour exprimer ces passions le plus naturellement, et le plus vivement qu’il lui est possible, il faut, dis-je, qu’il en excite en lui-même les mouvements. […] A la troisième demande, on répond que l’Opéra est d’autant plus dangereux, qu’à la faveur de la Musique dont les tons sont recherchés et disposés exprès pour toucher, l’âme est bien plus susceptible des passions qu’on y veut exciter, et particulièrement de celle de l’amour, qui est le sujet le plus ordinaire de cette sorte de Comédie.
» Lorsque ceux avec qui nous conversons, expriment vivement leurs affections, ils nous les communiquent ; l’image de leurs actions, que nous voyons, le son des paroles qu’ils prononcent d’un ton élevé, excitent en notre âme des idées qui sont suivies des mêmes mouvements dont ils sont agités. Comme la nature nous a faits les uns pour les autres, elle nous a liés par cette sympathie ou communication réciproque de nos passions ; de sorte qu’une personne vicieuse qui nous parle fortement, ne manque point de nous tourner l’esprit et le cœur comme le sien, et par consequent de nous infecter de son venin, à moins que nous nous tenions attachés à la vérité pour n’être pas ébranlés par ses paroles, et que nous n’excitions en nous-mêmes des passions opposées à celles qu’elle nous inspire.
Je demande à quelqu’un qui se trouve malheureusement sous la puissance d’un avare, si toutes les actions de cet avare l’excitent à rire, & si au contraire il ne maudit pas cent fois le jour, celui dont il éprouve la cruelle avarice. […] S’il n’est pas de l’essence d’une action vertueuse ou vicieuse d’exciter à rire ceux devant qui elle se passe, il n’est pas par conséquent de l’essence de la Comédie de faire rire les Spectateurs, puisque la Comédie ne traite que des actions vertueuses ou vicieuses. […] Ce sont ceux qui ne sont ni assez affligeans pour exciter la compassion, ni assez révoltans pour donner de la haine, ni assez dangereux pour inspirer de l’effroi ; c’est-à-dire, que M.
Il est très-bon, comme je l’ai dit, d’exciter en nous la Pitié, & d’entretenir cette sensibilité que la Nature nous a donnée pour les malheurs de nos semblables ; mais les Poëtes Tragiques plus empressés d’amuser que d’instruire, pour exciter dans les Spectateurs une violente émotion, faisoient retentir les plaintes de malheureux qui s’abandonnant à la plus vive douleur, loin d’apprendre à supporter les maux de la vie, & les injustices avec patience, étoient les modeles de toute l’impatience d’une Nature irritée, & qui demande vengeance.
Le son des voix et des instruments enflamme les désirs, ôte à l’esprit toute sa force, corrompt les bonnes mœurs, excite impétueusement les affections indécentes. […] On doit donc regarder l’invention de la musique comme un présent que Dieu nous a fait pour l’employer à chanter sa gloire, à lui exposer nos besoins, à le remercier de ses dons, à manifester notre joie dans la prospérité, à dissiper nos chagrins dans nos afflictions, à soulager nos peines dans nos travaux, à exciter enfin l’ardeur martiale dans le cœur des combattants.
L’Opéra est d’autant plus dangereux, que l’âme y est plus susceptible des passions qu’on y veut exciter à la faveur de la musique. […] Esprit, en ce qu’ils excitent le trouble des passions de l’âme Ibid. […] » Or dans la pensée d’un ancien Auteur parmi les ouvrages de Saint Augustin, par les pompes du diable, on doit entendre les vanités du siècle, et tout ce qui peut exciter au-dedans de l’homme l’ambition et les mauvais désirs de la chair […] » Cette raison générale est donc que les Comédies par les sujets qu’elles représentent, ou par les circonstances qui les accompagnent, excitent et enflamment les passions. […] Si ce sont, par exemple, des sujets de haine, d’amour, de colère, d’orgueil, il faut qu’un Acteur pour exprimer ces passions le plus naturellement et le plus vivement qu’il lui est possible, il faut, dis-je, qu’il excite en lui les mêmes mouvements.