/ 196
163. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

Martin de Tours dont il étoit Chanoine ; le fond de l’intrigue étoit un mandement du Chapitre pour la réception de la constitution que ses ennemis firent brûler dans le cloître ; ses confreres paroissoient tour à tour sur la Scène, peints, nommés & tournés en ridicule ; il y fait venir les Musiciens, les enfans de-Chœur, le Carrillonneur & le Bedeau. […] Il fut toujours pauvre, laborieux & triste ; la mort d’une épouse de mérite qu’il aimoit beaucoup, & de deux enfans du premier mari de sa femme qui l’avoit comme adopté, l’accablerent de douleurs & le jetterent dans une profonde tristesse dont ses écrits ne sont que l’expression, & si on peut le dire, des accès de redoublement, car la poésie n’est qu’un jeu de machine, la verve une imagination exaltée, la bile qui bouillonne dans le caractere satyrique, le sang dans la galanterie comme l’adresse des animaux qu’on nomme instinct, moins vive, mais plus grande dans son objet que celle de l’homme.

164. (1790) Sur la liberté du théatre pp. 3-42

Audinot n’a pu, pendant long-temps, faire parler que des marionettes ; on lui a permis ensuite de leur substituer des enfans. […] Les enfans savent que Mazarin disoit des François : « ils chantent ; ils paieront ».

165. (1644) Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. Discours quatriesme « Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. » pp. 100-132

Il ne mesloit pas le Ciel auecque la Terre, quand il se joüoit auec ses enfans, ou qu’il entretenoit sa femme de l’œconomie de sa maison.

166. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE VII. Histoire de la Poësie Dramatique moderne. » pp. 176-202

Il traitoit de grands Sujets, comme Lucifer, ou la chute des Anges, chute arrivée, suivant le Poëte, parce que le Diable étoit amoureux d’Eve, la Délivrance du Peuple d’Israel, David livrant les enfans de Saül aux Gabaonites pour être pendus, la prise d’Amsterdam, Palamede, Piéce fameuse, qui rappellant aux Spectateurs la fin tragique de l’illustre Barnevel, eût causé celle du Poëte, si l’on n’eut trouvé le secret de le dérober à la colere du Stathouder.

167. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Ce caractère jovial, cette fécondité d’historiettes inconnues en Suede y parurent un prodige & firent sa fortune, il plut à la Reine par ses folies même, elle étoit trop frivole elle-même pour ne pas en être enivrée ; son père lui avoit fait faire ses classes & prendre le petit colet, il l’envoya à Paris auprès d’un oncle, qui exerçoit la médecine, cet oncle qui n’avoit pas d’enfans, le prit en affection, le fit étudier & prendre le bonnet de Docteur en médecine. […] La suite fut peu agréable, quand on peut traiter avec elle comme de couronne à couronne, on lui disputa la plupart des conditions qu’elle avoit apposées, elle vouloit désigner le successeur de Charles s’il mouroit sans enfans ; on le refusa, la pension réservée paroissoit trop forte, on vouloit qu’elle la mangeât dans le Royaume, & n’allât pas comme les Angéliques & les Bradamantes courir les terres & les mers.

168. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Suite d’Anecdotes illustres. » pp. 184-225

La jeune d’Aubigné fut trop heureuse d’épouser Scarron, vieux débauché, bouffon, perclus, Cudejatte qui voulut bien la prendre, il n’étoit rien moins qu’un maître & un modèle de vertu : Je lui apprendrai bien des sottises , disoit-il, après la mort de cet homme burlesque ; ne sachant que devenir, elle fut reçue quelque temps chez Ninon Lenclos, la plus fameuse courtisanne à qui elle plut, & avec qui elle vécut si familièrement qu’elles couchoient ensemble ; ce qui n’étoit rien moins encore qu’une école de vertu : enfin la veuve Scarron entra comme une espèce de femme de chambre chez Madame de Montespan, autre modèle de vertu dont elle devint la confidente, la commissionnaire auprès de Louis XIV, & enfin la Gouvernante de ses enfans naturels, dont l’éducation lui fut confiée ; elle s’acquitta si parfaitement de tous ces emplois, qu’elle plût au Roi, supplanta sa maîtresse, la fit retirer de la Cour, & devint femme du Prince, le rendit pieux, & lui fit fonder la fameuse Maison de St. […] Après la mort de Ladislas son frère aîné ; il fut élu Roi de Pologne, & obtint dispense du Pape pour épouser la veuve de son frère mort sans enfans, comme Henri VIII, Roi d’Angleterre l’avoit obtenue pour épouser Catherine d’Arragon sa belle-sœur ; quoique son règne fut glorieux & sage, il se dégoûta du trône, & devenu libre par la mort de sa femme sans postérité, il le quitta malgré les instances des Polonois qui l’aimoient ; il quitta même sa patrie, & vint à Paris dans le centre du plaisir, comme Amedée, Duc de Savoye se retira dans le château de Ripaille.

169. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

c’est le sort de l’humanité D’Adam nous sommes tous enfans ; la preuve en est connue, & que tous nos parens ont mené la charrue . […] Systême absolument contraire à la vérité, puisque l’Ecriture nous apprend que l’homme & la femme ont été créés avec toutes les perfections de l’esprit & du corps, & formerent leurs enfans par l’éducation & l’exemple Ce systême arbitraire ou plutôt chimérique, sont comme le roman des tourbillons de Descartes, où l’on examine, non comment le monde a été fait, mais comme on s’imagine qu’il a pu se faire.

170. (1686) La Comédie défendue aux chrétiens pour diverses raisons [Traité des jeux et des divertissemens] « Chapitre XXV » pp. 299-346

Et Aristotem ne veut pas que les Legislateurs permettent aux enfans d’aller aux Comédies, ni aux Tragédies. […] Ils voïent & ils connoissent tout le monde, sans estre vûs ni connus de personne ; semblables en cela aux petits enfans qui se sont une grande joïe de s’imaginer, quand ils se cachent le visage de leurs mains, qu’on ne les voit point, & que cependant on les cherche.

/ 196