Je sais qu’on n’est pas le maître d’empêcher les regards & les pensées ; mais on doit avec le plus grand soin éviter d’en forurnir l’occasion.
Le Prince eut bien de la peine à s’empêcher de rire ; J’approuve leur piété, dit-il avec un sérieux forcé, qu’ils enterrent si bien leur mère, qu’elle ne paroisse jamais plus.
Il en rougissoit, & ne pouvoit s’en empêcher.
Il n’est pas moins inutile d’ajoûter, que quoyque l’on ne voye guere de pieces de Theâtre sans amour, & que pour l’y faire entrer, on n’a pas même égard à la verité de l’Histoire, pourvû qu’on ne sorte point de la vray-semblance ; neanmoins on n’y represente que des passions legitimes, qui ont pour fin le Mariage, que Dieu même a authorisé, & institué le premier ; parce que l’esprit de ceux qui les voyent representer, ne s’attache qu’à ce qui lui plaît, & fait abstraction des circonstances qui les peuvent justifier ; car ce n’est pas une chose que les Acteurs puissent regler dans ceux qui écoutent, ni arrêter dans les limites qui sont permises, comme fait le Poëte dans ses Vers ; au contraire les spectateurs n’en reçoivent souvent que ce qu’elles ont de criminel ; & elles agissent ensuite selon la difference des dispositions qu’elles rencontrent ; & l’on peut dire, que souvent la representation d’une passion couverte de ce voile d’honnêteté, a plus infailliblement son effet, que les autres les plus illegitimes, parce qu’on est moins sur ses gardes, qu’on s’en défie, & qu’on s’en défend le moins ; aussi agit-elle plus à coup sûr, & sans qu’on se précautionne des remedes qui pourroient en empêcher l’impression : d’où il s’ensuit que ces spectacles sont toûjours dangereux pour tout le monde, & qu’un Chrétien ne doit jamais se fier à sa propre vertu.
Violento apprend que sa sœur est avec une dame françoise ; il veut voir la françoise qui paroît voilée, ce qui n’empêche pas Violento de concevoir pour elle une grande passion ; elle se retire néanmoins avec l’Olive, qu’elle nomme Finette ; au dernier acte, l’Olive, dans ses vrais habits, vient jouer des airs de mandoline, sous les fenêtres d’Inès, signal convenu pour qu’elle sorte en habit d’homme et soit enlevée.
On ne peut forcer personne à monter sur le théâtre, ni l’empêcher de le quitter ; libre ou esclave, fils ou étranger, ni père ni maître n’ont ce droit : « Nemini liceat ancillam vel libertam invitam in scenam pertrahere, nec converti volentem prohibere. » Se fût-elle engagée par contrat, eût-elle donné des cautions, ni elle ni ses cautions ne peuvent être obligées même d’en substituer une autre.
Elle ne sauroit empêcher, ni même retarder les révolutions qui s’opéreront, de siècle en siècle, dans l’esprit général ; & les persécuteurs ne réussiront qu’à se rendre odieux, en troublant, il est vrai, le repos des Ecrivains illustres, mais en augmentant leur célébrité.
Qui empêche d’en composer ?