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193. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXI. Réflexions sur la vertu qu’Aristote et Saint Thomas après lui ont appelée Eutrapelia. Aristote est combattu par Saint Chrysostome sur un passage de Saint Paul. » pp. 117-123

Elle est si mince que le même nom que lui donne ce philosophe, Saint Paul le donne à un vice qui est celui que notre vulgate a traduit scurrilitas, qu’on peut tourner, selon les pères, par un terme plus général, plaisanterie, art de faire rire ; ou, si l’on veut, bouffonnerie : Saint Paul l’appelle εὐτραπελία, eutrapelia Ep. […] Et remarquez que Saint Paul nomme un tel discours de son plus beau nom : car il pouvait l’appeler βωμολοχία (bomolochia), qui est le mot propre que donnent les Grecs, et qu’Aristote a donné lui-même à la bouffonnerie, scurrilitas. […]  donne à ce mot : mais ce philosophe le prend en bonne part, au lieu que Saint Chrysostome regarde la mobilité de cet homme qui se revêtit de toutes sortes de formes pour divertir le monde, ou le faire rire, comme un caractère de légèreté qui n’est pas digne d’un chrétienChrysost.

194. (1574) Second livre. Seconde épître. Cécile Cyprien à Donat [extrait] « letter » pp. 40-41

Il passe outre à declarer la vanité des jeux des Gladiateurs, lesquels s’entretuaient, pour donner du passetemps au peuple. […] On y aindresse un jeu de Gladiateurs et escrimeurs, pour donner récréation et du passetemps au peuple, en répandant le sang humain. […] Pour donner du passetemps à l’homme, l’homme est mis à mort : et pouvoir occire une personne, c’est science, c’est art, c’est usage et expérience. […] Il passe outre à declarer la vanité des jeux des Gladiateurs, lesquels s’entretuaient, pour donner du passetemps au peuple. […] Cotgreave donne pour putois, putier et putoir plusieurs termes pour de fort mauvaises odeurs, sans attribution à l'arbre.

195. (1677) L’Octavius « Paragraphes XXXVI-XXXVIII du texte latin » pp. 159-171

Et encore le Prince ne peut donner ce qu’il n’a pas ; Je veux dire qu’il ne saurait prolonger nos jours, quoiqu’il puisse honorer notre vaillance. […] Un Mutius Scévola, qui ayant manqué à frapper un Roi, eût été cruellement meurtri, s’il n’eût laissé brûler sa main ; Et combien y en a-t-il parmi nous, qui sans donner aucune marque de crainte, ont vu brûler tous leurs membres pouvant se délivrer d’une parole ? […] Les Rois reçoivent autant de crainte qu’ils en donnent, et quoique une grande foule les accompagne, ils se trouvent seuls dans le danger. […] Ne cueillons-nous pas le lis et la rose, et toutes celles que nous donne le printemps, qui embellissent les parterres, et qu’on estime pour leur beauté, ou pour leur odeur ? […] Nous vivons aussi sans appréhension par la grâce que sa bonté nous a faite, et jugeons de la félicité qui nous attend par l’assurance qu’il nous en a donné lui-même en conversant parmi nous.

196. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-7

On ne voit rien de tout cela dans les premiers siecles de l’Eglise, quoique le pouvoir des démons y fût si bien connu, que les Apôtres & les Martyrs chassoient fréquemment les démons, en vertu du pouvoir que Jesus-Christ en avoit donné en termes exprès, in nomine meo demonia ejicient  ; que Saint Pierre ait combattu Simon le magicien, Saint Paul le magicien Elimas, & c. […] Au retour de ces assemblées nocturnes, chacun selon son caprice racontoit ce qu’il y avoit vu : ce qui forma insensiblement ce corps de créance populaire, qui n’est qu’une folie, que l’on doit sur-tout au Théâtre, qui en donna le goût, l’idée & le modele. […] Le théatre n’a point fait les dieux, il est vrai ; mais il les a célébrés ; il étoit une partie de leur culte ; il a enseigné, il a représenté leurs actions ou plutôt leurs crimes ; il a été comme la chaire où on a prêché leur doctrine ; il leur a donné des habits, & comme fait leur toilette ; il a formé leur cortége & leur pompe, & prononcé leurs oracles ; il a donné des pampres & le thyrse à Sylene & Bacchus, sur les treteaux de Thespis, qui couroit les champs couvert de pampres & barbouillé de lie ; il a donné la licence à Venus, à l’Amour, la nudité aux Graces, la fraicheur à Hébé, des plumes de paon à Junon ; sa décoration est devenue celle des temples, & la parure des actrices leur plus bel ornement. […] Les attraits, l’indécence, la facilité, l’invitation des actrices, la scandaleuse multitude des objets séduisans dont on est environné, des piéges qui y sont tendus, dont presque personne n’échappe, ce corps de péché en donnoit horreur, comme il en donne encore aux Chrétiens, excitoit le zele des ministres, & allumoit les foudres de l’Eglise, comme il fait encore.

197. (1823) Instruction sur les spectacles « Conclusion. » pp. 195-203

Si on n’y adore plus les faux dieux, on y divinise les vices les plus honteux, on leur donne le coloris des vertus les plus sublimes ; on y avilit, on y dégrade les vertus les plus sublimes en leur faisant jouer des personnages gothiques et ridicules. […] Vous n’avez pas besoin de ces danses voluptueuses, de ces décorations éblouissantes et de ces enchantements diaboliques pour vous corrompre, cette concupiscence qui est en vous, et qui ne périra qu’avec vous, ne vous en donne que trop souvent l’occasion. […] Votre présence au théâtre est un sujet de scandale pour ces âmes faibles qui ne se décident que sur l’exemple d’autrui, qui ne penseraient point à y aller, si elles ne vous y voyaient point courir avec une espèce de fureur, et qui n’y vont que parce qu’elles y sont entraînées par l’exemple pernicieux que vous leur donnez. […] Vous avez beau désapprouver secrètement leurs pièces, votre présence leur sert d’applaudissement et est un suffrage de plus que vous leur donnez ; votre présence au théâtre est un sujet de scandale pour vos frères à qui vous donnez l’exemple d’une dureté barbare envers les malheureux. […] Ils ajoutent que, si vous n’y renoncez pas pour toujours au lit de la mort, vous vous donnerez, à vous-même et aux autres, un spectacle bien triste et bien tragique.

198. (1764) De l’Imitation théatrale ; essai tiré des dialogues de Platon : par M. J. J. Rousseau, de Genéve pp. -47

Je trouve, sur-tout, qu’il importoit de donner, comme nous avons fait, des bornes à la licence des Poëtes, & de leur interdire toutes les parties de leur art qui se rapportent à l’imitation. […] Lycurgue donna des loix à Sparte, Charondas à la Sicile & à l’Italie, Minos aux Crétois, Solon à nous. […] En nous offrant ses images, il les affirme conformes à la vérité : il est donc obligé de la connoître, si son art a quelque réalité ; en peignant tout, il se donne pour tout sçavoir. […] C’est cette foiblesse de l’entendement humain, toujours pressé de juger sans connoître, qui donne prise à tous ces prestiges de magie par lesquels l’Optique & la Mécanique abusent nos sens. […] Qui ne loue pas sérieusement l’art de l’Auteur, & ne le regarde pas comme un grand Poëte, à cause de l’expression qu’il donne à ses tableaux, & des affections qu’il nous communique ?

199. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre [V].  » pp. 156-192

Exultabunt, c’est-à-dire, se donnent des marques de la joie, dont ils sont comblés. […] Le Saint-Esprit donne aux Anges des instrumens de musique. […] Il n’y a plus que le coup de maître à donner. […] L’actrice donne ce dédommagement criminel. […] Le tendre Ovide leur donne des leçons ; elles ajoutent au ridicule.

200. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « II. PARTIE. Où l’on répond aux Objections de l’Auteur de la Lettre. » pp. 89-140

» Il donne ailleurs cet excellent avis à son peuple. […] Dans l’instruction qu’il donne aux Confesseurs. […] Car tantôt il loue hautement la Comédie, et tantôt il la blâme, et tâche d’en donner de l’horreur. […] ne faut pas aller a la Comédie, à cause que la vue des femmes peut donner de mauvaises pensées. […] Donnons lui en donc d’autres : Mais quels spectacles donnerons-nous à des chrétiens, que nous voulons détourner de ceux que nous blâmons ici ?

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