Quels sont les divertissements ordinaires de la plus grande partie des chrétiens pendant les Dimanches et les Fêtes. Il me semble qu’on peut réduire ces divertissements à cinq principaux, à savoir, les théâtres et comédies, le jeu, les régals, la chasse, et les visites : ce sont-là, à mon avis, les seuls divertissements de la plupart des Chrétiens pendant les jours des Dimanches et des Fêtes. Reste donc à examiner si ces sortes de divertissements sont licites, et s’ils ne sont point accompagnés de circonstances et défauts qui les rendent illicites et condamnables ; et pour cet effet considérons-les, et les regardons dans l’esprit, et selon la règle des plus saints hommes qui nous aient précédés. […] Après ce saint Evêque, je vous prie, mon cher Lecteur, d’entendre Tertullien, sur les sentiments que les Chrétiens de son temps avaient de ces sortes de divertissements ; voici comme il en parleLib. de spectat. c. 10 [Tertullien, Des spectacles, chapitre 10.] […] Dites-moi, de grâce, mon cher Lecteur, oseriez-vous après cela baptiser les théâtres et les spectacles, de récréations et de divertissements ?
Sur les Divertissements du monde. […] Je ne viens donc point vous dire que tous les divertissements du monde sont criminels et réprouvés de Dieu : Mais aussi j’avance avec saint Grégoire Pape, qui l’a remarqué avant moi, que ces divertissements du monde permis et innocents sont bien rares, que ces divertissements honnêtes sont dans le monde en bien petit nombre, en un mot, que la plupart des divertissements du monde sont condamnables ; pourquoi ? […] Je les considère ces divertissements mondains, dans leur nature, dans leur étendue, et dans leurs effets. […] Ce ne sont encore pour eux que des divertissements ; mais attendez que le feu se soit allumé, et bientôt ces divertissements ne deviendront, et pour eux, et pour vous, que trop sérieux. […] Mais faut-il se priver de tout divertissement ?
Il y a tant de choses, lesquelles condamnent l’usage, qui s’en fait, que, de quelque côté que l’on se tourne, l’on n’entend que des voix, qui crient contre ce divertissement, autant préjudiciable à l’ame, qu’il est agreable aux sens. […] N’est-on pas donc obligé de regarder au moins la comedie, comme un divertissement dangereux, puis qu’ils ont parlé de cette sorte de spectacle, comme d’une chose, capable de corrompre les mœurs les plus innocentes ? […] Jugez sur ce pied, Madame, où vous en pourrez venir, si vous aimez le divertissement de la comedie. […] Et à vous, Madame, vous puis-je demander, si vous n’avez pas ainsi quelquefois épargné le vôtre, pour les Sermons, sans l’épargner aucunement, afin de vous contenter du divertissement de la comedie, si préjudiciable à vôtre ame ? […] Me direz-vous encore, qu’on en voit, qui étant consacrez à Dieu, ne font aucune difficulté de se trouver avec les seculiers, pour prendre le divertissement de la Comedie ?
« Cum saltatrice ne assiduus sis, nec audias illam, ne forte pereas in efficacia ejus. » Ces paroles peuvent raisonnablement être appliquées à toutes les personnes de ce sexe, qui sont attachés par affection à ce divertissement dangereux. […] En effet la danse n’est pas moins un divertissement sensuel pratiqué par les Païens, que les autres actions que les Saints blâment avec tant de zèle, et avec tant de force. […] Et certes c’est avec beaucoup de justice que les Saints ont combattu ces divertissements avec tant d’ardeur, puisque suivant le jugement qu’ils en ont porté dans la lumière de Dieu, ce sont des choses opposées à l’honnêteté et à la vertu, et des inventions du démon pour perdre les âmes. […] Le même Saint invective encore contre ce même divertissement, appliquant à la danse plusieurs paroles terribles de l’Ecriture, comme celles du Psalmiste ; Psal. 11, et 96. […] sent. d. 16 « Cum viros cum mulieribus ludentes maledixerit Barnabas. » et qui se mêlent dans leurs divertissements avec les femmes ».
On demande où c’est que l’Evangile défend ces profanes divertissements ? […] Comptera-t-on pour rien le concours de tous les Saints à condamner ces divertissements profanes ? […] pour condamner de si profanes divertissements, pourquoi chercher ailleurs d’autre raison que les spectacles mêmes. […] Il est de son intérêt qu’on le regarde dans le monde comme un divertissement permis et honnête. […] Et qui s’est jamais avisé en allant à ces profanes divertissements, de s’y préparer par la prière ?
Il s'ensuit de là que tous ceux qui n'ont point besoin de divertissement, c'est-à-dire que la plupart de ceux qui vont à la Comédie, ne le peuvent faire sans péché, quand il n'y aurait point d'autre raison qui rendît la Comédie défendue. Mais il ne s'ensuit pas que ceux qui ont véritablement besoin de se délasser l'esprit, puissent y aller sans péché; parce que la Comédie ne peut passer pour un divertissement, ne pouvant avoir l'effet qu'il est permis de chercher dans le divertissement. […] Ainsi comme le besoin que nous avons de manger ne fait pas qu'il nous soit permis de manger des viandes, qui ne servent qu'à affaiblir le corps; de même le besoin de se divertir ne peut excuser ceux qui recherchent des divertissements qui ne font que rendre leur esprit moins propre à agir chrétiennement.
Il y a tant de choses, lesquelles condamnent l’usage, qui s’en fait, que, de quelque côté que l’on se tourne, l’on n’entend, que des voix, qui crient contre ce divertissement, autant préjudiciable à l’ame, qu’il est agréable aux sens. […] N’est-on pas donc obligé de regarder au moins la comédie, comme un divertissement dangereux, puis qu’ils ont parlé de cette sorte de spectacle, comme d’une chose, capable de corrompre les mœurs les plus innocentes ? […] Jugez sur ce pied, Madame, où vous en pourrez venir, si vous aimez le divertissement de la comédie. […] Me direz-vous encore, qu’on en voit, qui estant consacrez à Dieu, ne font aucune difficulté de se trouver avec les seculiers, pour prendre le divertissement de la comédie ? […] Mais aujourd’huy, sous ce prétexte trompeur, que le Théatre n’a plus rien, qui blesse ouvertement l’honnesteté, bien des ames innocentes y sont attirées, comme les autres, ne pensant, qu’a se donner simplement le divertissement d’un spectacle, que l’on dit estre maintenant innocent.
Les Chrétiens de ce temps-ci sont-ils moins obligés que ceux du temps de Tertullien, à quitter les passions du siècle, et à mortifier en eux les désirs qui les portent à la recherche des plaisirs et des divertissements ? […] ou plutôt quel aveu ne fait-on pas par ce jugement de la corruption qui est inséparable de ce divertissement ; puisque quelque agréables que soient ceux qui le donnent, ils ne laissent pas néanmoins de demeurer dans l’infamie dont on les a notés ? […] Chrysostome, que ce n’est point à nous à passer le temps dans les ris, dans les divertissements, et dans les délices. […] Paul nous a défendu les paroles impertinentes, et celles qui ne tendent qu’à un vain divertissement : mais le démon nous persuade d’aimer les unes et les autres. […] » Il faut donc ma Sœur, inspirer à vos enfants de l’horreur de la comédie ; parce que elle est un divertissement dangereux, et indigne d’un Chrétien.