La Muse Dramatique est plus libre sans être infidelle, & par-là elle devient plus utile. […] Vous devenez Spectateur & témoin des combats & des palmes de ces saints Athletes. […] Mais qu’est devenu, je vous prie, la séverité Athenienne ? […] Par quelle destinée votre art devenu esclave d’un indigne amour, s’est-il corrompu pour être corrupteur ! […] Qu’une Ecole, que vous avez livrée au vice, devienne, par vos efforts, une Ecole de vertu.
Il est certain que dans ce siecle, qu’on peut appeler le Siecle des Théatres, ce goût est devenu si dominant que son poison insecte tout.
Les années le mûriront enfin, après de nouveaux égaremens : devenu père-de-famille, on le verra, guide tendre & clairvoyant, chercher quelque jour les moyens d’applanir à l’âge de l’innocence, les difficultés qu’il trouve dans les rebutantes leçons de la première éducation.
Le Théâtre devint le rendez-vous de toutes les conditions, & la source des plus doux amusemens. […] Il attira les regards du Monarque, entra dans ses divertissemens, & mérita ses bienfaits & sa protection : en un mot, il devint un établissement chéri & scellé de l’autorité Royale.
Ce n’est point en criant, en étudiant devant un miroir ses gestes & sa démarche, qu’on est certain de se tirer de son role ; on doit dèscendre jusques dans la lie Peuple, apprendre ses façons d’agir, de parler, de se conduire ; on doit devenir presque original, tandis qu’on n’est qu’une simple copie. […] Et quand nous oserons faire imprimer des Poèmes si chargés d’avis aux Acteurs, que deviendront-ils, s’ils sont lus par quelqu’un qui ne soit ni Pantomime, ni Comédien ?
Nous avons beau leur plaire, être belles, avoir ces charmes qui les séduisent ; l’imagination, durant l’absence, fait nous en prêter bien davantage : le desir s’éteint dès qu’on possède ; mais souvent il arrive aussi qu’il devient plus vif pour le bien qu’on n’a plus, que pour celui dont on n’a jamais joui. […] Je trouverais bien un autre inconvénient dans ce goût des Spectacles devenu trop commun : c’est que les Grands dédaigneront peut-être de le partager avec le Peuple : alors plus de chef-d’œuvres à espérer dans le Dramatisme ; plus de grands Acteurs, dans le Mimisme ; la Comédie retournerait sur les tréteaux : car, qui voudrait écrire pour le peuple ?
Il l'exhorte à retourner dans la solitude, et lui représente les avantages de sa vie qu'il a quittée : « Souvenez-vous, lui dit-il, que par le Baptême vous êtes devenu soldat de Jésus-Christ ; dès lors vous avez fait serment de lui être fidèle, et de n'avoir égard ni à votre père, ni à votre mère quand il s'agirait de son service …… Quelques caresses que votre petit neveu vous fasse pour vous retenir ; quoique votre mère les cheveux épars, et les habits déchirés vous montre le sein qui vous a allaité, pour vous obliger de demeurer, quoique votre père se couche sur le seuil de la porte pour vous empêcher de sortir : foulez-le courageusement aux pieds, et sans verser une seule larme, allez promptement vous ranger sous l'étendard de la Croix. […] Malheur à une telle mère, elle devient la meurtrière de sa fille.
Et Daniel en devint-il dans la suite moins cher à son Maître ? […] Combien en est-il, qui ont prétendu de même n’y aller qu’une seule fois, ou par curiosité, ou par complaisance ; et que l’attrait du Théâtre a tellement séduits tout à coup, qu’ils en sont devenus les partisans les plus zélés et les plus empressés sectateurs.