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13. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

Tout le monde danse naturellement, aime à voir danser. […] David dansa lors de la translation de l’Arche, la sœur de Moyse après le passage de la mer Rouge. […] La Fontaine fut la premiere femme qui ait dansé à l’opéra. […] Le farouche Domitien chassa du Sénat plusieurs Sénateurs, uniquement parce qu’ils avoient dansé. […] David dansa devant l’Arche, mais c’étoit dans les rues ; dansa-t-il dans le sanctuaire ?

14. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XI. Qu’on ne peut danser sans péché les jours qui sont particulièrement destinés à l’exercice de la piété Chrétienne. » pp. 41-53

Qu’on ne peut danser sans péché les jours qui sont particulièrement destinés à l’exercice de la piété Chrétienne. Ceux qui dansent, et qui vont au bal, et à la comédie au temps dans lequel, suivant l’ordre de l’Eglise, les Chrétiens doivent spécialement vaquer à la pratique de la pénitence, ou s’occuper aux exercices spirituels, et à la dévotion, ne sauraient être excusés de péché mortel. […] Il croit donc que ceux qui dansent les jours des Dimanches pèchent grièvement ; si ce n’est peut-être, dit-il, que ce fût dans l’occasion d’une joie publique, et extraordinaire, comme pour quelque victoire, ou que cela se fît secrètement : mais ces exceptions ne sont point justes, et ne doivent point être par conséquent reçues. […] Et pourquoi ne serait-il pas permis aux personnes mêmes consacrées à Dieu, de danser, et à celles qui ne le sont pas de prendre ce divertissement dans un lieu saint, et de le faire autant de temps qu’il leur plaira ? […] Et Sylvestre est encore descendu dans un relâchement plus étrange, réduisant l’obligation de ne point danser en ces jours, au seul temps de la Messe.

15. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre III. Que les Danses sont défendues aux Ecclésiastiques. » pp. 14-21

Nous disons donc que les personnes Ecclésiastiques ne peuvent point licitement danser, et que les Danses leur sont entièrement défendues. […] Si les Canons ne permettent pas seulement aux Ecclésiastiques de se trouver aux lieux, et dans les occasions, où se font les Danses ; Comment pourrait-on prétendre, qu’ils pussent eux-mêmes danser sans péché. Sylvestre et Angélus déclarent que le péché que ces personnes commettent, si elles viennent à danser, est mortel à cause de la prohibition, et du scandale : « Non oportet ministros altaris vel quos libet clericos spectaculis aliquibus quæ aut in nuptiis aut scenis exhibentur interesse » de consecr. dist. 5. […] Car soit qu’ils dansent secrètement, soit qu’ils se divertissent de cette manière à la vue du monde, ce qu’ils font est toujours prohibé, et par conséquent illicite. […] Enfin quand bien un Ecclésiastique pourrait danser secrètement, il y aurait toujours beaucoup de raisons, qui le rendraient inexcusable dans son péché.

16. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE VI. Où l’on examine si le Bal public proposé par M. Rousseau ne serait pas plus préjudiciable aux mœurs de Genève, que le spectacle qu’il proscrit. » pp. 211-224

Si c’est un bien que de danser en public, et qu’une jeune personne mérite un prix pour avoir bien dansé, il faut donc que tout le Sénat de Genève apprenne à danser aussi, qu’il ouvre le Bal lui-même, pour déterminer le Public à donner la préférence à ce genre d’amusement. […] Le Législateur doit l’exemple de la pratique de ses lois ; donc le Sénat de Genève ne pourrait se dispenser de danser lui-même, pour faire danser les autres. […] Un Maître à danser ordinaire dit toujours à ses écolières : Mademoiselle, avancez la poitrine, effacez les épaules légèrement, marquez scrupuleusement la cadence, les yeux fixés sur ceux de votre Cavalier, que tous vos mouvements peignent avec grâce un sentiment, souriez agréablement. […] Il tiendra Registre, Journal apparemment, de la façon dont chacun aura dansé ; et, par un acte déposé scrupuleusement au Greffe, on saura que tel jour, Mademoiselle une telle a dansé un peu trop légèrement, que tel autre jour, Monsieur un tel a laissé échapper un pas de Menuet un peu trop libidineux ; on saura que dans tel Bal Mademoiselle N. a choqué la modestie par un port de bras trop tendre, et que Monsieur N. a payé l’amende pour avoir fait connaître par un coup d’œil trop décidé qu’il avait pour sa figurante, en ce moment, un sentiment plus que patriotique.

17. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XVII. Que les danses sont condamnées dans l’Ecriture, et par les Pères. » pp. 119-141

Pleræque enim earum, tamquam in numerosa multitudine diebus festis, cum adveniunt audituræ verbum Dei, per inscitiam lætitiæ spiritualis, se dedunt inhonestis disciplinis. » c’est-à-dire, de femmes et de filles Chrétiennes, qui par une indiscrète et fausse joie, qu’elles appellent spirituelle, dansent aussi d’une manière honteuse les jours des Fêtes, et dans le temps même qu’elles viennent dans les Eglises pour entendre la parole de Dieu. […] Ces personnes malheureuses, ajoute-t-il, qui n’ont pas honte de danser, même devant les Eglises qui sont dédiées à la mémoire des Saints, quoiqu’elles soient venues à l’Eglise comme fidèles, et comme faisant profession du Christianisme ; elles s’en retournent néanmoins chez elles, avec l’esprit, et avec les vices des Païens, parce que cette coutume de danser n’est qu’un reste du Paganisme. » Ser. 215. […] dans le Livre qu’il a composé sur ce sujet, et dans ses Lettres, déplore la misère, l’aveuglement et la folie des Chrétiens, qui leur fait aimer les inventions des démons, et qui les porte à imiter les mœurs et les façons de faire des Gentils et des Idolâtres : mais ce qu’il juge encore plus intolérable, c’est qu’ils veulent justifier leur conduite déréglée par l’action de David qui dansa devant l’Arche, et se servant de ce qui est dit dans les Saintes Lettres que Dieu avait prescrit à son peuple l’usage de plusieurs sortes d’instruments ; comme si, dit ce saint Martyr, on pouvait comparer à des choses qui ont été faites très saintement, et pour le culte de Dieu seul, ces divertissements mondains, qui ne servent qu’à la volupté. […] « C’est une chose exécrable, dit-il, de danser les jours des Fêtes, puisque dans cet exercice les âmes de ceux qui y assistent, tombent dans les pièges du démon, et contractent beaucoup de taches par la vue, par l’ouïe, par le goût, et par l’attouchement. » Bernardinus ser. 10. de observant. […] Jacques de Vitry rapporte qu’au pays de Saxe dans quelques villages, Dieu punit d’une manière terrible et extraordinaire des personnes qui dansaient un jour de Fête, et qui ne voulurent pas quitter ce divertissement, quoiqu’ils en fussent charitablement avertis par leur Curé.

18. (1769) Dissertation sur les Spectacles, Suivie de Déjanire, Opéra en trois actes, par M. Rabelleau pp. -71

En 1610 on vit celui du combat de la barriere, dansé à l’arsenal devant le Roi, le jour de Ste. […] En 1618, le grand ballet du Roi, dansé par S. […] Germain, dansé par le Roi dans la salle du Louvre. Enfin on vit sous Louis XIV en 1646, le ballet dansé à Essaune le 18 août, dans la maison du Sr. […] Il n’y a aucun mal à danser ni à chanter, mais il y en a à déclamer : quelle contradiction !

19. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XII. » pp. 58-61

Vous dites que Quatre Fourbes viennent danser auprès d’Argus pour l’amuser, dans la vue de lui faire enlever ses moutons lorsqu’il sera le plus attentif à la danse. Argus les découvre par d’autres yeux que ceux qui regardent danser. […] Ces yeux doubles que vous lui donnez, et dont les uns servent à regarder danser et les autres à veiller sont peut-être le Symbole de cette direction d’intention si célèbre dans votre Morale qui fait qu’on peut, selon vous, prendre part extérieurement à une chose défendue, pourvu que par d’autres yeux on se porte intérieurement à un objet permis.

20. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre VI. Des Poèmes Dramatiques représentés aux Jeux Scéniques. » pp. 135-144

Je ne sais pas même au vrai s'ils récitaient, s'ils chantaient, ou s'ils dansaient, ni si ces choses entraient séparément ou conjointement en tout ou en partie en leurs représentations. […] La Comédie fut considérée comme une peinture naïve et plaisante de la vie commune, et la Tragédie, comme un portrait magnifique et sensible de la fortune des Grands ; et ces deux sortes de Poèmes se récitaient plus ou moins sérieusement, selon la qualité des personnages que l'on y représentait ; mais sans danser ni chanter, sinon en quelques endroits où le chant de quelques vers pouvait faire quelque partie agréable et comme nécessaire de la représentation. […] Le Chœur seul y chantait et dansait, pour marquer ordinairement les intervalles des Actes, ou pour donner quelque grâce extraordinaire au Poème ; mais toujours avec la bienséance convenable à ces belles représentations.

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