/ 618
138. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrisostome. » pp. 180-195

Je crois que plusieurs de ceux qui allèrent hier aux spectacles d’iniquité sont ici présens. […] N’eussiez-vous point de commerce avec les Actrices, ne vous croyez pas sans péché. […] Jaloux de vos femmes, vous censurez leurs moindres démarches, & vous vous croyez tout permis. […] Croira-t-on même que jamais vous ne répétiez ce que vous avez entendu avec tant d’ardeur ? […] Vous en feriez de même pour les obscénités, si vous ne les aimiez pas ; nous croirions que vous ne les répérez pas, si vous ne pouviez souffrir de les entendre.

139. (1690) Entretien sur ce qui forme l’honnête homme et le vrai savant « VII. ENTRETIEN. » pp. 193-227

Croyez-moi, la bouffonnerie n’est propre qu’à faire des bouffons. […] C’est une obligation de tous les âges de la vie ; et je crois vous avoir déjà dit, que nos premières années y sont les plus propres. […] Mais les railleurs ne reconnaissaient point de loi, ils se croyaient supérieurs à tout ; et par cela seul ils étaient plus abominables devant Dieu, que tout le reste du Paganisme. […] Car ceux qui ne se sont mêlés de science en aucune manière, respectent du moins la vérité et la justice sur la parole de ceux qu‘ils croient savants : Mais ces gens de fausses études joignent à leur ignorance une bonne opinion d’eux-mêmes, qui fait qu’ils s’opposent à tout ce qu’ils n’entendent point. […] Tout cela n’est que trop vrai : et je crois qu’il n’est pas nécessaire de rechercher davantage les sciences dont votre fils a besoin.

140. (1761) Lettre à Mlle Cl[airon] « LETTRE A MLLE. CL****, ACTRICE. DE LA COMÉDIE FRANÇOISE. Au sujet d’un Ouvrage écrit pour, la défense du Théâtre. » pp. 3-32

Comme s’il eût été au Barreau et plaidant sans préparation, il est tombé dans des écarts que l’on pourrait pardonner au feu d’une Eloquence rapide, mais qui dans bien informés des raisons pour lesquelles il a reçu une mortification qu’il avait méritée, croiront que c’est précisément pour avoir pris la défense du Théâtre, que le Livre et l’Auteur ont été en même temps condamnés. […] Racine, celui dont on crut l’accabler, et que l’on peignit des couleurs les plus affreuses, fut d’avoir employé son esprit au soutien du Théâtre. […] En voilà, je crois, assez sur une question de fait que l’on pouvait décider en peu de mots, et qui n’est point douteuse pour les gens de bon sens et de bonne foi. […] Croyez-vous que le bon citoyen, ou l’homme pieux, puisse entendre sans en être choqué des pensées que ses principes lui ont appris à détester ? […] Pour les rassembler sous un point de vue facile à être embrassé d’un seul coup d’œil : je crois que les Spectacles en général n’ont jamais été condamnés.

141. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre IV. De l’illusion Théâtrale. » pp. 64-79

Le Théâtre est un lieu de prestige, où le jeu du meilleur Acteur, dénué des accessoires, ne pourroit jamais forcer le spectateur, qui sait qu’il va voir une fiction, à croire que c’est une action véritable. […] Il faut que l’on me mette au milieu d’une armée, sous des tentes, dans un palais, que je voie le jour ou la nuit, ou je ne croirai jamais y assister. […] Si elles parroissent en corset, elles savent le rehausser par des rivieres de diamans. « Si nous ne devons pas espérer, dit encore l’Auteur que nous venons de citer, que les Comédiennes préférent à l’ajustement, sous lequel elles croiront dompter plus aisément les cœurs, celui sous lequel elles réussiroient d’avantage à tromper les yeux ; nous n’en aurons pas moins toujours le droit de nous plaindre de cet abus. […] Je crois moi que pour nous conserver de la sensibilité pour le Théâtre, il faudroit fermer les yeux, & n’ouvrir que les oreilles.

142. (1677) L’Octavius « Paragraphe XII du texte latin » pp. 42-46

Voilà la plus grande et la meilleure partie de vous-mêmes, si l’on vous veut croire, qui a faim et soif, qui est travaillée de pauvreté et de misère : Et Dieu le souffre et le dissimule, ou il ne veut pas secourir les siens, ou il ne le peut ; de sorte qu’il est, ou impuissant ou injuste. […] Ainsi il semble que vous craigniez même les Dieux que vous ne croyez point.

143. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

Cette idée conduit à croire l’ame matérielle ; mais je veux croire que l’Auteur n’a pas voulu insinuer cette absurdité. […] S’il l’eût cru digne de porter son nom & ses armes ? […] (On la força de l’abdiquer, & on laissa croire qu’elle l’avoit fait volontairement. […] Nous revînmes avec peine de notre extase, & nous crûmes pendant long-temps n’être plus sur la terre. Tel un spectateur de l’Opéra se croit dans un lieu enchanté.

144. (1731) Discours sur la comédie « MANDEMENT DE MONSEIGNEUR L’EVEQUE DE NIMES, CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 352-360

Nous crûmes la première fois que ce n’était qu’une curiosité passagère d’un divertissement inconnu, dont vous vouliez vous désabuser, et nous eûmes quelque légère condescendance. […] Vous croyez peut-être, Mes très chers Frères, qu’il est bon d’amuser et d’étourdir, pour ainsi dire, les craintes et les inquiétudes des peuples, et de leur mettre à la place de tant de tristes objets qui les environnent, des idées qui les divertissent. […] Ne croyez pas, Mes très chers Frères, que nous voulions vous effrayer.

145. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Diversités curieuses. » pp. 5-37

L’Auteur est assez peu Poëte pour se croire inspiré d’Apollon, & se donner pour tel. […] On croit se déshonorer en épousant une roturiere, & on ne croit pas se dégrader en commettant un crime. […] On l’en croira sur sa parole ; il n’est pas moins croyable dans ce qu’il dit des comédies. […] On croit, dans ce métier, que tous les biens sont communs. […] En voici quelqu’un au hasard, pour en donner une idée ; car je crois ce livre absolument inconnu.

/ 618