Jésus-Christ est notre objet et notre terme, le seul digne de nous ; méprisons tout le reste, pour ne nous occuper que de lui : « Ad Christum oculos dirige, averte à spectaculis et omni sæculari pompa. » Cherchez des plaisirs plus purs et de plus beaux spectacles : le ciel et la terre vous en offriront ; l’éclat de ces astres, qui perce les sombres ténèbres de la nuit ; cette vaste mer et ses abîmes, cette terre et l’émail de ses campagnes, les innombrables troupeaux qui la couvrent ; la variété du plumage, la douceur du ramage de ses oiseaux ; tout l’univers, théâtre de la puissance divine, ne vaut-il pas les fragiles et dangereuses décorations d’une scène criminelle, qui loin de vous satisfaire, ne peut que troubler le repos de votre vie par les justes remords qu’elle fait naître ?
J’avais cherché à me convaincre moi-même, qu’on peut rendre instructive une passion aussi criminelle que celle de Phèdre ; la critique juste et solide d’un de mes amis m’a éclairé et m’a fait revenir à mon premier sentiment, qui était de croire cette Pièce insoutenable sur le nouveau Théâtre ; surtout quand je donne l’exclusion à des Tragédies qui, en comparaison de celle de Phedre, mériteraient presque d’être placées parmi celles que je conserve.
Dans le séjour affreux des ombres éternelles Tomboient en un moment leurs ames criminelles. […] Son sujet criminel devient son ennemi, Et quand le Ciel vengeur ordonne qu’il punisse, Nulle fausse pitié ne corrompt sa justice. […] C’est peu d’y étaler ces exemples qui instruisirent à pécher, & qui ont été détestés par les Payens même ; on en fait aujourd’hui des conseils, & même des préceptes ; & loin de songer à rendre utiles les divertissemens publics, on affecte de les rendre criminels ». […] « Une fable du Paganisme mise en action ; fable qui n’a pour objet que l’intrigue la plus licencieuse & la passion la plus criminelle. […] Son feu n’allume point de criminelles flamme.
A se mocquer de leurs adversaires, à les accuser de malignité, de jalousie, de corruption secrette, couverte d’un zele hipocrite : la plaisanterie, style du Théatre, la récrimination, défense ordinaire des criminels, sont de fort petites raisons dont le mensonge seul peut avoir besoin. 2°. […] Les étincelles d’un feu criminel, qui petillent dans toute la personne d’une actrice ; cette flamme qui s’élance de ses yeux, cette langueur dans ses attitudes, cette vivacité dans ses mouvemens, ce souris qui invite & aplaudit au crime, ce chant harmonieux, qui amollit, cette voix douce qui pénétre, cette gayeté qui rassure, ces paroles tendres, ces sentimens rafinés, ce transport, ces dialogues animés, que sais-je ; c’est l’immodestie, c’est la volupté même qui parle, qui agit, qui appelle, qui s’offre, qui triomphe ; c’est-à-dire, qui empoisonne, qui perd l’homme pour l’éternité.
Dans la comédie il conduit à une union légitime ; s’il est criminel ; il donne la mort ; s’il ne l’est pas, il fait un mariage. […] On croit aujourd’hui l’amour une partie si essentielle des plaisirs publics, qu’on ne peut goûter de spectacle que cette passion criminelle n’anime toute l’action ; une jeune personne y voit, y entend tout ce qu’on trouve dans le monde le plus corrompu, & souvent davantage ; elle y voit le vice arrangé, combiné avec art, embelli des graces les plus séduisantes ; elle y voit justifier, applaudir, louer ce qu’on cache avec soin quand on succombe.
Cruel, ma destinée est assez malheureuse ; La foudre suit le spectre, et l'enfer a mugi, Puissé-je dans ces feux allumés par le ciel Expier les erreurs d'un penchant criminel. » Quel galimatias ! […] Qui soutiendrait la vue des dissections anatomiques, des opérations de chirurgie, de la question des criminels, du gibet, de la roue, etc. ?
Il n'est point de comédie où quelque jeune personne du sexe ne soit l'objet des poursuites criminelles, et quelque jeune homme le poursuivant. […] Le second dépend de nous, et nous rend criminels.
. « Que si les Pères se sont tant déchaînés, contre la Comédie, ça a été parce que de leur temps l’excès, en était criminel et immodéré ; et que s’ils l’avaient trouvée comme elle est aujourd’hui, conforme aux bonnes mœurs, et à la droite raison, ils ne l’auraient pas tant décriée... […] Celui qui par ses mouvements mesurés et par ses expressions sensibles allume dans le cœur d’un autre le feu criminel dont il est embrasé lui-même, passe-t-il pour chaste dans l’Ordre du Révérend ?