Il a respecté ma vertu ; il a craint ma pénétration ; jamais il n’osa me parler pour un sexe qui n’est fait que pour mon mépris… Non, Zima, il n’a pas craint de vous parler ; mais vous avez craint de l’entendre. […] … Il l’examine encore, il voit tout ce que je viens de peindre, il se rappelle tout ce qu’il vient d’entendre, il sent qu’il doit quelque chose à la reconnaissance, mais il n’est encore que reconnaissant, et ce qu’il répond laisse encore craindre bien des difficultés….
Diderot tombe dans le défaut qu’il a sujet de reprocher aux Auteurs dramatiques, on doit en conclure que ce défaut est difficile à éviter, & qu’on à lieu de craindre de le laisser glisser dans ses Ouvrages, si l’on ne se tient soigneusement sur ses gardes. […] Les Poètes du nouveau Spectacle ne doivent pas craindre de prendre des personnages trop vils : plus ils iront chercher dans l’obscurité les Hèros de leurs Drames, plus ils seront certains de nous plaire.
Ie ne crains pas de dire, qu’en la personne de Messieurs les Abbez de Maroles & d’Aubignac, la France possede toute l’ancienne Grece, & toute la vielle Rome ; que les Theatres de ces deux vieilles Merveilles du Monde, demeurent encor tous entiers dans leur teste, & que leur memoire n’en laisse rien perdre. […] Les Bourgeois & les Bourgeoises, qui ordinairement craignent plus les Filoux que le serain, y couroient en foule dans les deux Saisons : Sur tout si cette premiere regle estoit suivie de la seureté dont nous avons parlé, de quelque soin de leur commodité, & de leur faire tenir des sieges dans le Parterre.
Telles sont les pernicieuses maximes du monde, qu’une Dame craint, qu’elle ne passe pour une imbecille, une sotte devote, si elle doute, qu’il ne lui soit permis de faire, ce que l’exemple des autres paroît autoriser. […] Ce n’est pas moi, qui vous en suis témoin, Madame : car vous sçavez, que je suis d’un état qui par lui-même m’interdit de pareils spectacles : mais ce sont des personnes de vôtre rang qui ont eu le malheur de s’y trouver : ce sont des personnes de vertu & de probité, à qui une curiosité indigne de leur âge & de leur emploi avoit persuadé d’assister aux Comedies qu’on represente chez vous, qui avouent tous d’un consentement unanime, que le nouveau Theatre est un ecueil contre lequel échoue la chasteté chrétienne, que ces Comedies sont, principalement pour les jeunes gens, une école de libertinage, & que la contagion d’impureté est d’autant plus à craindre, qu’elle y est plus deguisée & plus rafinée.
Quand on craint d’être injuste on a toujours à craindre, Et qui veut tout pouvoir doit oser tout enfreindre. […] C’est trop craindre un Tyran que j’ai fait redoutable. […] on craint plus de supprimer les pièces, qu’on ne désire la suppression des Jésuites. […] Que peut craindre un Romain des caprices du sort, Tant qu’il lui reste un bras pour se donner la mort ? […] Campistron, de l’Académie Française encore, et placé à Toulouse sa patrie dans la galerie des hommes illustres (car par je ne sais quelle fatalité on ne craint la doctrine du tyrannicide que dans le bouquin Flamand de Martin del Rioac), Campistron a tenu le même langage.
Il ne craint rien tant que d’être chassé de cette nation sainte qui est la conquête de Jesus-Christ, & de rentrer dans les fers de l’Ange superbe.
N’en auroit-on rien à craindre ?
Notre Théâtre n’a point à craindre le reproche que le Père Brumoy fait à la Comédie.