l’homme n’est pas un pur esprit, mais un esprit lié à un corps, qui a besoin du corps, pour faire ses fonctions ; et comme il a besoin du sommeil, du manger, du boire, du repos, pour réparer les forces du corps affaibli ; aussi a-t-il besoin de quelque récréation pour rafraîchir les forces de l’esprit. Les Anges, qui sont de purs esprits, hors du mélange d’un corps, n’ont pas besoin de tels jeux, et récréations, étant incapables d’altération, ou de diminution de leurs forces, et puissances spirituelles : l’esprit de l’homme est comparé à un arc, si vous le bandez toujours en fin il se rompra. […] de peur, dit-il, de le rompre ; car demeurant ainsi courbé, il a plus de force pour s’étendre : et moi, ajouta le Saint, j’en fais de même, je me recrée avec cet oiseau, afin qu’avec plus de vigueur, de corps et d’esprit, je m’emploie puis après aux affaires sérieux de ma charge. […] Ces joueurs font contre la fin du jeu, qui est se divertir, et se recréer après le travail : or ceux-ci, ou ils ne travaillent point, ne s’occupant qu’à jouer, ou au lieu de se recréer, ils se lassent, ils fatiguent l’esprit, harassent le corps, et ont besoin de repos, après avoir fait semblant de se servir du jeu par manière de repos ; être cinq ou six heures à jouer aux échecs, ou aux cartes, ou à la paume, n’est pas à mon avis un divertissement de l’esprit, ni un repos pour le corps. […] peuvent être bonnes et méritoires du Ciel, aussi bien que le boire, le manger, et autres plaisirs qu’on donne au corps : et à l’opposite elles peuvent être mauvaises, si elles se font à mauvaise intention, et si elles ne sont convenables à la personne, ou si elles sont l’occasion prochaine du péché.
Si elle a quelque défaut naturel, on supplée à tout, les poudres changent la couleur des cheveux, le fard et les pommades unissent les visages, qui ne le sont pas ; les corps de jupes sont pleins d’artifice, pour corriger les défauts, et pour couvrir les difformités de la taille ; on charge ensuite le corps de rubans, dont la diversité des couleurs répond à la diversité des passions. […] Ces révoltes continuelles dureront autant que vos jours, la mort seule vous en délivrera entièrement, lorsqu’elle séparera l’âme de votre misérable corps de corruption. […] N’appréhendez-vous pas pour elles que leurs âmes ne soient blessées mortellement, et qu’elles ne soient prostituées, quand leur corps demeurerait chaste ? […] Ce savant homme dit qu’on peut regarder un bal en deux manières, ou par les yeux du corps, ou avec ceux de l’esprit. […] Réjouissez-vous, mais réjouissez-vous dans le Seigneur, c’est-à-dire, selon son Esprit, et il est bon de se relâcher quelquefois l’esprit et le corps par des récréations honnêtes et innocentes.
Après tant de fatigues, de larmes et veilles pour toutes les églises, au lieu de divertissements il châtie son corps, et cela, dit-il, de peur que je ne sois réprouvé. Il ne dit pas de peur que je ne sois pas saint, ni digne de l’apostolat, mais de peur que je ne sois damné ; il ne dit pas de peur que je ne sois réprouvé, si je ne châtie mon corps après avoir passé mon temps, mais si je ne châtie mon corps après avoir prêché. […] vous n’aviez point commis de péchés depuis votre baptême, vous avez travaillé incessamment au service de Dieu, et vous appréhendez d’être réprouvé si vous ne châtiez votre corps ! Cette dame n’est pas si scrupuleuse, ni si craintive que vous, elle a autrefois commis quantité de péchés, elle n’a pas rendu grand service à Dieu, elle ne châtie point son corps, elle se divertit et passe son temps, et aussi elle n’a pas peur d’être damnée, parce que ses divertissements sont innocents.
Rien ne sent plus mauvais que l’ame quand le corps sent bon. […] Tous les corps des animaux en exhalent après la mort, & des plus mauvaises. […] Le corps est susceptible de toute sorte de sensations, ou plutôt l’ame ; le corps n’est que l’instrument. […] L’histoire ecclésiastique rapporte de plusieurs saints qu’après leur mort leurs corps exhaloient des odeurs ravissantes. […] Ce Prince venant avec précipitation à Jérusalem pour massacrer tous les Juifs, tombe de son char, & se brise tout le corps.
Nous sommes en un temps où il se trouve des esprits semblables aux corps malades, qui s’offensent de toutes choses, et méprisent ce qu’ils ne peuvent imiter. […] Mais s’il faut estimer les effets par la cause, juger l’action selon le dessein, combien celui d’Isabelle est-il recommandable, qui n’a eu autre désir de venir en France, que pour voir ce grand arbitre du monde, ce bien universel admiré de toute l’Italie, ce Roi reconnu de toutes les nations pour le plus grand de la terre, appelé et conduit de Dieu par la voix de ses merveilles, qui lui a donné cette couronne par son sang, de qui la valeur acquise par son bras, qui la conserve par sa bonté, la régit par ses lois, et par sa renommée possède le monde : les Antipodes ne voient point nos étoiles du Nord, mais ils ont vu la clarté de ce Soleil, qui nous a donné la lumière et la vie, qui d’une main a déployé le sceptre, de l’autre le pardon, étouffant la cause et la vengeance ensemble ; qui emportant une victoire, a toujours triomphé de deux, donnant le salut aux vaincus après avoir dompté les rebelles ; et ainsi que l’âme, qui n’est qu’une au corps, a plusieurs puissances en ce Roi, qui n’est qu’un, elle a vu les perfections de tous les Rois ensemble ; elle a vu l’aimant qui attire toutes les belles âmes, qui de ses sujects est autant revéré, comme Sauveur du pays, qu’honoré en Roi nécessaire ; et plus salüé en père qu’en Seigneur ; qui règne sur nous comme les intelligences au Ciel, et le Soleil sur la terre, d’où il me faudroit élever pour chercher dans les cieux des paroles célestes à une vertu divine. […] Il est donc par l’esprit, la plus excellente créature ; pour le corps, la plus infirme ; en l’un impassible, en l’autre sujet à toutes sortes d’accidents : étant composé d’âme et de corps, il doit avoir la contemplation et l’action, tant pour s’acquitter de ce qu’il doit à Dieu, qu’à son prochain et à soi-même, qui ne se peut dépouiller des passions étant homme, mais il les doit régler pour être sage. […] Non, je ne dois point rechercher loin de nous les ombres et les sépulcres, puisque nous en avons aujourd’hui dans notre France, en l’œil des cités, en la plus auguste ville de l’Europe, le corps, la lumière, et la vie de tous les plus rares et dignes Comiques du monde, en ceste troupe de Parnasse, nourrissons des Muses, Aigles de Jupiter, vrais enfants d’Apollon, race divine, interprètes des Dieux, qui ont gratifié Paris de leur présence : quelles louanges vous peut-on donner ? […] de faire couler en nos âmes par nos oreilles les préceptes de science et de vertu : Et parce que la loi est Reine et non tyranne, elle les veut imprimer avec une persuasion aussi agréable que docte et diserte : Elle sait que le sens de l’ouïe est le plus excellent, et qu’il sert plus à l’âme qu’au corps, parce qu’il est plus près de la partie où elle fait ses fonctions plus parfaites, et fort éloigné de celles des affections qui nous sont communes, avec les bêtes qui n’ont que le sentiment, que le vice nous peut attaquer de toutes les parts du corps, et la sapience n’a que la voie de l’oreille ; aussi les Athlètes les couvraient toujours allant au combat, bien que le reste du corps fût nu.
Tout le monde convient que la mauvaise conduite de quelques particuliers ne peut porter aucune atteinte au corps dont ils sont. Mais un corps auquel on accorde des Privilèges qui ne semblent faits que pour autoriser la mauvaise conduite, n’a-t-il pas reçu une tache en même temps que ses immunités ? […] Il faut convenir que de semblables prérogatives sont aussi offensantes que commodes au corps théâtral. […] Le corps d’une société de Comédiens, sous la protection du Roi, devrait être fixée à un nombre invariable de personnes, comme celui d’une Académie. […] Il n’y a point d’autre moyen de soutenir un corps en honneur que d’en retrancher les membres qui peuvent lui faire tort.
La nécessité que nous avons de réparer la défaillance de nos corps par la nourriture ne peut pas servir d'excuse à ceux, qui mangeraient volontairement des viandes, qui imprimeraient une qualité venimeuse; qui troubleraient les humeurs, et y causeraient une intempérie: parce que cette sorte de nourriture serait contraire à la fin du manger, qui est de conserver la vie du corps.
La nécessité que nous avons de réparer la défaillance de nos corps par la nourriture, ne peut pas servir d'excuse pour manger volontairement des viandes qui imprimeraient une qualité venimeuse, qui troubleraient les humeurs, et y causeraient une intempérie; parce que cette sorte de nourriture serait contraire à la fin du manger, qui est de conserver la vie du corps.