Il n’est personne qui ne sache que les révolutions sont au corps moral et politique des états, ce que sont à chaque individu de l’espèce humaine, ces poisons corrosifs qui, diversement préparés dans le système médical, ne sauraient même opérer de crise salutaire, sans développer avec plus ou moins de célérité les germes de la mort. […] Le temps fuit et dévore les générations ; mais l’état tout entier, s’il résiste au torrent des révolutions, survit dans son corps moral et politique, lorsque ces mêmes générations sont éteintes et qu’elles ont disparu du globe. […] Sous les rapports qui les lient au corps social, sans doute, comme tous les autres citoyens, ils méritent des égards. […] Il exige d’elles ce qui est nécessaire au reste du corps. […] Oui, c’est là qu’on retrouve l’image de ces anciens corps de magistrature qui honoraient l’Empire Français, en se montrant les amis et l’appui de leur barreau.
La peinture est un langage, & le discours un tableau ; la modestie doit donc également regner dans l’un & dans l’autre ; la peinture doit être aussi chaste que le langage : c’est une des bonnes qualités de la langue Françoise, d’être naturellement modeste ; nous l’avons prouvé dans une autre occasion, par un Discours exprès sur la chasteté de la langue Françoise ; il s’en faut bien que le pinceau, que le burin soient aussi retenus que l’homme sage ; quelle honnête femme oseroit faire la description du corps humain, en nommant les choses par leur nom, comme une estampe les prononce & les étale ?
Cleopatre se fait picquer par des aspics, & prête à mourir veut qu’on approche son corps de celui d’Antoine.
C'est pour cela que l'Ecriture nous apprend que la vie de l'homme sur la terre est un combat continuel, parce qu'il n'a pas plus tôt terrassé un ennemi, que cette défaite en fait naître un autre dans lui-même, et qu'ainsi la victoire n'est pas moins à craindre pour lui que ses pertes ; c'est avec ces armes que la chair fait cette cruelle guerre à l'esprit qui ne peut vivre qu'en mortifiant les passions de la chair : elles appartiennent à cette loi de mort qui s'oppose continuellement à la loi de l'esprit, et c'est pour cela qu'on ne peut être parfait Chrétien, que ce corps de péché ne soit détruit, que l'Homme céleste ne règne, et que le vieil homme ne soit crucifié.
Mais les cœurs des hommes sont si pervertis et si rebelles, qu'ils s'imaginent que le monde est dans une pleine félicité, lors que ceux qui l'habitent ne pensent qu'à orner et à embellir leurs maisons, et qu'ils ne prennent pas garde à la ruine de leurs âmes : qu'on bâtit des Théâtres magnifiques, et qu'on détruit les fondements des vertus : qu'on donne des louanges et des applaudissements à la fureur des Gladiateurs, et qu'on se moque des œuvres de miséricorde; lors que l'abondance des riches entretient la débauche des Comédiens, et que les pauvres manquent de ce qui leur est nécessaire pour l'entretien de leur vie ; lors que les impies décrient par leurs blasphèmes la doctrine de Dieu, qui par la voix de ses Prédicateurs crie contre cette infamie publique, pendant qu'on recherche de faux Dieux à l'honneur desquels on célèbre ces Spectacles du Théâtre, qui déshonorent et corrompent le corps et l'âme.
Martinet, curé de Saint-Laurent, de faire à l’église la présentation du corps de l’acteur Philippe.
L’esprit du christianisme est un esprit de docilité, de vénération, de confiance, de crainte filiale pour les Pasteurs et pour les sacrificateurs du corps adorable d’un Dieu : quel respect, quelle confiance, quelle déférence, quelle crainte religieuse peut-on avoir pour des Prêtres qu’on vient de voir au spectacle, écoutant, regardant les Comédiens, riant de leurs dissolutions, applaudissant à leurs folies ?
On a cru qu’il valait mieux pour l’honneur de l’Etat, les cacher dans la foule ; n’étant point affichés ni souvent connus, les affronts et les fautes ne retombent point sur le corps, et ne scandalisent pas le public, qui est censé les ignorer.