Mais, eût-il le mérite qu’on lui prête, en eût-il encore davantage, je ne saurois comprendre comme l’irreligion a pu adopter ce prétendu philosophe qui la déshonore, qui la combat 1°. […] Mais, du centre de la bassesse & de l’ignominie où elle s’est dégradée, qu’on leve les yeux vers le plus grand roi qui fût alors dans le monde, le plus rempli de sa grandeur, le plus jaloux de son rang, pour ne pas dire le plus fier des hommes, & qui pendant près de quatre vingts ans a le mieux soutenu la majesté du trône ; il vient terminer ses jours, déposer ses lauriers & son diadême aux pieds de la veuve Scarron, adorer & recevoir dans ses bras les restes d’un vil poëte, aussi burlesque dans sa personne que dans ses vers Qui peut mesurer cette distance & comprendre cet anéantissement de la majesté royale.
Mais cette Dialectique dont votre fils a besoin, se doit trouver comprise dans toute la suite de son éducation. […] En lui montrant les deux cavités du cœur, on lui fera comprendre comment par le moyen des veines et des artères qui y aboutissent, le sang passe d’une cavité dans l’autre ; et comment se fait cette circulation merveilleuse qui entretient la vie de l’animal.
Ajoutons à cela que je n’aurais pu examiner toutes les Pièces de Théâtre, sans courir le risque de critiquer les vivants, ainsi que les morts ; car il aurait bien fallu nommer la classe où je crois que chacune de ces Pièces doit être placée ; et si, par hasard, j’avais arrangé l’Ouvrage de quelque Auteur vivant sous la classe de Pièces à corriger, ou à rejetter, j’aurais infailliblement déplu à mes amis (et sous ce nom je comprends les Poètes que je fais profession d’aimer et d’estimer tous sans exception) et je me serais attiré la haine de tous les amis des Auteurs.
Il y a prétendu comprendre, dans la juridiction de son théâtre, les droits qu’ont les Ministres de l’Eglise de reprendre les hypocrites et la fausse dévotion. […] Si je ne puis comprendre qu’il se trouve des Auteurs Chrétiens capables d’inventer de pareils rôles, de composer de tels vers, d’écrire, de faire réciter des blasphèmes, je comprends aussi peu qu’il se trouve des Acteurs Chrétiens qui puissent se résoudre à les débiter.
La question concernant la cause des comédiens, se trouve réduite à un seul point facile à comprendre.
J’avoue qu’elles m’encouragèrent à en faire une seconde ; mais lorsque j’étais prêt à la laisser imprimer, quelques-uns de mes amis me firent comprendre qu’il n’y avait point de plaisir à rire avec des gens délicats qui se plaignent qu’on les déchire dès qu’on les nomme ; qu’il ne fallait pas trouver étrange que l’auteur des Imaginaires eût écrit contre la comédie, et qu’il n’y avait presque point de régent dans les collèges, qui n’exhortât ses écoliers à n’y point aller ; et d’autres des leurs me dirent que les Lettres qu’on avait faites contre moi étaient désavouées de tout le Port-Royal, qu’elles étaient même assez inconnues dans le monde, et qu’il n’y avait rien de plus incommode que de se défendre devant mille gens qui ne savent pas seulement que l’on nous ait attaqués.
Le législateur d’Athènes avait compris toute cette influence quand il indiquait à Thespis l’écueil qu’il devait éviter, et justifiait les restrictions imposées aux libertés du théâtre dans le lieu même où il avait pris naissance. […] Il parodia les ridicules de la noblesse ; il apprit aux femmes à ne pas confondre le charme de l’esprit avec l’affectation, la science avec le pédantisme ; et les femmes le comprirent.
Non seulement il faut louer les Grecs d’avoir si bien connu ce qui convient à chaque espece de Poësie, il faut encore les louer d’avoir dans la Poësie Dramatique si promptement connu cette vraisemblance d’une Action, ces trois Unités, dont nous avons eu tant de peine à comprendre la nécessité.