Il suffit d’étudier Corneille pour voir la révolution qui s’est faite dans l’art de la Tragédie, lorsqu’abandonnant les deux premiers genres, il y a substitué celui qui prend sa force pathétique et morale dans le combat des passions et dans les mœurs des personnages. […] Le Misanthrope métaphysique est donc, si l’on veut, un être surnaturel qui aime tous les hommes, excepté lui seul ; qui prend feu sur les injustices qu’ils éprouvent, et qui est de glace pour celles qu’il essuie lui-même ; qui combat tous les vices, hormis ceux qui lui nuisent ; auquel un petit mal qui lui est étranger, peut donner une très grande colère , et qui n’est point ému d’un très grand mal qui lui est personnel. […] « Un ancien disait autrefois, que les hommes étaient nés pour l’action et pour la conduite du monde, et que les Dieux leur avaient donné en partage la valeur dans les combats, la prudence dans les conseils, la modération dans les prospérités, et la constance dans la mauvaise fortune ; que les Dames n’étaient nées que pour le repos et pour la retraite, que toute leur vertu consistait à être inconnues, sans s’attirer ni blâme ni louange, et que celle-là était sans doute la plus vertueuse, de qui l’on avait le moins parlé : ainsi il les retranchait de la république pour les renfermer dans l’obscurité de leur famille ; de toutes les vertus morales il ne leur accordait qu’une pudeur farouche ; il leur ôtait même cette bonne réputation qui semble être attachée à l’honnêteté de leur sexe ; et les réduisant à une oisiveté qu’il croyait louable, il ne leur laissait pour toute gloire que celle de n’en point avoir.
Jésus-Christ n’est point venu bouleverser la société, mais la régénérer : ce n’est point en aggravant le fardeau de la loi de Moïse qu’il a voulu faire venir les hommes à lui : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués, qui êtes chargés, je vous soulagerai. » Ce n’est point en changeant les habitudes des hommes, en rompant les liens qui les unissent mutuellement ; ce n’est point en les détournant des devoirs de citoyens ou même de sujets, qu’il a prétendu établir sa morale sainte, et faire de tous les hommes un peuple de frères : « Prenez, a-t-il dit, mon joug sur vous, et apprenez que je suis doux et modeste de cœur. » Ce n’est point par des craintes et des menaces, qui paralyseraient les hommes dans toutes leurs actions et qui tendraient à détourner toutes leurs pensées des choses de la terre pour les concentrer sur l’avenir qu’il promet à ceux qui suivront exactement ses préceptes, qu’il a voulu faire triompher sa doctrine divine, car il ajoute : « Et vous trouverez le repos de vos âmes. » Il n’a point exigé de ses disciples et de ceux qui seraient amenés à lui la renonciation aux plaisirs et aux jouissances que la bonté du créateur a attachées à l’humanité en compensation des maux naturels et physiques qui l’affligent, encore moins qu’ils se soumissent volontairement à des combats continuels contre leurs désirs, et même contre les passions qui sont l’âme de la société, et qu’ils cherchassent à amortir ces passions par des jeûnes, des privations, des tortures, car il dit en terminant : « Mon joug est doux, mon fardeau est léger. » Comment se fait-il, mes frères, que la loi nouvelle, douce, tolérante, consolante comme son divin auteur, soit devenue une religion n’imposant que de tristes devoirs, contrariant tous les sentiments de la nature, faisant, pour ainsi dire, haïr la vie et les moyens de la conserver ; religion toujours austère, toujours menaçante, toujours effrayante, et dont le joug serait cruel et le fardeau accablant, insupportable ?
Les hommes les mieux faits parmi vous passeront par le fil de l’épée et vos plus braves périront dans le combat.
C’est par elle que la Théologie positive & la Scholastique instruit, en établissant les vérités de la Religion, que la Théologie polémique & de controverse combat & reprend les erreurs ; que la Théologie de la Chaire corrige & convertit les pécheurs ; & que la Théologie Morale conduit à la piété. […] Et si l’Histoire le considere davantage par le nom de Cid, & par ses exploits contre les Maures, le Théatre l’estime beaucoup plus par sa passion pour Chimene, & par ses deux combats particuliers ». […] Les superbes Romains, ces vainqueurs glorieux N’ont-ils pas méprisé ces combats odieux ? […] Cette Lettre combat supérieurement les Théatres publics. […] Ils sçavoient que la milice de la vertu exige de la jeunesse les efforts les plus vigoureux, pour pouvoir ensuite être supportée presque sans combat dans la vieillesse.
Tertullien 13, Saint Clément d’Alexandrie 14, Saint Cyprien,15, Lactance 16, Saint Jean-Chrysostôme 17, Saint Augustin 18, Salvien 19, etc. décident « qu’un Chrétien ne peut assister aux Spectacles, sans abjurer sa Religion, et sans violer la promesse qu’il a faite dans son Baptême, de renoncer au démon, à ses pompes et à ses œuvres. » Et qu’on ne dise pas que les Pères n’ont parlé que des jeux du cirque et des combats de gladiateurs, dont il ne reste plus aucune trace : c’est une fausseté.
On y voyoit marcher deux cents chevaux, chacun son Cavalier, & quatre cents Fantassins, qui se donnerent un combat seint qui dura une heure.
Ce jeu perpétuel, ce jeu sans interruption et sans relâche, ce jeu de tous les jours et presque de toutes les heures dans le jour, s’accorde-t-il avec ces grandes idées que nous avons du Christianisme, et que Jesus-Christ lui-même a pris soin de nous tracer : car ce n’est point moi qui les ai imaginées, c’est le Sauveur du monde qui dans toute la suite de son Evangile ne nous a parlé d’une vie chrétienne que sous la figure d’un combat, d’un négoce, d’un travail, pour nous faire entendre que ce doit être une vie laborieuse et agissante ; or y a-t-il rien de plus incompatible qu’une vie de travail et une vie de jeu ?
fils de Darès Prêtre de Vulcain sont en équipage de gens de qualité, et se battent contre Diomède, l’un des héros du parti des Grecs : Vulcain tire d’intrigue Idœus après un mauvais succès dans le combat.