Du reste, il doit être traité par l’église, comme tous les autres citoyens qui professent la religion chrétienne. […] Ce corps ne recevra pas la sépulture chrétienne, et l’âme brillera d’un éclat céleste à côté du Dieu des chrétiens ! […] L’auteur fanatique du livre des crimes attribués à la presse, est un logicien si profond, qu’il ne s’est pas aperçu, qu’en voulant démontrer les vérités de la religion chrétienne, par une pétition de principe, il en avait plutôt affaibli les preuves, s’il était possible. […] N’est-il pas encore évident que ce parti dominateur, pour arriver à ses fins, ne recule pas, lorsqu’il faut fouler à ses pieds les principes de la religion chrétienne, et les maximes de l’évangile ? […] Ils auraient alors donné l’exemple de prêtres chrétiens, pratiquant l’humilité évangélique, et se montrant en même temps12, sans rancune, contre l’immortel auteur de la Charte.
J’entre tout à fait dans cette réflexion, et je conviens encore que s’il n’est question que de fournir aux Chrétiens les plus grands sujets de consolation, les spectacles les plus éclatants, et les révolutions les plus surprenantes, rien n’est plus propre que les Histoires saintes. […] Si l’Ecriture Sainte dans la bouche de ces sortes de personnes, est si visiblement profanée, comment voudrait-on que nous nous réjouissions, quand on nous dit que le Théâtre des Comédiens retentit des divins cantiques, et comment pourrait-on nous persuader que les Chrétiens peuvent s’aller réjouir au son de ces chants ? N’est-ce pas là pour les Chrétiens une terre étrangère ; puisque c’est une terre de gens excommuniés ; et ne doivent-ils pas dire en cette occasion avec le Roi Prophète Psal[mus]. 136. […] On voit des Chrétiens chanter aujourd’hui des Psaumes, et se rendre demain aux assemblées de divertissement : suivre aujourd’hui les maximes du Christianisme, et demain celles du démon. […] Et la Religion Chrétienne doit être bien plus sévère sur cet article puisque c’est ôter le pain aux Pauvres, qui sont les membres de Jésus-Christ, et que saint Augustin ne craint point de dire « Donare res suas histrionibus vitium est immane, quia laudatur peccator in desiderii animæ suæ, et qui inique agit benedicitur.
Les Eglises sont désertes un jour de spectacle : Et si un Chrétien y vient sans savoir qu'on en donne quelqu’un, dès qu'il en est averti par les acclamations des Spectateurs, ou par le son des instruments, il abandonne l'Eglise, et l'Autel, pour aller au Théâtre prostituer ses yeux à des objets impudiques. » « Nos Ecclesiis ludicra anteponimus, nos altaria spernimus, et Theatra honoramus. […] Mais s'il se trouvait des Chrétiens qui voulussent allier deux exercices aussi inalliables, ils éprouveraient sans doute que des divertissements d'une si grande dissipation, auraient bientôt éteint tout ce que la célébration des saints Mystères, et la parole de Dieu auraient produit de recueillement et de componction. […] Ceux-là ont une idée bien fausse de la Pénitence Chrétienne, qui croient qu'elle ne perd rien de son mérite parmi les divertissements du Théâtre.
Page 17 Morale chrétienne d’après les quatre évangélistes. Page 18 Une foule de théologiens étouffent la morale chrétienne et évangélique dans leurs énormes traités remplis de subtilités et de mauvaise foi. […] De la Comédie et des Comédiens chez les païens et chez les chrétiens. […] Page 150 Efforts des jésuites pour dénaturer et anéantir la vraie religion chrétienne. […] Page 206 Principes de la secte ultramontaine, qui considère que la religion chrétienne doit être maintenue par la force et la terreur.
On sait, mes Pères, on sait que ce pieux Cardinal était rempli de zèle, mais d’un zèle Chrétien contre tous les vices. […] Abelly ont introduit dans la morale Chrétienne cette pernicieuse maxime : Que l’on peut suivre une opinion moins probable et moins sûre en faisant ce qui est péché selon l’opinion contraire qui nous paraît plus probable. […] D’où il s’ensuit que selon cette moelleuse Théologie, il n’est pas certain qu’un Chrétien qui aurait vécu 80. ans et qui aurait commis beaucoup de crimes pendant cette longue vie, ne fût pas sauvé sans avoir jamais aimé Dieu de cet amour qui nous est commandé par ce précepte, « Diliges Dominum Deum tuum ex toto corde tuo », dont Jésus Christ, dit, « Hoc est maximum et primum mandatum », parce qu’il n’aura point manqué de Confesseur à qui il aurait confessé tous ses péchés par la crainte d’être damné, quand il aura eu besoin de se réconcilier avec Dieu. […] Mais on a tout lieu de croire que ceux qui n’en connaissent que de plus sérieuses et de plus Chrétiennes, s’en affligeront et en gémiront devant Dieu.
Mais la cinquième Loi est plus forte : « C’est une chose entièrement nécessaire, et toute dans l’ordre de Dieu, que tous les Chrétiens, et tous les fidèles, s’occupent de tout le cœur, et de tout l’esprit au culte divin, et aux actions de la piété, et de la religion qu’ils professent, avec un renoncement absolu de tous les plaisirs du Cirque, et du Théâtre, dans toutes les villes du monde, le jour du Dimanche, qui commence la semaine, et qui attire les bénédictions de Dieu sur toutes les œuvres qu’on y fait ; et pendant le temps de l’Avent, des Fêtes de Noël, et de l’Epiphanie ; aux Fêtes de Pâques, et pendant tout le temps Pascal, c’est-à-dire jusques à la Pentecôte, dans lequel ceux qui ont été baptisés portent publiquement les signes de la lumière Divine dont ils ont été éclairés, et remplis au saint Baptême, par la blancheur de leurs habits » ; Item l. 5. eod. tit. […] J'ajoute une autre loi des Empereurs Valentinien, Théodose, et Arcade dans laquelle après avoir fait mention de plusieurs Fêtes particulières ; ils marquent toute la quinzaine de Pâques, le jour de Noël, et de l’Epiphanie, et les Fêtes des Apôtres : « dans lesquels jours (disent-ils) à cause de leur sainteté, nous défendons toutes sortes de spectacles ; et nous mettons encore au même rang des Fêtes dont nous avons parlé, les jours qui étaient nommés les jours du Soleil, et que les Chrétiens appellent communément, plus justement, les jours du Seigneur, ou les Dimanches ; que l’on doit célébrer, et solenniser avec une pareille dévotion et révérence ». […] Amissionem militiæ, proscriptionemque patrimonii sustinebit, si quis umquam hoc die festo spectaculis interesse, vel cujuscunque Judicis apparitor, prætextu negotii publici, vel privati, quæ hac lege statuta sunt, crediderit temeranda. » On voit bien dans ces Constitutions pieuses et Chrétiennes, quels ont été les sentiments des Princes touchant l’observance des Fêtes, et des autres jours qui demandent une particulière application à Dieu, et à la prière, puisqu’ils ont défendu en ces saints jours, sous des peines très rigoureuses, tout ce qui sert à la volupté. […] Mais remarquez encore avant de passer aux lois Ecclésiastiques, que ces Empereurs ont ajouté le temps Pascal à celui de l’Avent, et ont commandé aux Chrétiens de le passer saintement, et dans un retranchement entier de tous les divertissements du siècle.
Ils en ont été les organes, & les interprétes, pour dire plus clairement à tous les Chrétiens, ce que les saintes Ecritures n’ont dit souvent, que soüs des ombres ; c’est donc eux, qu’il faut écouter, quand il est question de bien faire le discernement des choses douteuses ; Et c’est eux aprés l’Evangile, que Dieu nous a donnez, pour être la juste regle de nos actions. […] Et des Dames Chrétiennes peuvent-elles y assister, aprés ce qu’ils en ont dit, sans montrer, ou que l’on fait peu d’estime de leur autorité, ou que l’on croit, que Dieu ne les a pas établis dans son Eglise, pour être les oracles des peuples ? […] Comment donc une personne qui frequente le theatre, sera-t’elle capable d’aucun sentiment Chrétien, ne raportant de-là, qu’une tête pleine d’idées douces & charmantes, & de toutes les passions folles & imaginaires, que la declamation d’une Comedien luy a pû presenter. […] Or n’y eût-il que ce seul mal, n’est-il pas assez grand pour renoncer au theatre, de ce voir comme rejettée de Dieu, par une insensibilité à tous les mouvemens d’une dévotion Chrétienne ? […] Cela est-il Chrétien ?
Il faut qu’il rappelle, autant qu’il est en lui, celles qu’il a ressenties, & que, s’il étoit chrétien, il auroit tellement noyées dans les larmes de la pénitence, qu’elles ne reviendroient jamais à son esprit, ou qu’elles n’y reviendroient point sans horreur ; & il faut qu’elles lui reviennent avec leurs graces & leurs agrémens meurtriers. […] De tels motifs ne devroient-ils pas être plus pesés qu’ils ne le sont communément par des chrétiens ? […] » Que dirons-nous de ces malheureuses chrétiennes, si elles peuvent porter encore ce nom, que le Théatre arme de Prov.