On a déjà dit pour défense, Qu’il y avait différence de Spectacles chez les Grecs et chez les Romains ; Que véritablement les représentations qui se faisaient en postures, en grimaces, et en danses, étaient lubriques et déshonnêtes, et n’étaient exécutées que par les Histrions et Pantomimes qui étaient les Bouffons ou bateleurs de ce temps-là, et qu’il n’y a point d’apparence de croire que ces sortes de gens fussent mis au rang des personnes d’honneur ; mais qu’il y avait des Comédiens sérieux qui ne représentaient que des Tragédies ou Tragi-comédies pleines de raisonnements Moraux et Politiques, et que c’était ceux-là qui n’étaient pas notés d’infamie comme les autres ; Qu’un Roscius Comédien qui a été tant estimé, pouvait être de leur bande ; Que c’était chez lui que les jeunes Orateurs de Rome allaient étudier le geste et la prononciation ; Qu’il était un des plus honnêtes hommes de la Ville, et que Cicéron ayant pris la peine de le défendre en une Cause, avait parlé de lui fort avantageusement ; Mais quoi que en effet ce Roscius ait été vertueux, s’ensuit-il que tous les autres Comédiens de son temps le fussent, et qu’ils lui ressemblassent en son mérite personnel ? […] Il nous faut quelque modération pour ces beaux Ouvrages, et les rendre tels que nous les puissions voir sans scrupule : Il n’y a point d’apparence de condamner toutes les Comédies, non plus que tous les Romans, à cause seulement que les passions y sont trop bien représentées ; c’est-à-dire à cause que ces Pièces-là sont trop bonnes, et qu’on y voit des exemples naturels d’amour, d’ambition, d’avarice, de colère, de haine, et d’envie : Il ne faut donc pas aussi que l’on fasse aucune Histoire.
La cause de cette erreur est l’obscurité d’un passage de Tite-Live, qui regarde le partage du chant & de la danse, dont a parlé aussi Lucien, que j’ai cité plus haut. […] Platon étoit si attentif à arranger ses mots, qu’il changea plusieurs fois l’ordre des quatre premiers mots de ses Livres de la République : ce qui étoit cause que du tems de Quintilien ces mots ne se trouvoient pas rangés de même dans tous les Exemplaires. […] Ainsi quand nous trouvons dans Virgile des syllabes longues qui doivent être breves, des voyelles qui se rencontrent sans qu’il y ait une élision, nous devons être certains que les graces de la prononciation en étoient la cause. […] La voix des Comédiens étoit la plus forte de toutes à cause du masque : mais dans un tems où la voix des hommes étoit ordinairement très-forte, les oreilles y étoient accoutumées. […] Ce Canticum étoit aussi nommé Soliloquium, (mot que nous rendons mal par Monologue) à cause qu’une voix seule chantoit, au lieu que dans le Choricum toutes les voix s’accordoient ensemble.
Mandons aux Commissaires du quartier, en cas de contravention, d’en informer, de se transporter sur le lieu toutes fois et quand il sera nécessaire ; et au premier avis qui leur en sera donné, même de faire arrêter ceux qui auront fait ou excité quelque violence ou désordre, et contrevenu à la présente Ordonnance ; laquelle sera exécutée selon sa forme et teneur, nonobstant oppositions ou appellations quelconques, et sans préjudice d’icelles, lue, publiée et affichée par tout où besoin sera, afin que personne n’en puisse prétendre cause d’ignorance. […] Et sera la présente lue, publiée à son de trompe et cri public, et affichée en tous les lieux de cette Ville et Faubourgs que besoin sera, afin que personne n’en prétende cause d’ignorance, et exécutée nonobstant oppositions ou appellations quelconques, et sans préjudice d’icelles. […] Mandons aux Commissaires du quartier de se transporter sur le lieu, toutefois et quand il sera nécessaire, et au premier avis qui leur en sera donné ; même de faire arrêter en quelque lieu que ce soit ceux qui leur seront indiqués, et qui auront fait ou excité quelque violence ou désordre, et contrevenu à la présente Ordonnance ; laquelle sera exécutée selon sa forme et teneur, nonobstant oppositions ou appellations quelconques, et sans préjudice d’icelles, lue, publiée et affichée par tout où besoin sera, afin que personne n’en puisse prétendre cause d’ignorance. […] Il est ordonné à Marc-Antoine Pasquier Juré-Crieur ordinaire du Roi en la Ville, Prévôté et Vicomté de Paris, de publier et afficher dans tous les Carrefours, Places publiques, et lieux ordinaires et accoûtumés de cette Ville et Faubourgs de Paris, l’Ordonnance de Sa Majesté ci-dessus, à ce que personne n’en prétende cause d’ignorance. […] Il est enjoint à Marc-Antoine Pasquier Juré-Crieur ordinaire du Roi, de publier et afficher à son de Trompe et Cri public, aux portes de l’Opéra et de la Comédie, même dans les autres places et lieux publics et accoûtumés de cette Ville de Paris, l’Ordonnance ci-dessus, à ce que nul n’en prétende cause d’ignorance.
Aurais-je aussi trouvé la cause du grand succès de notre Opéra-Bouffon ? […] La prémière s’appelait Prætexta, à cause que l’on nommait ainsi la robe de pourpre, à large bande, que portaient les Magistrats en dignité ; & parce que ses Acteurs étaient vétus de la sorte : voilà notre Comédie héroique. […] Causes de la décadence du Théâtre des Romains. […] Les troubles dont l’Empire Romain fut agité, l’inondation des Barbares, sont encore des causes de la décadence du Spectacle. […] La protection dont cet auguste Monarque honnora les Sciences & l’homme de génie, fut cause des progrès du Théâtre ; aussi de quel renom glorieux ne jouira-t il pas dans la postérité ?
MONSIEUR, Il y a quelque temps qu’il vous plut me commander de faire quelque chose en faveur de la Comédie, et répondre au libelle du Père Augustin, ce que j’ai fait avec autant d’affection, que j’ai d’intérêt à la défense de sa cause ; Il est vrai que j’eusse différé de rien mettre au jour pour diverses raisons que le silence et le respect m’oblige de taire, Mais le pouvoir que vous avez eu sur mon esprit, m’a fait rompre toutes sortes de considérations pour vous rendre cette satisfaction, et donner cette lettre apologétique au public, sous l’aveu de votre protection, espérant que vous l’agréerez d’aussi bon cœur, que je désire me conserver la qualité de MONSIEUR Votre très humble et affectionné ServiteurA.D.L.B. […] Sa plume qui est le truchement de ses pensées, et ses écrits le symbole de ses mœurs, font connaître, que ses œuvres sont l’image de son esprit, et son visage étant l’âme raccourcie de son naturel et le miroir de son cœur, montre par la débilité de son cerveau, que ses sens sont égarés, et que son jugement a sorti les bornesc de la raison, par ce grand débordement d’injures dont son libelle est rempli : Ce Casuiste semble avoir mal pris ses mesures, d’avoir voulu faire un parallèle, de la Profession des anciens Histrions, à celle des Comédiens ; d’autant qu’il n’y a aucune affinité ni correspondance entre leurs exercices, l’une étant un pur batelage et souplesse de corps, et l’autre une représentation d’une fortune privée, sans danger de la vie, comme témoigne Horace, en son livre, de Arte d, « Comedia vero est Civilis privataeque fortunae sine periculo vitae comprehensio » ; Je sais bien qu’il y en a plusieurs, qui ne sachant pas la différence de ces deux professions, confondent l’une avec l’autre, et sans distinction de genre, prennent leur condition pour une même chose ; Mais il y a une telle inégalité entre elles, qu’il est facile de juger par la diversité de leurs fonctions, qu’elles n’ont nulle conformité ensemble, car celle des histrions n’est comme j’ai déjà dit qu’une démonstration d’agilité de corps et subtilité de main, mais l’autre étant une action plus relevée, fait voir qu’elle est une école des plus belles facultés de l’esprit, et où la mémoire fait un office digne d’admiration ; l’antiquité nous apprend qu’autrefois les Romains avaient ces Bateleurs en quelque considération, à cause du divertissement qu’ils donnaient à leurs Empereurs, mais ayant abusé du crédit qu’ils avaient obtenus du Sénat, s’adonnèrent à toutes sortes de licences pernicieuses, ce qui obligea la ville de Rome de les chasser, et particulièrement un nommé Hyster, qui s’étant retiré à Athènes, fut suivi d’une bande de jeunes hommes, auxquels il enseigna ses tours de passe-passe et autres parties de son métier, et furent appelés Histrions, du nom de leur Maître, ces Libertins s’ennuyant de demeurer si longtemps dans un même lieu, prirent résolution de revenir à Rome pour exercer leurs jeux : Mais l’Empereur Sévère, ne pouvant souffrir ces Ennemis des bonnes mœurs, fit publier un Edit, par lequel ils furent pour la seconde fois bannis de tout le pays latin ; Lisez ce qu’en dit Eusebius, et Prosper Aquitanus, sur la remarque des temps et des siècles : Pour le regard des Mimes, ou Plaisanteurse, ils ont pris leur source d’un certain bouffon appelé Mimos qui signifie en langue grecque Imitateur, d’autant qu’en ses représentations il contrefaisait divers personnages, et imitait les façons des uns et des autres. Or après que ce tison d’enfer eut acquis quelque réputation parmi les Grands, à raison de ses bouffonneries et mots facétieux, il voulut pour augmenter le plaisir de ses Auditeurs, faire des tragédies entières, et pour les représenter s’associa de plusieurs garcesf, et enfants perdus, qui furent nommés Scéniques, à cause qu’ils discernaient leurs actions par scènes, comme témoigne Zénodore, en la troisième Epitre contre Apollinarius. […] Quant aux crimes dont il les blâme sans cause, il devrait s’informer mieux de l’état de leur vie, pour en juger avec plus d’équité, et retenir ce torrent d’injures dont il grossit journellement ses prédications, s’il avait été aussi soigneux d’écouter la Comédie pour en connaître la fonction, qu’il a été prompt à la condamner, il aurait vu qu’elle ne produit rien qui puisse blesser la vertu des assistants, ni jeter de mauvaises semences en leurs âmes. […] Mais ce qui le rend encore d’autant plus blâmable, c’est de vouloir choquer une profession, dont il ignore l’effet et la cause.
Si donc l’on pèche dans ces sortes d’occasions, ce n’est que la mauvaise intention des particuliers qui en est la cause, et nullement le spectacle qui est de soi indifférent, et que l’on peut rendre bon ou mauvais selon la disposition dans laquelle on est. […] Et qu’en arrive-t-il, des suites déplorables pour des familles : c’est par ce moyen que le diable établit son empire, et cause de terribles desolations dans l’Eglise. […] Le Roi fut fâché de cette demande ; néanmoins à cause du serment qu’il avait fait, et de ceux qui étaient à table avec lui, il commanda qu’on la lui donnat : il envoya en même temps couper la tête à Jean dans la prison.
Je trouve que ce fut avec bien de la raison que d’autres ont encore dit avant moi que les comédies dirigées contre les vieux maris sont également pernicieuses aux mœurs, parce que les femmes qui ont vu applaudir toutes les ruses, les tours perfides et scandaleux, les infidélités qu’une épouse fait à son mari, à cause qu’il est trop vieux, ne doivent plus avoir de peine à se persuader qu’on peut en faire autant à un mari trop jeune, léger, volage, et toutes les fois, bien qu’il soit d’un âge convenable, qu’on ne jouit pas d’un plus grand bonheur, ou qu’on est plus malheureuse avec lui que s’il était vieux, ce qui arrive assez souvent ; comme quand il est ou qu’on le trouve froid, indifférent, d’un mauvais caractère, grondeur, bourru, méchant, contrariant ; quand il n’est ni beau, ni bien fait, ou qu’une maladie l’a changé, affaibli et vieilli ; quand il refuse de fournir toutes les choses nécessaires à la coquetterie ; en un mot, lorsque, par tant d’autres raisons, par sa propre inconstance à elle-même, l’épouse vient à se croire mal assortie, cesse d’aimer son mari jeune, et se trouve aussi malheureuse et dans la même position que celle qui n’a jamais aimé son mari vieux. […] Après quelques autres observations, il sera facile d’expliquer ce prodigieux changement survenu entre les assemblées de la bonne compagnie du siècle de Louis XIV, et celles correspondantes du siècle suivant ; on verra clairement la cause de la différence extrême de leurs mœurs. […] Et en vérité, je ne puis le concevoir autrement, la tête a dû tourner aux bons humains qui n’auraient pas voulu passer pour tartufes, ni pour vauriens, ni pour misantropes ; non, je ne vois pas où ils pouvaient se retrancher avec sûreté pendant la plus grande action de ces productions contradictoires, destructives les unes des autres, qui enseignent ou nécessitent ce qu’elles blâment, qui exposent sur la scène pour les réprimer des désordres qu’elles augmentent, ou qui n’existaient point, et dont elles deviennent l’exemple et la cause. […] On sentira facilement comment j’aurais été obligé de remonter aussi haut et de généraliser la question, quand même je n’eusse eu en vue que cette démonstration particulière ; il était nécessaire dans les deux cas de combattre, malgré le respect qui lui est dû, la principale autorité sur laquelle les critiques modernes s’appuient dans cette cause, et qui devait m’être opposée par les actionnaires et tous les autres partisans d’un préjugé le plus solidement affermi, naturalisé ; et que, par conséquent les petits coups de hache que je lui porte aujourd’hui ne sauraient renverser de sitôt. […] encore bien éloigné peut-être, et que nous ne pouvons pas espérer de voir, où la cause pourra être plaidée et jugée au tribunal d’un public désintéressé et impartial, que le comble du mal aura forcé enfin à rétrograder de ce côté là, en regardant et jugeant alors les causes et les effets de la révolution morale aussi sainement que nous-mêmes, lorsque nous fûmes accablés de malheurs et forcés aussi d’un autre côté à retourner sur nos pas, avons régardé et jugé les causes et les effets de la révolution politique d’où nous sortons.
Il ne faut pas s’étonner si les hommes trouvent tant de satisfaction en des lieux où la douleur mesme donne de la joye ; où la compassion, où la misere la plus extrême, cause du contentement, & où les malheurs & les larmes sont agreables. […] Ces bourreaux bien loin de diminuer le respect que nous devons à ces tableaux, en sont en partie, les causes, & nous honorons ces representations en partie, parceque nous y voyons crucifier Jesus-Christ, ou martyriser les Saints. […] Ceux qui appuyeroient les auteurs des incendies & des empoisonnemens pecheroient moins contre la charité publique, que ceux qui fomentent ces causes de la corruption generale des vertus, & de la perte eternelle d’un si grand nombre de personnes. […] Dieu punira sans doute les Grands à proportion de l’étenduë & du nombre des crimes qu’ils commettent, ou par leur propre action, ou par leur negligence, qui est une de ces causes, sans lesquelles les choses ne se feroient pas, & que la Philosophie considere en effet comme des causes. […] Vostre negligence seroit cause que l’Estat perdroit ceux qui ne laissoient pas à Dieu la liberté de le punir ; vostre negligence osteroit à Dieu la liberté de vous pardonner, & le ressentiment de n’estre plus contraint de faire misericorde au peuple le contraindroit de n’avoir aucune pitié de vous.