peut-être n’ont-ils appris de nous à tant aimer l’Opéra-Bouffon, que pour le seul plaisir de s’amuser de nos frivolités, & que par la même cause qu’ils imitent nos frisures élégantes, nos charmans colifichets, nos jolis petits riens ! […] J’en suis certain, le Père de notre Tragédie, s’il avait vécu de nos jours, l’aurait aussi été de l’Opéra-Bouffon ; le passage que je viens de rapporter en est une preuve, Boileau nous apprend pourquoi ce Spectacle nous fait tant de plaisir. L’énnemi juré des mauvais ouvrages, le fléau des sots Auteurs, le dur & l’élégant Boileau, nous apprend dans un seul Vers quelle est la raison qui nous fait tant aimer notre Opéra. […] Apprenons par cœur ces paroles de Tacite ; elles nous prouvent que nous avons raison de ne point rougir de notre amour pour les Ariettes Italiennes, & elles doivent faire taire en même tems ceux qui oseraient nous blamer : « Ce qui nous sert maintenant d’éxemple, a été autrefois sans éxemple, & ce que nous fesons sans éxemple, en pourra servir un jour. » Mais ai-je besoin d’encourager mon siècle à persister dans ses fantaisies ?
., tome IX, col. 1018] b , vous désirez de recevoir de la bouche d’un Prêtre la résolution d’un doute que je crois que vous avez déjà prise ; C’est pourquoi vous ne vous mettez pas beaucoup en peine de vous adresser à un Savant, qui ne vous pourrait rien apprendre sur cette matière, mais à une personne à qui vous avez de la confiance, pour vous affermir en vous humiliant dans la charité et dans la vérité. […] Consultons l’expérience, elle nous apprend que ceux qui aiment ces divertissements ont fort peu de foi, s’ils en ont, et qu’elle est fort infirme. […] Voilà les fruits que remportent les Spectateurs : ils y reçoivent des leçons de péché : Ils l’y trouvent avec des attraits qui le fait aimer : Ils y apprennent des adresses pour le commettre : ils y entrent chastes, et en sortent impudiques :·et souvent ce qu’ils y voient et ce qu’ils y entendent leur fait commettre au même moment le péché dans le cœur, auparavant que le corps en soit souillé. […] Les exemples des Saintes Écritures nous apprennent qu’il faut peu de chose pour faite tomber l’homme dans le vice, il n’a besoin que de sa propre pesanteur, pour s’y précipiter soi-même.
Elle favorise le vice ; elle enseigne aux enfans à mépriser l’autorité des parens, & à tromper leur vigilance, par des engagemens clandestins, formés par une passion aveugle ; elle apprend aux femmes la coquetterie, la dissimulation, les ruses, pour tromper leurs maris, au préjudice des liens sacrés du mariage, & les livrer à une ignominie que mérite seul l’auteur du crime que l’on fait triompher ; elle invite les domestiques à flatter sans pudeur, à servir sans remords les passions de la jeunesse, à voler, à tromper leurs maîtres & les tourner en ridicule ; elle accoutume le public à traiter de bizarrerie une sage circonspection, & de politesse une connivence criminelle, l’impiété & l’indifférence à ses devoirs, de force d’esprit philosophique, à embellir le vice, à enlaidir la vertu, & tourner en plaisanterie les choses les plus importantes. […] Tout apprend à aimer. […] des gens curieux, légers & frivoles, qui veulent tout voir, excepté eux-mêmes ; des gens oisifs & paresseux, dont l’unique occupation est de ne rien faire, l’unique soin de n’avoir aucun soin, passant du lit à la table, de la table au jeu, du jeu au spectacle, sans discernement & sans goût ; des gens accablés d’affaires, qui comme dans un port après l’orage vont à la comédie se délasser ; des gens fatigués de querelles domestiques, qui vont s’y consoler ; des gens sans caractère, esclaves de la coutume, qui y suivent la mode & la foule ; de vrais libertins, qui veulent satisfaire leur goût pour le vice, & repaître leurs yeux & leur imagination d’objets impurs ; des jeunes gens, qui sous les drapeaux de la galanterie courent apprendre le rôle, le langage & les maximes de l’amour, & s’enfoncer de plus en plus dans le bourbier de la corruption. […] Au contraire on leur apprend à la faire naître, à l’entretenir, à la tendre plus vive ; on leur apprend les mystères de l’amour, le langage des yeux, l’expression du geste, le hasard des rendez-vous, les fuites attrayantes, le sel des refus, l’intelligence des équivoques, le commerce des présens, l’art d’écrite des lettres, d’irriter les désirs, d’entretenir les espérances, de tromper les surveillans, de trouver des prétextes pour cacher & montrer un amour impatient de se faire connoître, & qui craint d’être connu. […] On ne voit plus rien de honteux dans le vice déguisé & embelli ; & à force d’y applaudir, on apprend à n’en plus rougir; on ne retient que trop ce qu’on a appris.
Apprenez, Public, qu’Achille a tort d’aimer Iphigénie ; Britannicus, Junie ; Orosmane, Zaïre : toutes ces Dames ont trop de vertu, il ne leur est pas permis d’en avoir tant ; Jean-Jacques ne le veut pas, si les Auteurs l’entendaient mieux selon lui Iphigénie serait une Prude, Junie une Coquette et Zaïre une Catin, car voilà, dit Jean-Jacques, comme les femmes sont faites : c’est donc ainsi qu’il faut les représenter ou se résoudre à passer pour un Auteur de Roman. […] C’est rendre seulement justice aux hommes et leur apprendre, ce qui n’est que trop vrai que les femmes qu’ils méprisent sont plus estimables qu’eux. […] Parce que les Perses indolents et voluptueux leur avaient appris à rougir du travail ; Alexandre s’honorait au contraire de porter une tunique tissée de la main de sa mère et de ses sœurs : ces femmes-ci tiraient donc vanité de leur adresse et de leur travail. […] Ce n’est pas m’exposer à l’épithète de Papiste que de vous citer pour garant du mérite de quelqu’un un Pontife aussi éclairé, mais aussi pieux, aussi Philosophe, aussi connaisseur dans la partie des beaux-arts, et c’est sans doute confirmer la réputation d’une personne célèbre que d’apprendre au Public qu’elle a eu le docte, le sublime, l’ingénieux Lambertini pour juge et pour approbateur. […] Quel charme assez puissant, Seigneur, l’y retiendra, Qui pourra l’apaiser alors qu’il apprendra Que de ses Défenseurs, les déplorables restes Viennent d’être immolés à vos soupçons funestes ?
Il a senti qu’il ne s’agissait pas de faire d’autres hommes, mais seulement de leur apprendre à tirer de leurs mœurs et de leur génie tous les avantages que la nature y avait déposés et que la raison en devait attendre. […] Apprenons aux Médecins que leur jargon et leur pédantisme prouvent leur ignorance, et qu’un homme vraiment savant n’emploie jamais de termes barbares pour s’expliquer parce que le plaisir de savoir ne peut être senti que lorsqu’on peut se faire entendre, c’est ce qui fait que les habiles gens se font toujours très aisément comprendre même en traitant les matières les plus abstraites. […] Ils transforment au contraire cette passion en sentiment, ils veulent toujours qu’elle soit subordonnée à la Vertu, qu’elle soit justifiée par le mérite et la sagesse de la personne aimée : si cette passion est telle dans les mœurs des Français, assurément les Auteurs auraient grand tort de la peindre comme criminelle, mais si cette passion n’est pas encore telle et n’est qu’un tribut que les Auteurs imposent aux cœurs bien faits en faveur de la Vertu, loin de changer les mœurs, ils veulent apprendre ce qui manque à leur perfection. […] La Comédie apprit à rire sans aigreur, Sans fiel et sans venin sut instruire et reprendre, Et plut innocemment dans les vers de Ménandre. » bc C'est la même chose que la Police a produit à Paris, elle a proscrit les satires atroces d’Aristophane et n’y souffre plus que la sage critique de Ménandre. […] Paris, Garnier-Flammarion, 1967, p. 264 : « L'esprit est moins vivement frappé de ce que l’auteur confie à l’oreille, que de ce qu’il met sous les yeux, ces témoins irrécusables : le spectateur apprend tout sans intermédiaire. » q.
En effet à peine fut-il allé à Dieu qu’on apprît que presque tous les Clercs et Ecclésiastiques qu’il avait refusé d’admettre aux ordres ou de recevoir dans son Séminaire, eurent des attestations de vita et moribus de l’un des Grands Vicaires sede vacante, et que moyennant quatre Pistoles données à un Banquier ils obtinrent une dispense du Vice-Legat d’Avignon pour pouvoir être ordonnés. […] Et il ne marque qu’un seul cas dans lequel il soit certain qu’on soit obligé d’aimer Dieu plus que toutes choses, qui est quand on doit faire un acte de Contrition pour se réconcilier avec Dieu, ce qu’il nous apprend qui n’arrive, que lorsqu’on n’a pas de Confesseur.
Quel genre de littérature y apprendrez-vous. […] Il n’avait pas sans doute, appris ce beau dédommagement dans la célèbre société qu’il quitta. […] Je suis persuadé que ses vers appris par cœur entretenaient l’esprit de la Fronde et attisaient le feu de la révolte. […] Bien loin donc d’y apprendre la bonne prononciation, c’est au contraire sa prononciation qu’il faut éviter. […] Apprend-on quelque chose quand on croit tout savoir, et sait-on quelque chose quand on ne le sait qu’en comédien ?
Qu’ils nous ont appris à ne plus rougir des passions de l’amour &c. […] Elle-même nous l’apprendra. […] n’allez plus aux Temples consacrés à Dieu, pour y apprendre la science des Saints. […] C’est la leçon qu’il avoit apprise à la Comédie du pere de famille. […] &c. on y apprend aux femmes & aux filles à ne plus rougir.