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87. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  RECAPITULATION. » pp. 382-390

Ton amour pour ton Pere Doit effacer en toi tout amour pour ta mere. […] Ils connoissoient aussi bien que nous la passion de l’Amour, & du tems de leurs grands Poëtes, brilloit la fameuse Aspasie, qui par sa beauté & son esprit captivoit Pericles, & que Socrate lui-même alloit voir. […] Elle confirme donc tout ce que j’ai avancé sur la Tragédie, & en même-tems ce que j’ai dit sur son utilité, puisque ne pouvant jamais inspirer que l’horreur du crime & l’amour de la vertu, elle peut être lûe sans aucune crainte par un homme même qui penseroit comme Socrate [p. 75.]

88. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIII. L’Opéra est le plus dangereux de tous les spectacles. » pp. 111-117

Entendra ces discours sur l’amour seul roulant, Ces doucereux Renaud, ces insensés Roland ; Saura d’eux qu’à l’amour, comme au seul dieu suprême, On doit immoler tout, jusqu’à la vertu même ; Qu’on ne saurait trop tôt se laisser enflammer ; Qu’on n’a reçu du ciel un cœur que pour aimer ; Et tous ces lieux communs de morale lubrique Que Lully réchauffa des sons de sa musique ? […] C’est là que la volupté entre par tous les sens, que tous les arts concourent à l’embellir, que la poésie ne rime presque jamais que l’amour et ses douceurs ; que la musique fait entendre les accents des passions les plus vives ; que la danse retrace aux yeux ou rappelle à l’esprit les images qu’un cœur chaste redoute le plus ; que la peinture ajoute à l’enchantement par ses décorations et ses prestiges ; qu’une espèce de magie nous transporte dans les pays des fées, à Paphos, à Cythère, et nous fait éprouver insensiblement toute la contagion de l’air impur qu’on y respire ; c’est là que tout nous dit de céder sans résistance aux attraits du penchant ; c’est là que l’âme amollie par degrés perd toute sa force et son courage ; qu’on languit, qu’on soupire, qu’un feu secret s’allume et menace du plus terrible embrasement ; que des larmes coulent pour le vice, qu’on oublie ses vertus, et que, privé de toute réflexion, réduit à la faculté de sentir, lié par de honteuses chaînes, mais qui paraissent des chaînes de fleurs, on ne sait pas même s’indigner de sa faiblesseau. » Aussi Riccoboni, auteur et comédien tout à la fois, après être convenu que, dès la première année qu’il monta sur le théâtre, il ne cessa de l’envisager du mauvais côté, déclare qu’après une épreuve de cinquante années, il ne pouvait s’empêcher d’avouer que rien ne serait plus utile que la suppression entière de tous les spectacles. […] « On n’avait point, dit Jean-Jacques Rousseau, trouvé de moyen plus efficace pour graver dans l’esprit des hommes les principes de la morale et de l’amour de la vertu.

89. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SEPTIEME DISCOURS. De la Magnificence des Princes dans les Habits, dans les Festins et dans les Spectacles publics. » pp. 202-209

C’est l’appât qui couvre l’hameçon auquel il est attaché, et l’expérience nous apprend que les hommes ne se perdent que par l’amour de la volupté : « Si« Nemo peccaret, si nihil illicitum delectaret. […] C’est de quoi je ne tombe pas d’accord, et pour produire la pièce qui a reçu le plus de louanges et qui a été l’admiration de toute la France ; N’est-il pas vrai que Chimène exprime mieux son amour que sa piété, que son inclination est plus éloquente que sa raison, qu’elle excuse mieux le parricide qu’elle ne le condamne, que sous ce désir de vengeance qu’elle découvre, on y remarque aisément une autre passion qui la retient, et qu’elle paraît incomparablement plus amoureuse qu’irritée ? Disons enfin que l’on voit et que l’on sent que cette fille est préparée à épouser le meurtrier de son Père, et que l’Amour qui triomphe de la Nature la va rendre coupable du crime que son Amant vient de commettre. Disons encore que si les filles sont assez sincères pour nous découvrir leurs sentiments, elles avoueront que l’amour de Chimène fait bien plus d’impression sur leur esprit que sa piété, qu’elles sont bien plus touchées de la perte qu’elle a faite de son Amant, que de celle qu’elle a faite de son Père, et qu’elles sont bien plus disposées à imiter son injustice qu’à la condamner.

90. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE PREMIER. Peinture & Sculpture. » pp. 4-40

Toujours des avantures galantes, les amours des Dieux ; toujours des nudités. […] On sait, dit-il, que parmi les Grecs il régnoit un amour que la nature désavoue & qui nuit à la population, ajoutons que Dieu punit par le feu du Ciel. […] Il disoit d’abord qu’il faut acheter les faveurs de l’amour, que les présens introduisent par tout, forcent toutes les barrieres des tours, des gardes, du mariage, & obtiennent tout. […] Les trois théatres ont élevé des autels à l’amour monstrueux des portraits & des statues. […] A quoi en effet attribuer l’amour excessif de la peinture, qu’à la frivolité & le goût pour les peintures obscénes, qu’à la dépravation du cœur ?

91. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 36-74

L’admiration & l’amour jettent dans une espece d’extase & de stupidité ; c’est l’ordinaire effet des passions violentes. […] Amour des richesses, concupiscence des yeux ; amour du plaisir, concupiscence de la chair ; orgueil de la vie, concupiscence de l’esprit : triste suite du péché originel, principe funeste du péché actuel & de la damnation. […] Celui qui a su vaincre l’amour du plaisir, trionphera aisément des autres ennemis : ce sera par la vue de la laideur du vice, de sa honte & de ses remords. […] Chacun d’eux a son confident, son domestique affidé, qui, comme l’eunuque Vagao, sert ses amours, &, comme la servante de Judith, aide à emporter les dépouilles. […] Elle joue le sentiment ; que de douceurs, de flatteries, de protestations d’amour & d’estime, de serment de fidélité !

92. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre III. But que le Spectacle moderne doit se proposer. » pp. 123-132

Il ne ressemble en rien à la Pastorale, quoique son intrigue soit ordinairement champêtre ; elle ne nous peint que les amours des Bergers, au lieu qu’il nous représente tout à la fois les mœurs naïves des gens de la campagne & les actions du menu Peuple de nos Villes. […] « La source de l’amour qu’on ressent pour lui se trouve peut être dans le goût qu’ont tous les hommes à contempler l’image des moindres actions de la vie. […] Nos Histoires romanesques nous amuseraient délicieusement, nous empêcheraient de chercher ailleurs des peintures agréables par leur simplicité, mais comme elles ne sont toutes remplies que de fadeurs & de déclarations d’amour, nous les quittons avec justice en faveur d’un Théâtre qui satisfait en partie un panchant né avec nous. […] La Tragédie est l’Histoire du malheur des Rois, des amours & de la faiblesse des Heros ; elle apprend à craindre l’effet des grandes passions, & à redouter la foudre, même à l’ombre du dais.

93. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE IV. Suite des Masques. » pp. 82-109

Dans le vieux Recueil d’Arrêts d’amour, livre burlesque du seizieme siecle, fort inutilement orné d’un commentaire latin d’un savant Jurisconsulte, où l’érudition de toute espèce est prodiguée à pure perte, on trouve l’Arrêt 42. qui traite burlesquement la matiere de masquerie, suivie d’unu ordonnance comique. […] Arrêt de la Cour d’Amours. Pardevant le Conservateur des privilèges d’amours octroyés aux Masques s’est meu procès, entre le Syndic de la Communauté & Collège des Maris ombrageux, demandeurs, d’une part, & les amoureux fréquentant les masques, défendeurs, d’autre. […] Les jeunes gens qui viennent de la fournaise, qui de nouveau se mettent au monde, ne se doivent masquer sans avoir avec eux quelque ancien compaignon masquier, exercité aux faits d’amour, pour les duire & apprendre la conduite qu’ils doivent tenir envers les Damoiselles. […] Est enjoint à tous les sujets d’amours de garder & entretenir la présente ordonnance, sans l’enfreindre en aucune maniere.

94. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

L’association, dans l’Amour quêteur, de Cupidon avec des religieuses, n’est-elle pas une idée bien saine ? […] En conséquence, la jeune fille fait avec lui l’innocente, lui demande ce que c’est que l’amour, ce qu’on fait quand on est marié. […] Madame Prud’homme présente au nouvel époux, une petite fille, fruit des amours précoces de la nouvelle mariée ; il se fâche et finit par s’appaiser. […] La vigne d’amour est une allégorie marquée au coin de l’impudence la plus révoltante. […] La porte d’entrée, à tous ces sanctuaires du plaisir, est ouverte par les ris, les amours, le dieu du vin, le dieu du jeu, le dieu de la table.

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