de les aimer, de nous disputer leur cœur, & d’oser nous montrer de la générosité ! […] Notre Spectacle est le grand miroir moral où les deux sexes se voient au naturel ; tantôt jeunes, charmans ; tantôt laids à faire peur : ils doivent s’aimer, applaudir à leurs charmes, lorsqu’on les peint en beau ; se haïr, rougir d’eux-mêmes, quand on ne leur présente que leurs vices. […] » C’est le même attrait d’émotion qui fait aimer les inquiétudes & les allarmes que causent les périls où l’on voit d’autres hommes exposés, sans avoir part à leurs dangers. […] Il y a bien de la différence entre peindre aux yeux, comme on le fait dans nos plus mauvaises Comédies, un jeune fou, qu’une jeune folle aime en dépit d’un père ou d’un tuteur ; entre, les voir tout employer pour parvenir à leurs fins par des tromperies ; & aller soi-même s’occuper à leurrer une fille, fourber d’honnêtes parens, pour les forcer à légitimer par leur consentement une union tout-à-fait opposée à leurs vues. […] D’abord, c’est la faute du Public : une aventure scandaleuse ne l’indispose jamais contre un Acteur ou une Actrice qu’il aime.
On pourrait croire que les Etats qui les aimaient, choqués de cette pièce, voulaient s’en venger sur tous les Comédiens. […] N’est-il pas déplorable que parmi des Chrétiens, et sous un Roi qui ne voudrait pas offenser Dieu, qui le craint, qui l’aime, on ait des pratiques si contraires à tous les systèmes de la religion, et des condescendances si opposées à là vertu ? […] Il n’est pas étonnant que Caligula les rappelât ; il était trop corrompu pour ne pas aimer éperdument le théâtre ; c’était une de ses maîtresses qui lui en fournissait de toute espèce. […] Auguste, moins grand que son père adoptif, se prêta au goût de son temps, parut aimer, peut-être aima-t-il les spectacles, donna beaucoup de fêtes, pour amuser un peuple remuant, dont sa domination naissante avait à craindre les cabales. […] Il fait une grande description du spectacle, qu’il dit être l’ennemi des bonnes mœurs, le destructeur de toute honnêteté, une source intarissable de querelles : « Evacuator honestatis fons irriguus jugiorum. » Il conclut, en disant : Nous les tolérons par nécessité, parce que le peuple les aime.
b Vous me semblez bien docte en cette matière, j’aimerais mieux entendre votre sentiment que celui des anciens. […] Qui aime le danger, périra », dit le Sage.
Il est donc certain que la partie du public, dont le goût est invariablement décidé pour le vrai, l’utile et le beau, n’a fait dans tous les temps que le très petit nombre, et que la foule se décide pour l’extravagant et l’absurde ; ainsi, loin de disputer à la farce les succès dont elle jouit, j’ajouterai que dès qu’on aime ce spectacle, on n’aime plus que celui-là, et qu’il serait aussi surprenant qu’un homme qui fait habituellement ses délices de ces grossières absurdités, fût vivement touché des beautés du Misanthrope et d’Athalie, qu’il le serait de voir un homme, nourri dans la débauche, se plaire à la société des honnêtes femmes.
Raisons qu’ils ont d’aimer l’Estat Monarchique dans le Monde. […] Les Comediens aiment fort entre eux le gouuernement Republiquain. […] Qui aime son Roy aime ses plaisirs ; & qui aime ses plaisirs aime ceux qui les luy donnent, & qui ne sont pas des moins necessaires à l’Estat. […] Raisons qu’ils ont d’aimer l’Estat monarchique dans le Monde. […] Les Comediẽs aiment entre eux le Gouuernement Republiquain.
C’est un article de foi, que le monde est son irréconciliable ennemi : et il y aura un temps où un Chrétien pourra sans honte se livrer étourdiment à tous les divertissements mondains ; un temps où il sera permis de n’aimer et ne servir que le monde. […] On aime le jeu, on se plaît au bal, tout ce qui vient troubler cette passion est regardé comme ennemi de notre repos. […] On regarde avec pitié tous ces Directeurs incommodes qui condamnent les spectacles et les bals ; on n’oublie rien pour les faire passer pour des esprits vains et fâcheux, qui ne cherchent qu’à se distinguer par d’austères singularités, et qui aiment à se faire un nom aux dépens des âmes simples et trop crédules. […] Le nombre, la qualité, l’éclat de ceux qui se trompent comme eux, fait une espèce d’autorité qui leur rend cette erreur plus plausible ; et dès qu’on s’y plaît et qu’on l’aime, on ne veut pas que ce soit une erreur.
Le but des auteurs et des acteurs dramatiques est d’exciter toutes les passions, de rendre aimables et de faire aimer les plus criminelles. […] Ce sont des gens qui, tout au plus, raillent quelquefois les vices, sans jamais faire aimer la vertu. […] et la pièce où l’on fait aimer le fils insolent qui l’a faite, en est-elle moins une école de mauvaises mœurs ? […] Alceste, dans cette pièce, est un homme droit, sincère, estimable, un véritable homme de bien qui déteste les mœurs de son siècle et la méchanceté de ses contemporains, qui, précisément parce qu’il aime ses semblables, hait en eux les maux qu’ils se font réciproquement, et les vices dont les maux sont l’ouvrage. […] S’il n’y avait ni fripons ni flatteurs, il aimerait tout le genre humain.
Je loue même l’Auteur d’avoir introduit ce personnage qui est si beau : prenant la chose de la manière qu’il l’a prise, l’amour lui était nécessaire, on aurait trouvé fort étrange qu’Achille demandât Iphigénie en mariage, s’il ne l’avait point aimée. […] Dites-moi donc, je vous prie, mon cher Cléarque, quel effet pensez-vous que puisse produire la vue d’une jeune Princesse, qui ne pense qu’à son Amour, qui ne parle que de son Amour, qui cherche avec empressement celui qu’elle aime, qui se réjouit quand elle l’a trouvé, qui lui explique avec des paroles tendres et passionnées tous les mouvements de son cœur ? […] C’est à vous maintenant de choisir auxquelles vous aimeriez mieux plaire. […] Il pourrait aimer ou ses enfants ou son père. […] J’aimerais encore mieux cela pour les écoliers qu’une Tragédie galante.